12 novembre | 14h25
Un AS Chatou à deux visages pour entrer dans l’histoire
Opposé à Nanterre (R2) ce dimanche au septième tour de la Coupe de France, l’AS Chatou (R1) a l’occasion de rentrer dans l’histoire et d’égaler un record établi il y a plus de 20 ans. Brillant en Coupe de France mais moins à l’aise en championnat, la tâche ne sera cependant pas facile pour le club des Yvelines. (Crédit Photos : T. Patte)
« Un septième tour c’est super pour le club, qui reste un « petit » club du 78, même si malheureusement le tirage a décidé qu’on retrouve des voisins … » D’emblée, on sent une pointe de déception dans la voie du coach de l’AS Chatou, Pedro Peixoto Da Silva. Il faut dire que lorsque l’on est catovien, ce n’est pas toutes les saisons qu’on accède à ce niveau de la compétition, donc on peut être en droit d’attendre une affiche qui respire un peu plus le « parfum de coupe ». A défaut d’Ajaccio, du Havre ou encore d’Orléans, tous potentiels adversaires, ce sera donc l’ES Nanterre, le voisin (les deux communes sont limitrophes) déjà affronté en août dernier en préparation, avec une victoire 5 buts à 3 à la clé. « On se rencontre assez régulièrement en match amical ou même en compétition officielle comme il y a deux ans en coupe de Paris. C’est une équipe qu’on connaît bien et qui nous connaît bien. Il y a un gros vivier à Nanterre, c’est un club qui travaille bien et qui vaut plus que ce nouveau R2, ce n’est pas un cadeau, on aurait préféré tomber sur une R1 de province ou même une N2/N3. »
Car en effet, ce match qui ressemble plus à un match de plus en Ligue de Paris, a tout du match piège. Quand une R1 reçoit une R2 au 7eme tour de la Coupe de France, tout le monde envisage sa victoire. Mais souvent la vérité du terrain n’est pas celle qui fait suite aux tirages au sort. Nanterre a déjà éliminé 3 équipes de R1 cette saison. La Colombienne (3-1), Conflans (1-1, 4-3 tab) et Viry-Châtillon (2-1). Ces deux derniers adversaires à l’extérieur. De plus, ce dimanche, la faute à un terrain non homologué pour une histoire de vestiaire, la rencontre va se disputer à Croissy-sur-Seine, au stade du Chemin de Ronde, de quoi renforcer encore plus cette notion de 50-50.
Pedro Peixtoto Da Silva, en compagnie de son adjoint, félicitant ses joueurs
Une victoire et une qualification serait pourtant une véritable performance et permettrait à la génération 2021-22 de rentrer dans l’histoire du club. Pour le moment, elle a déjà égalé celle de 1977-78 qui avait atteint le même stade de la compétition, en éliminant au passage Melun, alors en D2, 3 buts à 2. En cas de succès ce dimanche, ce sera l’occasion de faire aussi bien que la génération 1998-99, qui avait poursuivi le parcours jusqu’au 8eme tour et une défaite face à Armentières (CFA) 4 buts à 2 en prolongation. Pour réaliser cet exploit, il faudra que l’AS Chatou soit en mode Coupe de France et non pas en mode championnat. Car c’est bien une équipe aux deux visages qui va se présenter ce dimanche. Le club des Yvelines peut être magnifique en coupe avec des victoires impressionnantes à Torcy (R1), 4 buts à 2, face à Fontenay (R2), 4-0, sans parler de celles des premiers tours à Quincy (D1), Epinay-sur-Orge (D2) et l’Ile Saint-Denis (D4), toutes de véritables démonstrations : 8-0, 6-2 et 11-0 ! En revanche, l'équipe de Pedro Peixoto Da Silva a beaucoup plus de mal en championnat, à l’image de sa défaite du week-end dernier aux Lilas, 3 buts à 1.
Avec 1 victoire, 1 nul et 3 défaites au compteur, c’est pour le moment très difficile. Celui qui entame sa 5eme saison à la tête de l’équipe fanion explique cela par une réussite qui varie en fonction des deux compétitions : « Nos matches en championnat ont basculé du mauvais côté, alors qu’en coupe on a cette réussite qui nous fuit habituellement. Cela s’est joué à chaque fois à peu de choses, ce sont des rencontres qu’on a perdu mais qu’on aurait très bien pu gagner. Comme à Torcy d’ailleurs. La réussite qu’on a eu en coupe, on l’a pas eu en championnat face à des équipes équivalentes comme Aulnay ou Cergy. » Autre exemple, ce penalty arrêté par le gardien catovien au 5eme tour face à Fontenay juste avant la mi-temps alors que le score n’est que de 1-0. Au lieu de voir son adversaire relancer, les coéquipiers du capitaine Baba Danioko vont alors dérouler en seconde période et s’imposer largement 4 buts à 0.
Un rendez-vous avec Jean-Pierre Papin ?
Cette difficulté en championnat peut être également expliquée par le début de saison plus que noir au niveau de l’infirmerie que connaît le club, comme le rappelle le coach : « On vit un début d’année compliqué vis à vis de l’effectif, avec des joueurs importants blessés ou écartés à cause du covid. On essaye de faire le dos rond et cette coupe de France nous permet d’avoir un bol d’air par rapport à ça. Le but c’est d’aborder ce match là avec les forces en présence et se dire qu’on a réellement une chance de passer, sans pour autant être le gros favori. » Avec un rendez-vous à domicile face au Chartres de Jean-Pierre Papin à la clé ? : « On est obligé d’en parler entre nous et on imagine tous avoir enfin ce fameux match de coupe face à un gros à la maison. C’est dans un coin de notre tête, mais ni eux (ils affrontent Guéret, R1), ni nous ne sont passés, donc on ne peut pas se projeter … »
Pour parvenir à ses fins, celui qui veut profiter de cette coupe et de s’en servir comme d’un tremplin pour enfin lancer sa saison en championnat à sa disposition un effectif qui lorsqu’il est complet est un savant mélange de joueurs qui ont joués au dessus du niveau R1 (2-3), de joueurs qui connaissent ce niveau (4-5) et de nombreux jeunes qui ont été cherchés suite à un gros travail d’analyse, d’observations et de réseaux : « Il y a pas mal de joueurs qui ont joués dans des clubs à bon niveau en jeune et qui après n’ont pas trouvé de porte de sortie. Ils ont faim et débutent à ce niveau là. Il y en d’ailleurs beaucoup qui jouent actuellement car de nombreux « anciens » ont connu des blessures et du covid longue durée. » Des blessés qui seront sûrement encore trop justes pour ce week-end, même s’ils sont sur la bonne voie : « Quand on revient d’absences longues, il faut être prudent et faire attention aux blessures musculaires qui peuvent survenir en cas de reprise. Mais mon quotidien c’est le championnat, donc je les espère plus dans 15 jours ou dans un mois », rappelle l’entraîneur.
Ce serait bien qu’on fasse une belle fête à domicile, que tout le club profite un peu de ce coup de projecteur que seule la Coupe de France peut apporter.
Pedro Peixoto Da Silva, coach de l'AS Chatou, au sujet du match de septième tour de la Coupe de France
On a bien compris, ce match de Coupe de France est particulier. Il n’a pas forcément le parfum qu’on peut espérer d’un tel évènement, mais il peut ouvrir les portes à quelque chose d’historique, que seule la doyenne des compétitions peut proposer. Ce n’est pas pour rien qu’elle reste la préférée des joueurs. Pedro Peixoto Da Silva se souvient d’ailleurs que c’est à cause d’elle, qu’il a décidé de changer le cours de sa carrière de joueur. Celui qui a longtemps joué au PSG, en CFA 2 et en DH était un peu dans le confort, sans avoir l’idée d’aller voir à l’ailleurs, mais en fin de carrière, il a voulu tenter quelque chose d’autre et rejoindre une équipe première pour connaître enfin la Coupe de France. Une décision qu’il ne regrette pas : « J’ai vraiment eu de la chance car dès la première année ou je rejoins Issy, on est champion de DH et on va jusqu’en 1/32e de finale contre Brest, alors en L1. Malheureusement, on se fait éliminer en fin de prolongation sur corner mais cela reste un super souvenir, toute l’épopée d’ailleurs. C’est encore vivant et à chaque fois j’en parle aux joueurs. J’aimerais tant le connaître en tant qu'entraineur et surtout qu’eux connaissent ces sensations car dans mon effectif il n’y a aucun joueur qui a déjà vécu pareil chose. »
A 90 minutes, plus une éventuelle séance de tirs aux buts, de rejoindre dans l'histoire du club leurs glorieux anciens de 1999, les joueurs et le staff de l’AS Chatou, version 2021-22, ont rendez-vous avec l’histoire ce dimanche face à Nanterre. Avec dans le viseur un huitième tour historique avec pourquoi pas un ballon d’or sur le banc d’en face, les troupes de Pedro Peixoto Da Silva n’ont pas le droit à l’erreur. Même si cela ne sera pas simple, le club des Yvelines a les armes en main pour arriver à ses fins et s’offrir un nouveau grand moment fin novembre, au plus grand plaisir de son entraîneur : « J’aimerais vraiment qu’on passe encore plus pour mes joueurs que pour moi, mais aussi pour le président, les dirigeants, les gamins du club qui ne sont pas habitués à ça … Ce serait bien qu’on fasse une belle fête à domicile, que tout le club profite un peu de ce coup de projecteur que seule la Coupe de France peut apporter. » Messieurs de l’équipe fanion, vous savez ce qui vous reste à faire. Place au jeu.
Reynald Trunsard
(Crédit Photos : T. Patte)
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