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Interviews

13 mai | 0h00

Thomas Decottignies, de Marcelo Bielsa et le LOSC au soccer américain

Formé au LOSC et après connu les séances d'entraînements de Marcelo Bielsa, focus sur le parcours de Thomas Decottignies, aujourd'hui aux États-Unis.

17 min.

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Thomas Decottignies n'a que 23 ans mais il possède une carrière déjà bien remplie. Après une formation au LOSC qui l'aura conduit à participer à plusieurs semaines d'entraînements sous les ordres de Marcelo Bielsa à l'époque, son chemin l'avait ensuite mené vers l'IC Croix en National 2. Aujourd'hui membre de l'équipe de soccer des Huskies de l'université du Connecticut aux États-Unis, le latéral droit foule désormais les pelouses de soccer américain. Rencontre.Habitué à la fraîcheur du Connecticut américain, c’est dans une ville de la métropole lilloise présentant une météo plutôt fidèle au Nord que Thomas Decottignies s’est prêté au jeu des questions-réponses. De retour depuis seulement quelques jours des États-Unis, après un récent séjour dans la célèbre ville de Los Angeles, ce latéral droit de métier prend place dans les gradins face au rectangle vert, maillot des Huskies de UCONN (University of Connecticut) brodé du numéro 33 entre les mains.Passer douze ans au LOSC, des U11 aux entraînements du groupe professionnel de Marcelo Bielsa, il y a pire comme carrière pour un joueur de 23 ans.C’est un peu ça. Je me suis fait repérer par le LOSC en poussins deuxième année, ce qui correspond à la catégorie U11 ou U12. Derrière, j’y suis resté douze ans, donc j’ai fait toutes mes classes au LOSC. De l’éveil à la préformation, puis le sport-étude au collège et au lycée pour ensuite intégrer le centre de formation du Domaine de Luchin. En U19, j’ai signé mon premier contrat stagiaire avec Stéphane Dumont. Je pense que c’est grâce à lui que j’ai pu le signer car au début, je jouais ailier droit sans avoir un énorme temps de jeu. Il a décidé de me repositionner latéral droit, et là j’ai commencé à jouer toute la saison avant d’arriver en CFA.À ce moment-là, tu n’intègres pas tout de suite le groupe professionnel, même si forcément, ça reste un fil rouge dans un coin de ta tête…Déjà, il faut savoir qu’en CFA ça joue beaucoup plus dur sur l’homme. Il y a donc un temps d’adaptation. Et puis cette année-là, Hervé Renard avait ramené beaucoup de joueurs. Donc par moments, il n’y avait quasiment que des pros qui évoluaient en réserve le week-end. Finalement, je suis arrivé en CFA en même temps que Marcelo Bielsa à la tête de l’équipe première. Sur un match contre Arras que je ne devais pas jouer, j’ai profité de l’absence d’un joueur pour faire partie du groupe, rentrer en jeu et marquer. Derrière je me suis entraîné plusieurs semaines avec les pros et Marcelo Bielsa. Et puis peu de temps après, il s’est fait virer, tout l’organigramme a été refait, les jeunes sont repartis en CFA et je n’ai quasiment plus joué du tout avec Patrick Collot qui était le coach.Et là, il faut alors repartir de zéro ?C’était assez compliqué pour moi. J’étais un peu dégoûté parce que forcément, quand tu touches le monde pro et que tu dois repartir de zéro, ça provoque forcément de la déception. Après ça, mon objectif c’était vraiment de retrouver plaisir à jouer au foot. J’ai fait une saison quasi blanche donc c’était dur de retrouver un club. Mon père connaissait un peu l’entraîneur de l’Iris Club de Croix et lui a parlé de ma situation. Il lui a alors répondu que je pouvais participer aux entraînements et servir de complément dans le groupe. J’ai donc signé à Croix, et en commençant la saison, j’ai intégré le onze titulaire pendant une dizaine de matches jusqu’à une blessure.« Ce sont des matches dans lesquels tu apprends car tu joues l’élite, la Ligue 1. Ce sont de vrais bons souvenirs »Thomas DecottigniesTu retrouves petit à petit le plaisir du football. Des sensations d’autant plus renforcées par un incroyable parcours en Coupe de France.On avait commencé par des matches comme contre Pays de Cassel, ce genre de matches un peu dangereux puisque forcément, en étant d’un niveau supérieur, c’est toi qui a le plus à perdre. Derrière c’était un peu compliqué mais on gagnait nos matches, jusqu’à arriver au 7ème tour et l’entrée des équipes de Ligue 2. On tape le Paris FC et avec de la réussite, on passe. Au 8ème tour, tirage au sort : Boulogne (N1). Encore une fois, on passe aux tirs aux buts. En 32ème de finale, on joue Raon-l’Étape (N2), et en 16ème de finale, on se déplace à Marignane (N1) à côté de Marseille. Je ne joue pas ce match car je revenais de blessure et je n’avais pas de temps jeu. Derrière, on reçoit Dijon (L1) en 8ème de finale. On avait tellement d’absents que j’ai dû jouer latéral gauche. Au bout de trois minutes, on prend un carton rouge et un penalty. Ce sont des matches dans lesquels tu apprends car tu joues l’élite, la Ligue 1. Ce sont de vrais bons souvenirs.Pourtant, tu es à cet instant précis loin d’imaginer que ton avenir s’écrira finalement aux États-Unis…Quand j’étais en CFA au LOSC, la structure appelée FFF USA (un programme soutenu par la FFF et la Major League Soccer) qui vient dans les centres de formation pour essayer de recruter des joueurs est passée par le Domaine de Luchin. Moi, dans un état d’esprit où je ne jouais pas, je me suis dis pourquoi pas. Puisque j’avais arrêté mes études de kiné en signant mon contrat stagiaire, j’avais l’occasion de reprendre les cours en intégrant une université qui prenait en charge la totalité des frais. Ça ne me coûtait rien d’aller faire les essais. Ça s’est plutôt bien passé mais à l’époque je voulais vraiment réussir en France. Donc je suis resté à Croix. Finalement, le fait de ne pas avoir été prolongé derrière m’a convaincu d’aller repasser les essais avec FFF USA à Clairefontaine. De là, près de quinze universités se sont manifestées.Ton choix s’est finalement porté sur l’université du Connecticut et ses Huskies…Après les essais, une université me propose de me payer le voyage pour venir visiter le campus pendant quelques jours. Je suis donc arrivé là-bas après mon vol Paris-Boston. On vient me chercher en taxi à l’aéroport. De là, ils me font visiter les installations. Je tombe sur un campus américain de 60 000 élèves. Il y a du monde partout, des infrastructures sportives que l’on ne voit nul part ailleurs. Par exemple, on a un stade pour le soccer qui fait 2000 places. Et c’est pareil pour le basket, pour le football américain ou pour d’autres sports. Je suis rentré en France, j’ai passé l’ensemble des tests nécessaires, comme celui d’anglais, et je me suis engagé. Pour l’anecdote, j’étais en vacances avec mes parents quand les coaches m’ont appelé pour me dire qu’il fallait que je revienne sur le campus car il y avait la pré-saison. Du coup, j’ai quitté les vacances, j’ai pris mes valises et je suis arrivé là-bas…« Nous les Européens, après les entraînements, on passait du temps dans les bains froids, alors que les Américains partaient dix minutes après. Forcément, en nous voyant faire ça, à la fin de la saison on faisait tous la même chose »Thomas DecottigniesQuelles sont les choses qui t’ont le plus marqué entre le football en France et le soccer aux États-Unis ?Tout d’abord, la culture américaine est totalement différente car tout le monde t’intègre et tout le monde s’en fiche que tu sois un nouveau. D’un point de vue sportif, la saison régulière dure six à sept semaines pour douze matches à jouer. Donc au début, il faut s’habituer à jouer tous les trois jours. Derrière, en fonction de ton classement, tu joues les tournois de conférences qui, à termes, peuvent te mener à la finale nationale. Il faut savoir que les universités américaines aiment avoir des joueurs européens car ils nous considèrent comme tactiquement et techniquement beaucoup plus développés. La grande différence, c’est que les Américains travaillent beaucoup plus physiquement, donc sur le terrain tu as beaucoup plus d’athlètes que de joueurs de foot. Après, ça ne veut pas dire que le niveau n’est pas bon, mais toi tu es surtout là pour les aider à progresser.Faire progresser des athlètes d’un point de vue football, en quoi ça consiste ?Les coaches aiment bien nous demander ce que l’on pense des entraînements et ce qui pourrait être changé. On aide aussi bien les coaches que les joueurs puisqu’on a vécu plus de choses qu’eux, de par notre culture du football qui est différente en Europe. Je me souviens quand nous sommes arrivés là-bas, il y avait par exemple des conservations sur des grands espaces. De là, on leur a dit que de temps en temps, on aimait bien aussi les petits jeux réduits sur des espaces plus courts. Maintenant on alterne les deux. Je ne dirais pas que nous sommes des exemples pour eux, mais c’est sûr qu’en sortant d’un centre de formation, on a une routine et une hygiène différente. Par exemple, nous les Européens, après les entraînements, on passait du temps dans les bains froids, alors que les Américains partaient dix minutes après. Forcément, en nous voyant faire ça, à la fin de la saison on faisait tous la même chose et on était tous dans le même bateau.Notre dernière question est peut-être un petit peu piège mais… à quand un Thomas Decottignies en Major League Soccer ?C’est en quelque sorte mon objectif. L’opportunité d’aller à la DRAFT¹ ne se présente qu’en ayant validé quatre années dans le championnat universitaire, soit l’équivalent d’un diplôme. Moi, quand je suis parti, mon objectif n’était pas juste de reprendre les cours et d’aller kiffer ma vie aux États-Unis, mais de continuer et d’essayer de passer pro. Si j’arrive à signer quelque chose en Major League Soccer ou en United Soccer League (seconde division), m’installer là-bas ne me dérangerait pas puisque la vie américaine, je m’y suis fait. S’il fallait choisir, je dois avouer que l’Inter Miami (le club de David Beckham) c’est plutôt pas mal. Mais j’aime aussi les New York Red Bulls et puis la côte ouest avec les Los Angeles Galaxy. Mais je reste évidemment ouvert à toute la Major League Soccer !¹ La DRAFT est le jour de l’année durant lequel les franchises des sports collectifs américains choisissent des joueurs directement au sein des universités américaines.Propos recueillis par Lucas Obin

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