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Interviews

22 juillet | 9h31

Y. Makhechouche : « La diversité est une de nos forces »

Dans le cadre du dossier "Top licenciés" d'Actufoot, Youcef Makhechouche, coordinateur sportif de l'AC Le Pontet-Vedène, deuxième au nombre de licenciés dans le département, dresse le bilan de la crise sanitaire et aborde les projets du club.

Licences LICENCIÉS

Votre club est deuxième du département au nombre de licenciés. Est-ce une fierté pour vous ?

Notre place au classement se situe dans la continuité du projet que l'on a depuis trois, quatre ans. Le club a démarré avec l'AC Vedène et a fusionné depuis l’année dernière avec Le Pontet. Donc on est sur deux communes avec un projet, dans un premier temps, de se pérenniser au haut niveau. C'est ce que l'on a fait puisqu'on a eu des U17 internationaux, sept, huit équipes en jeunes, donc on est complètement dans ce que l’on recherchait au niveau de l'élite. Par contre, en terme de nombre de licenciés, on sait qu'on ne sera pas loin d'être au même stade pour la saison prochaine parce que le club historique du Pontet a eu des soucis. Il est possible que l’on récupère pas mal d’éléments de ce club. Cette place est aussi celle de la continuité. Nous voulons accueillir au mieux nos licenciés dans les meilleures conditions possibles tant sur le plan élite que sur le plan accueil football. Parce que nous avons créé depuis la saison dernière une section foot loisir, où on donne accès à la pratique du football pour 30 euros sur la saison, aux garçons ou filles de tout âge.

Le nombre de licenciés a-t-il été impacté par la crise ?

Sur la saison dernière, on n'a pas eu trop d'impact par rapport à la saison d'avant parce qu'on a eu plus de licenciés. Par contre, concernant la saison prochaine, nous sommes un peu dans le flou. Notamment parce que sur les catégories à partir des U18 (U18, U19 et seniors), nous n’avons pas pu trop faire d'activité. On a gardé le lien social avec tous les petits et les petites, mais par contre on a eu plus de mal avec les U18, les U19 et les seniors, car les mobiliser pour qu'ils viennent de temps en temps a été beaucoup plus compliqué. Ce sont des gamins qui, suite au Covid, ont peut être fait autre chose. Leur vie a changé aussi et peut-être que revenir au football est difficile avec les contraintes, notamment sur les entraînements le soir.

L'arrêt prématuré de la saison a-t-il été un coup dur ?

On est dans l’incertitude un peu de partout. Parce qu’avec l'arrêt brutal des compétitions, la saison blanche, on avait quand même construit des équipes, fait un recrutement intéressant, et ça a été coupé du jour au lendemain. Ce n'est évident pas une bonne chose ni pour nos éducateurs, ni pour les enfants, ni pour le l'environnement du club. Cet arrêt prématuré nous a affectés parce qu'on a aussi perdu un peu de lien social. Mais bon, on se dit qu'avec le vaccin, la reprise normale du football, on va essayer de proposer quelque chose, se réadapter et essayer d'attirer un maximum de licenciés.

"On est un club où il y a pas mal de mixité sociale. On propose autant de l'élite que du foot amateur"

Youcef Makhechouche, coordinateur sportif de l'AC Le Pontet-Vedène

Quelle est la principale force de votre club aujourd'hui ?

Je pense que la diversité est une de nos forces. On est un club où il y a pas mal de mixité sociale. On propose autant de l'élite que du foot amateur. N'importe qui peut venir jouer au football, quel que soit son niveau. Sachant qu'au Pontet on a quand même des quartiers prioritaires, on va aussi travailler avec les enfants du Pontet ; c’est notre rôle social. Autant sur des quartiers prioritaires que sur des féminines ou le foot loisir, nous sommes présents. Nous voulons aussi mettre en place du futsal. Mais c'est compliqué parce qu’au niveau du Vaucluse, il n'y a rien en futsal. Nous sommes en lien avec le District pour essayer de le développer, c'est encore une activité en plus au sein du club.

Dans les axes d'améliorations du club, pourquoi pas viser plus haut en terme de licenciés ?

On n’a pas cette obsession de vouloir viser plus haut en nombre de licenciés. Ce n’est pas notre moteur. Notre priorité est surtout de pouvoir accueillir certes un maximum de licenciés, mais dans de bonnes conditions. Les licenciés viennent parce que maintenant on fait de l'élite aussi. On a quand même des éducateurs qui sont diplômés, on a un sérieux ; l'image du club est positive. Mais par contre on veut pérenniser dans un premier temps ce qu'on fait de bien, et on veut essayer dans un des axes de travail de se diversifier.

Avez-vous des partenariats avec d’autres clubs ?

C’est encore en cours de négociation, mais on a des discussions avec deux clubs professionnels de la région. On travaille aussi sur un partenariat avec un club de village du Vaucluse pour qu’ils nous envoient leurs meilleurs éléments, qu'on puisse échanger, faire des manifestations en partenariat etc. De cette manière, cela permettrait de mettre un peu plus de cohésion dans ce département. Parce que, pour moi qui suis dans le football depuis plus de 30 ans, je me rends compte qu’on est trop dans des querelles de clocher où on pique des joueurs à droite et à gauche. C'est quelque part malsain car aujourd'hui, les enfants ne nous appartiennent pas et la seule chose qui nous appartient, c'est notre projet.

Justement, aujourd'hui, la notion de projet est un élément essentiel pour beaucoup de clubs, encore plus avec la crise sanitaire. Est-ce le cas chez vous ?

Tout à fait. Si vous n’avez pas de projet pour un club de foot, en 2021, c’est très compliqué. A l'époque, on le faisait avec beaucoup de bénévoles mais étant donné le nombre de licenciés, le nombre d'équipe en élite, tout le travail à faire, il faut se professionnaliser. Et sur cette saison 2020-2021, on a quand même embauché sept contrats d'apprentissage. Donc on commence à se professionnaliser parce que dans le cadre de notre projet, on a besoin de salariés pour pouvoir fonctionner correctement. C’est dans cette idée que l’on veut passer à la vitesse supérieure. Bien sûr, on essaye de trouver des ressources financières en parallèle, des contrats aidés, de manière à pouvoir financer ces contrats-là.

"Sur cette année et demi de covid, ce lien social perdu nous fait nous rendre compte qu’il vaut tout l'or du monde"

Youcef Makhechouche, coordinateur sportif de l'AC Le Pontet-Vedène

Est-il plus facile d'avancer maintenant qu'on voit un petit peu le bout du tunnel ?

Le fait d'avoir gardé du lien social nous a permis d’avancer avec moins de craintes. Mais effectivement, on voit le bout du tunnel, on s'organise pour pouvoir préparer la saison à venir. Et du coup, le fait de pouvoir échanger avec les éducateurs nous a permis justement de continuer à développer notre projet même sans compétition. Tous les éducateurs sont prêts pour la saison prochaine, parce que ce temps a été utilisé pour faire des détections pour l'élite, trouver des solutions financières pour mener à bien notre projet, travailler sur du partenariat, même si c'est difficile parce que les entreprises ont aussi été impactées par cette crise sanitaire. On en a profité aussi pour travailler sur nos événements à venir. Il a fallu s’organiser en amont, et d'autant plus compte tenu du fait que l'on passe la barre des 500 licenciés. Par exemple, en ce moment, nous sommes en train de signer un partenariat avec notre futur équipementier pour équiper nos licenciés. Ça devient un travail parce qu’en terme d’organisation, ce n’est pas comme si on en avait 150.

Les finances du club ont-elles été mises à mal par la crise ?

Forcément, oui, elles ont été impactées. On a l'avantage aujourd'hui d'avoir signé une convention d’objectifs avec la mairie du Pontet, car jusqu'à aujourd'hui on n'avait que la mairie de Vedène. Désormais, on a la mairie du Pontet qui nous accompagne parce que le club est sur les 2 communes. Donc on a réussi à avoir une subvention conséquente de la mairie du Pontet, ce qui nous permet de voir des jours meilleurs. En revanche, on a perdu pas mal de partenaires historiques du club. Nous qui fonctionnons très bien sur nos différentes buvettes, leur fermeture pendant sept, huit mois a conduit automatiquement à une perte financière de ce côté-ci. On a pas mal de pertes financières liées au Covid, mais maintenant à nous de nous réorganiser, de travailler pour réactiver nos partenaires. L'argent est le nerf de la guerre, car sans il n’y a pas de projet. Mais notre équipe de bénévoles tient la route, et je suis optimiste sur le fait qu'on s'en sortira.

Quels sont les objectifs sportifs pour la saison à venir ?

On veut absolument que toutes nos équipes en élite y restent. Donc pérenniser nos niveaux, voire mieux si on en a la possibilité. Mais déjà dans un premier temps tenir cet objectif. Et sur nos seniors, une montée en R1 serait la cerise sur le gâteau parce que quelque part, on forme des gamins pour qu’ils puissent alimenter nos seniors. On a pour objectif de monter en R1, même si on sait que c'est difficile, qu'on a des concurrents, mais on ne se cache pas.

Est-ce un plaisir de retrouver à la fois les terrains et le public ?

Complètement, c'est vraiment un manque parce que le football, et on s'en est rendu compte pendant cette crise, est un élément indispensable pour tout le monde. Sur cette année et demi de covid, ce lien social perdu nous fait nous rendre compte qu’il vaut tout l'or du monde. Et c'est là qu’on se rend compte que le football, comme sans doute les autres sports, est indispensable pour la vie de tous les jours. Quand on nous enlève le football, les journées sont plus longues, on tourne en rond.

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