14 janvier | 16h29
Yacine Ghazi (PSG) : « En recherche permanente de l’efficacité »
Formé à Niort, Yacine Ghazi effectue à 31 ans une belle première partie de saison au sein de la N3 du PSG, comme l’atteste son doublé lors du dernier match face à Brétigny. Paroles lucides et sans filtre d’un joueur technique qui n’a pas oublié de garder la tête sur les épaules.
Yacine Ghazi, avant d’aborder cette deuxième parie de saison, comment juges-tu tes cinq premiers mois de cet exercice 2021-22 ?
Le bilan est dans l’ensemble positif pour moi. Notamment vis-à-vis de l’enchaînement des matches, car malheureusement, j’ai déjà connu de graves blessures et là le fait d’avoir pu enchaîner les rencontres avec beaucoup de temps de jeu, c’est une vraie satisfaction (9m dont 6t après 10 journées, NDLR). Je me suis bien préparé en début de saison pour ça et ce travail porte ses fruits. Après au niveau des stats, je trouve que c’est insuffisant (2b en championnat, NDLR). Je dois être capable de mieux faire, car selon moi, je devrais déjà être à 7-8 buts. J’ai envie de m’améliorer sur ce sujet et il faudra donc être plus juste en deuxième partie de saison, mais je ne suis pas inquiet, je sais que cela va tourner.
Au point de vue collectif, c’est plutôt pas mal avec le PSG, actuellement en troisième position à trois points du leader, le Racing CFF …
Cela fait trois saisons que je suis au club et je peux vous dire que cette année il y a vraiment une marge de progression intéressante, surtout au niveau du jeu que l’on produit. C’est bien, car on a vraiment cette sensation d’avoir tous progressé que ce soit individuellement ou collectivement. On réalise un bon début de saison dans un championnat que l’on sait complexe dans lequel tout le monde peut battre tout le monde, ce qui est une vraie spécificité locale. Et croyez moi sur parole, car je sais bien de quoi je parle avec mon parcours en province.
Attention néanmoins, car il ne faut surtout pas se reposer sur nos lauriers et se contenter de nos acquis, il faut continuer à travailler et à s’accrocher aux trois premières places afin d’être bien placé au moment des matches importants. La montée en N2 est possible car je n’ai pas vu d’équipes qui survolent le championnat, mais il ne faut pas s’enflammer.
Je ne me suis jamais senti aussi bien physiquement qu’à 31 ans
Yacine Ghazi, qui enchâine cette saison en ayant déjà participé à 9 rencontres sur 10 avec le PSG
La N2, c’est un niveau que tu as bien connu, gardes-tu l’ambition d’y retourner ?
J’ai en effet connu ce niveau avec la réserve de Niort lors de mon début de carrière senior, mais aussi à l’ACBB. Cela reste encore dans un coin de ma tête, même si ce n’est pas une fin en soi, mais vis-à-vis de toute l’expérience que j’ai pu avoir, ce serait bien. J’ai un petit goût d’inachevé, certains de mes amis sont en L1 et L2 et moi je me dis que de mon côté, à cause des blessures, des faits de vie ou autre, je n’ai pas réussi à aller plus haut … Mais je ne ferme pas la porte et je pense que c’est toujours possible du moment que physiquement on se sent bien, et moi à 31 ans, je me suis jamais senti aussi bien. On verra dans le futur ce qui se présente mais la N2, et même plus haut on ne sait jamais, en tout cas, c’est clairement un souhait.
Peux-tu revenir sur ton parcours ?
J’ai intégré le centre de formation de Niort à 13 ans et j’y suis resté neuf saisons. Surclassé en jeune, sélectionné en équipe de France U16, tout a parfaitement débuté et j’ai réussi à intégrer le groupe pro en National avec lequel j’ai passé 3 années. Malheureusement en 2012, l’année où l’on monte en L2, je suis arrivé en fin de contrat et je n’ai pas été conservé, malgré plus de 25 buts avec la réserve. C’était une très grosse désillusion, je suis donc parti changer d’air en allant jouer en Corse en N3 à Bonifacio pendant deux saisons, histoire de me refaire une santé, me faire un peu oublier et découvrir d’autres personnes. Après deux ans, j’ai fait un essai au Gazelec, mais financièrement c’était compliqué donc j’ai décidé de revenir sur le continent au Poiré-sur-Vie. Dans le groupe de la National, j’ai joué la plupart du temps en N3.
A 27 ans, il était alors temps pour moi de prendre une décision sur la vie professionnelle en dehors du foot. Je suis donc retourné à Poitiers chez mes parents que j’avais quitté plus de dix ans auparavant et j’ai passé des concours de la fonction publique tout en jouant en N3 avec Poitiers. J’ai eu mon concours au bout de deux ans et j’ai été affecté à Paris. Je suis aujourd’hui contrôleur des impôts.
Yacine Ghazi, sous les couleurs de l'ACBB en 2018-19 (15m, 2b en N2) (Crédit Photo : Icon Sport)
Tu n’as cependant pas abandonné le foot en arrivant dans la région parisienne …
Non, bien au contraire. Par un concours de circonstance, je suis arrivé à Boulogne-Billancourt en N2 car le coach de Bayonne qui voulait me recruter connaissait bien Grégory Bénarib. Après un appel du coach, le feeling est bien passé et je les ai rejoint. A la fin de la saison, on est malheureusement descendu en N3 et l’ACBB n’a gardé personne. Carlos (De Vasconcelos, coach du PSG, NDLR) m’a appelé pour que je le rejoigne au PSG. Bien entendu, cela ne m’a pas laissé indifférent, et me voilà ici depuis trois ans.
Ton parcours peut avoir valeur d’exemple pour beaucoup de jeunes joueurs, en ayant réussi à mêler carrière dans le foot, mais aussi parcours professionnel réussi. Quels conseils aurais-tu pour des jeunes joueurs arrivant en fin de cycle en centre de formation ?
Tout d’abord, il faut profiter et se rendre compte de la chance qu’on a. Beaucoup de jeunes parlent d’argent, mais oublient un peu les valeurs du foot. On parle toujours de contrat, d’agents, personnellement, j’ai toujours refusé d’avoir un agent, ce qui m’a sûrement desservi. Mais il faut se méfier de tout ce que le foot est devenu. Profiter du fait de pouvoir y jouer, rester rigoureux, travailler à l’entraînement, avoir une bonne hygiène de vie .. Faire attention à tous les à-cotés, ce que l’on ne voit pas. Il ne faut pas se disperser et rester focaliser sur ses objectifs.
Ensuite, ce serait de rester les pieds sur terre, en essayant de penser à l’avenir. On ne sait jamais ce qui peut arriver. Moi, j’ai eu trois fois les ligaments croisés entre 17 et 19 ans. Et même si Niort plaçait des espoirs en moi et m’a retenu, je pense que c’est important que l’entourage pense à une solution de replis. De mon côté, c’était mon père qui jouait ce rôle. Il faut avoir un bagage autre, intellect. Oui dans le foot il y a des grosses sommes, mais ce n’est pas la vie de tous les jours des Français.
Je suis agréablement surpris par les jeunes pros qui descendent en N3 qui sont très impliqués et veulent bien faire
Yacine Ghazi, au sujet des jeunes joueurs de l'effectif pro comme Denis Franchi ou encore Nathan Bitumazala qui vient jouer avec l'équipe de N3
Quel joueur es-tu ?
Petit gabarit, j’ai été formé numéro neuf, mais aujourd’hui mon jeu a évolué. Depuis mes 25 ans environ, j’aime être entre les lignes, un milieu offensif vrai électron libre, qui peut se déplacer à gauche ou à droite, même si j’avoue volontiers préférer être dans l’axe. Ce qui me plaît avant toute chose, c’est de toucher le ballon entre les lignes, de trouver les attaquants, mais aussi me retrouver personnellement devant le but.
J’aime me créer des occasions et pour moi, être pesant dans le jeu, c’est vraiment essentiel. Je ne suis pas du tout grigri, passement de jambes ou autre, je veux avant tout sentir le jeu, trouver la bonne passe ou le décalage au bon moment, en recherche permanente de l’efficacité et de la justesse technique.
Comment se passe la cohabitation au sein de l’attaque parisienne, composée de nombreux bons joueurs ?
J’ai déjà connu Louis Lapouge à l’ACBB, on est vraiment ami et on a une relation particulière. C’est vrai que sur le terrain, en pointe, il me libère beaucoup d’espaces et focalise énormément les défenseurs de par sa carrure athlétique, ce qui me permet de m’exprimer plus librement. J’ai appris à découvrir Mathieu et son profil correspond bien. Il a un très bon pied, cela a bien pris entre nous, il n’y a aucune animosité et le groupe vit très bien.
Il y a cette saison plusieurs descentes en N3 de la part de jeunes joueurs sous contrat pro à la recherche de temps de jeu. Peux-tu nous donner ton avis là-dessus ?
J’ai été agréablement surpris, car on aurait pu penser qu’ils allaient rechigner à venir jouer en N3 en tant que jeunes pros du PSG, mais c’est tout le contraire, je les ai trouvé très simples. Personnellement, j’ai beaucoup accroché avec Denis Franchi et Nathan Bitumazala. Ils sont très impliqués dans le projet et veulent bien faire. Ils savent qu’ils sont jeunes et que le passage par un niveau senior est primordial et qu’il faut s’aguerrir à ce niveau là, afin de prétendre à une longue carrière pro.
C’est un vrai point positif dans le sens ou cela peut amener une plus-value au groupe grâce à leur insouciance et leur qualité technique. C’est vraiment une bonne chose du moment qu’on garde une ossature de joueur expérimenté pour les encadrer. On communique beaucoup avec eux et ils sont réceptifs, c’est très agréable.
En cette période de voeux, que peut-on te souhaiter pour cette année 2022 ?
En dehors du foot, de continuer ma progression au sein du Ministère de l’Economie et des Finances, car j’ai passé des concours internes et j’espère que l’issue sera positive. En ce qui concerne le terrain, il faut finir le mieux possible avec le PSG pour pourquoi pas monter en N2, ce qui serait vraiment beau. A titre personnel, pourquoi ne pas finir la saison avec 10 buts et 10 passes décisives, et surtout continuer à ne pas se blesser et pouvoir enchaîner.
Propos recueillis par Reynald Trunsard
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