26 avril | 0h00
Ulysse Obame Ndong (FC Najoom) : "Il fallait faire des sacrifices"
Après avoir commencé le football en tant qu'attaquant, Ulysse Obame Ndong (28 ans) devient gardien à l'âge de neuf ans. Ulysse signe son 1er contrat pro.
Ulysse Obame Ndong, vous avez commencé le football en tant qu’attaquant puis à l’âge de 9 ans, vous devenez gardien. Qu’est-ce qui vous a fait aimer ce poste ?
C’est un poste que je n’appréciais pas spécialement, mais au fur et à mesure des matchs j’ai pris la mesure de mon rôle.
Vous fréquentiez le centre de formation d’Amiens avant de partir en Angleterre, au AFC Wimbledon. Là-bas, une conversation va changer votre carrière. Pouvez-vous nous raconter ce moment ?
Après deux saisons au club, mon coach était satisfait de mon parcours et il m’avait fait part de son intention de pousser ma candidature en équipe première car il pensait que je pouvais challenger le gardien qui occupait ce poste. Un jour, le coach est revenu vers moi en me disant que l’entraîneur de l’équipe première avait beaucoup d’a priori sur ma taille et que psychologiquement, en voyant un gardien de petite taille, les adversaires allaient insister sur les centres.
C’est alors que j’ai compris que peu importe mes qualités, je n’allais pas jouer. C’est pourquoi le coach en a conclu que rester au poste de gardien allait être compliqué mais que si je voulais devenir joueur de champ, je pouvais rester. Puis, il a poursuivi son analyse en me disant : « Tu te débrouilles bien lors des conservations de balle et tu as un bon sens du jeu, je te vois bien au poste de latéral voir milieu ». Après avoir réfléchi, j’ai décidé de partir, car même si j’étais performant, les gens allaient garder en tête mon statut de gardien et cela aurait pu bloquer.
Depuis tout petit, vous avez toujours eu un bon jeu au pied ?
Honnêtement, je ne me souviens pas si j’étais bon techniquement mais je sais que j’allais super vite pour mon âge. Je poussais la balle et je courais derrière, et je la mettais en retrait pour que mon coéquipier marque.
À 19 ans, vous partez faire un test à Chypre. Le club d’Othellos en deuxième division vous recrute en tant que milieu défensif. Est-ce le début d’un rêve ?
Non pas spécialement. C’est vrai que je venais de signer mon premier contrat professionnel, mais je ne voyais pas cela comment le début d’un rêve. Je voyais ça plutôt comme une étape qui me rapprochait de ce à quoi j’aspirais.
Quelles sont les caractéristiques du championnat chypriote ?
Je dirais que c’est un championnat peu rythmé mais technique parce qu’il y a énormément de joueurs qui sont passés par de gros clubs, notamment des clubs portugais. Concernant la tactique, même si ce n’est pas la priorité des clubs, elle n’est pas non plus désordonnée.
Dans votre carrière, vous n’avez jamais eu envie de retourner au poste de gardien ?
Non, pas du tout. Parfois, après les entraînements, je regarde la séance des gardiens et quand il a plu, je les vois plonger dans la boue. Je me dis qu’il faut vraiment être fou pour occuper ce poste (rires).
En 2015, vous êtes appelé pour la première fois avec la sélection gabonaise, quelle joie…
J’étais très fier de représenter mon pays d’origine et celui de mes parents. Depuis tout petit déjà, il était clair et net qu’un jour j’allais choisir le Gabon, et ce peu importe mon niveau. J’ai toujours supporté la sélection et même aujourd’hui, en tant que joueur, je suis un supporteur inconditionnel de l’équipe nationale.
En sélection, vous côtoyez des joueurs comme Aubameyang, Lemina, Écuélé-Manga. Comment s’est passée votre intégration ?
Quand je suis arrivé, je me suis dit que je connaissais mes qualités, qu’il fallait que je m’entraîne comme d’habitude et que je me donne à fond les jours de matchs. Je pense qu’en réfléchissant comme cela, j’ai fait une erreur. Le sélectionneur de l’époque, Jorge Costa ne m’a pas beaucoup utilisé du fait que je m’entraînais comme en club, je ne mettais pas autant d’impact que lors d’un match. Je pense que cela m’a porté préjudice par rapport à lui. Il m’appelait souvent en sélection mais il a mis du temps à me faire confiance et à me laisser jouer.
Pour votre premier match avec le Gabon, vous jouez contre la Côte d’Ivoire. Pouvez-vous nous raconter comment cela s’est déroulé ?
Le jour du match, je ne m’attendais pas du tout à rentrer en jeu. À la 15ème minute, un de nos joueurs s’était blessé. J’étais sur le banc, et le coach s’est retourné en me disant d’aller m’échauffer. J’ai mis mes protèges tibias et j’y suis allé, même si je pensais ne pas jouer au final. Quelques minutes après, notre joueur a dû sortir parce qu’il avait trop mal, le coach m’a alors appelé pour entrer. J’avais un peu de pression car c’était un match pour les qualifications de la CAN. Malgré la défaite 2-1, j’étais fier de réaliser mes débuts.
Après des passages dans 3 clubs chypriotes, vous signez au Lokomotiv Gorna, en Bulgarie. Comment s’est fait le lien ?
Après mes années à Chypre, j’ai eu pas mal d’offres dont des approches de la Turquie. Mon agent de l’époque m’avait dit qu’il avait trois offres de clubs turcs, deux de 2ème division et une de 1ère division. À côté de ça, j’avais d’autres offres, dont celle de l’Inter Bakou (Azerbaïdjan). Après quelques temps, sans nouvelle de mon agent, j’ai décidé de l’appeler pour lui demander ce qu’il en était d’un des contrats turcs, et de me confier le contact car je ne pouvais pas rester dans cette situation. C’est alors que j’ai appris par le club en question, que finalement j’étais sur une short list et que rien n’était joué.
J’avais le sentiment de m’être fait avoir et donc, j’ai décidé de contacter le club de l’Inter Bakou. Malheureusement, ils m’apprennent que la veille ils avaient prolongé, par dépit, le contrat d’un joueur car ils n’avaient plus de nouvelles de moi. Ensuite, j’ai reçu l’offre de la Bulgarie, ce n’est pas forcement ce que j’attendais mais cela me permettait de ne pas perdre le rythme. Et voilà comment j’ai atterri en Bulgarie.
Après de bons débuts, vous avez des clubs plus huppés qui se sont intéressés à vous. Pourquoi cela ne s’est pas fait ?
Mon club bulgare m’a tout simplement bloqué. Il faut savoir que je prenais moins en salaire qu’à Chypre. Je leur ai fait comprendre que j’étais prêt à faire ce sacrifice financier mais qu’il ne me fallait pas me bloquer si j’avais une meilleure opportunité ailleurs. Dans mon contrat, j’avais ajouté une clause libératoire à 50 000 euros, un prix dérisoire pour un gros club. Arrivé en janvier et après un bon début de saison, j’ai terminé plusieurs fois dans le onze de la semaine, les clubs de Levski Sofia et le CSKA Sofia étaient alors intéressés par moi. Je me dis que le pari tenté était gagné mais au final, le club me dit qu’il n’y a pas eu offre.
Jour de match, j’étais à l’hôtel et je me baladais sur internet. J’ai vu un article avec ma photo, j’ai décidé de cliquer dessus et vu que j’étais sur Google chrome, la traduction était immédiate. Je lis que mon club de Gorna a refusé de me vendre à Levski pour 50 000 euros. À l’époque, je ne savais pas que si le club payait le montant de la clause libératoire, j’étais libre de parler avec eux et je pense que Levski ne savait pas même pas que j’avais une clause de ce montant-là. J’étais vraiment dégouté en apprenant ça car c’est un gros club ici et ça m’aurait permis une meilleure visibilité.
Durant votre carrière, vous avez connu 5 pays différents. L’inconnu ne vous a jamais fait peur ?
Non pas vraiment. Avant de signer dans un club, je me renseigne toujours un minimum sur le pays que je rejoins. En centre de formation, j’avais 16 ans et je n’étais pas avec ma famille, je suis donc habitué à vivre loin des miens. Après je savais ce que je voulais et qu’il fallait faire des sacrifices pour arriver à mes fins du fait de mon parcours atypique.
Aujourd’hui, vous jouez au FC Najoom (2ème division) en Arabie Saoudite, quels sont vos ambitions pour la suite de votre carrière ?
Sur le court terme, mes objectifs sont de jouer le plus de matchs possible en étant le plus performant et ensuite, signer en première division ici ou dans un autre pays.
Propos recueillis par Yanis Ben Messsaoud
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