L'ES Villeneuve-Loubet bientôt contrainte de mettre la clé sous la porte ? C'est le triste sort qui se profile pour le club azuréen dont la saison 2022-2023 fut marquée par des accomplissements sportifs (montée des seniors en D2/demi-finale de Coupe Côte d'Azur) et de belles réussites liées aux jeunes (Tournoi de Pâques, ESVL Dante Cup).

Mais voilà, il s'avère que l'ESVL croule sous les dettes depuis plusieurs mois et au vu du montant des créances (estimées à plus de 150 000 euros selon nos informations), la municipalité de Villeneuve-Loubet se retrouve dans l'obligation de fermer les vannes. "Le club est en cessation de paiement, il y a une dette considérable, insurmontable. Là où je suis très vigilant, c'est qu'il s'agit de l'argent des contribuables villeneuvois et que nous devons les défendre. La municipalité ne s'ingère pas dans les affaires de clubs et des championnats mais le bien fondé et l'utilisation des subventions, c'est de notre ressort. Je ne vois pas de projet pour maintenir l'ESVL en l'état avec la dette qu'il y a", indique dans nos colonnes Jean-Paul Bulgaridhes, adjoint au maire délégué aux Sports.

De fait, la question qui nous taraude c'est : comment l'ESVL en est arrivée là et surtout, où est passé l'argent ? Selon nos informations, un équipementier réclamerait notamment 45 000 euros à l'association tandis qu'un autre équipementier, plus ancien, serait encore dans l'attente d'un versement de 10 000 euros. Ce n'est pas tout puisque l'ESVL doit également régler des factures à la Ligue Méditerranée, au District Côte d'Azur ainsi qu'à un club voisin. "Tous les jours, on reçoit de nouvelles factures impayées", souffle Jean-Paul Bulgaridhes. On aurait pu tout arrêter dès le mois de janvier car il n'y avait plus rien dans les comptes mais on a préservé le football et les jeunes. Par contre, on ne va pas nous faire croire que personne n'était au courant des difficultés financières dans l'association. Certaines devront s'expliquer et ceux qui sont encore présents ne peuvent pas totalement se dédouaner."

La Colle sur Loup regarde de près la situation de l'ESVL

Utilisatrice du stade Claude Mauroy jusqu'au 23 juin, l'ESVL s'est vu signifier le non-renouvellement de la mise à disposition des installations pour la saison prochaine. Ainsi, une nouvelle association pourrait rapidement voir le jour et reconstruire sur les ruines du club villeunevois. Un projet auquel se grefferaient des dirigeants de la Colle sur Loup, ce qui a eu le don de faire grincer des dents à Villeneuve. "Un club va disparaître mais on a connu la même situation avec le hand-ball en 2014. Derrière, c'est une autre institution avec une identité villeneuvoise qui a vu le jour", rappelle Bulgaridhes. Ce sera pareil pour l'ES Villeneuve-Loubet avec des gens prêts à monter une nouvelle association. Oui, je confirme que des personnes de la Colle sur Loup (Filipe Rossi, président de la Colle, a fait part de son intérêt dans Nice-Matin) souhaitent donner un coup de main mais je rassure : Là-haut, le maire refait un terrain et il y aura toujours du foot à la Colle et inversement. Il n'y a pas de décollement. Vous savez, la pratique du football par les jeunes et la bonne utilisation des subventions sont deux règles d'or. Ce que je garantis, c'est que jeunes villeneuvois joueront au football en septembre."

Le 1er juin, le président de l'ES Villeneuve-Loubet via les réseaux du club a annoncé le report de l'Assemblée Générale extraordinaire. "Suite à diverses raisons, discussions avec le district, préparation du bilan comptable, rendez-vous avec les fournisseurs (créanciers du club), l'AG extraordinaire initialement prévue ce soir à 19h, ne pourra avoir lieu. Elle n'est pas annulée mais simplement remise à une date ultérieure qui vous sera communiquée prochainement."

Depuis, silence radio. Actufoot 06 a joint Chaouki Braham pour faire le point sur la situation au 6 juin : "L'assemblée est reportée jusqu'à nouvel ordre", confirme le directeur sportif qui ne corrobore toutefois pas les chiffres de la dette avancés dans notre article, "le bilan en interne n'ayant pas encore été réalisé par le comptable, il nous est impossible de nous prononcer sur le montant réel." Licencié à l'ESVL depuis 1982, le dirigeant indique vouloir lui aussi que lumière soit faite mais reste déterminé à sauver le club et ses 520 adhérents. "Il faut savoir que le club est sous tutelle depuis un an et demi, suivi par un expert comptable et que le président envoie les relevés bancaires tous les mois à Mr l'adjoint aux Sports. Que ce soit 120, 130 ou 140 000 euros, comment est-ce possible qu'on en soit là avec tous les contrôles que nous avons ? Au sein du club et sans accuser personne, on se demande aussi qui sont les responsables de tout ça."

Relancé à propos de sa méconnaissance de la situation, Chaouki Braham se défend bec et ongles : "On savait qu'il y avait des difficultés depuis l'année dernière, mais on ne savait pas que de telles sommes était dues. Que la mairie y croit ou non, je peux vous certifier en tant que directeur sportif que les éducateurs et moi-même sommes tombés des nues lorsque nous avons découvert leur ampleur. Présidence, éducateurs, joueurs, parents... on se sent tous victimes de cette situation et c'est pour toutes ces personnes que je me bats aujourd'hui, pour les liens que nous avons créés ensemble depuis des années. Je sais très bien qu'il y a une mauvaise gestion mais d'où vient-elle ? J'espère que l'enquête permettra de le déterminer."