20 mai | 15h31
Youssouf M’Changama : "Avec les Comores ? Objectif CAN 2023"
Le leader comorien et numéro 10 de l’En Avant Guingamp (Ligue 2) Youssouf M’Changama (31 ans) a été un élément clé dans l’effectif de Stéphane Dumont par son intelligence de jeu et ses frappes cette saison en Ligue 2. Celui qui est devenu professionnel à 26 ans ne compte pas s'arrêter là, en Bretagne ou ailleurs. Entretien !
Youssouf, le championnat est terminé. Qu’est-ce que vous retenez de cette saison avec Guingamp ?
Ça a été une belle saison, je pense que personne ne s’attendait que l’En Avant Guingamp finisse à cette place avec le changement dans l’effectif, le changement de coach. Sur les deux dernières années, j’en ai connu quatre. Pour la première année du coach Stéphane Dumont, finir à la 6ème place, c’est vraiment beau. C’est l’année de la construction !
Malgré cela, la mayonnaise a vite pris sur le plan offensif mais moins sur l'aspect défensif. Comment l'expliquez-vous ?
Je pense que le projet de jeu mis en place en début de saison par le coach a été très clair. Il y a eu un petit retard à l’allumage en ne gagnant notre premier match qu’à la 5ème journée. On a eu du mal à chaque fois pour basculer, à chaque occasion on ne gagnait pas. Ça a toujours été le problème de Guingamp depuis que je suis ici. Dans la première partie de saison, on a pratiqué du beau jeu mais on n’avait pas forcément les résultats. On a toujours mis de beaux buts, bien construits mais on n’a pas été récompensé.
Vous avez changé de rôle sur le terrain en jouant plus haut. Vous vous sentez plus utile à ce poste ?
Je pense que je peux être utile à tous les postes de milieu de terrain. On l’a vu dans la première partie de saison, j’étais derrière l’attaquant, ça s’est très bien passé. J’ai pu aider l’équipe à marquer des buts. C’était une bonne chose pour moi, je suis capable de me projeter vers l’avant et d’exploiter les espaces laissés par les adversaires. Mais on a pris beaucoup de buts donc en deuxième partie de saison, le coach a voulu mettre plus d’expérience au milieu de terrain à mon retour de la CAN en passant 3-5-2 avec deux 6. Le coach a cherché un équilibre entre marquer des buts et moins en encaisser. J’ai été dans un autre rôle et j’ai autant performé qu’étant numéro 10.
Si on patiente et on persévère, après la difficulté vient la facilité. Aujourd’hui je profite de ça.
Youssouf M'Changama
Vous avez reçu récemment le trophée du plus beau but de Ligue 2 (Trophée UNFP). On vous sait perfectionniste, vous répétez combien de fois ce geste ?
En toute humilité, cette frappe à une touche de balle, je l'ai mise plusieurs fois que ce soit en club ou en sélection. C’est une frappe que j’affectionne. A l’entraînement, lorsque le ballon arrive, j’aime tirer. Parfois on me demande de faire un contrôle mais si le ballon vient comme ça, j’ai du mal à contrôler, j’aime tellement ce genre de ballon, je ne me pose pas de question. A l’entraînement, on travaille à deux touches de balle devant la surface. On travaille les enchaînements, les frappes et ça peut donner ce genre de buts.
Vous avez un parcours atypique, vous êtes passé de Marseille (Consolat) à la Bretagne en passant par l’Angleterre (Oldham) et la Corse. Des hauts, des bas. Vous l'appréciez encore plus aujourd’hui cette chance de jouer au football ?
Bien sûr, ce n’est pas un parcours facile, il y a peut-être des parcours plus difficiles, chacun son destin. Je préfère un parcours ascendant que l'inverse. Même si cela a pris du temps, avec les années, je n’ai évolué que vers le haut donc c’est une bonne chose. Il y a du bon dans la difficulté. Si on patiente et on persévère, après la difficulté vient la facilité. Aujourd’hui je profite de ça.
Que retenez-vous de ce passage en Angleterre (D3) ? Le football est-il vraiment différent là-bas ?
C’est complètement différent, dans les tribunes, c’est très familial, ça reste toujours jovial, avec beaucoup de moqueries entre les supporters mais avec beaucoup de respect. J’ai kiffé jouer là-bas, j’ai apprécié le football. Au centre de formation, on nous disait que le premier ballon était important car si on le rate, on n’est pas dans notre match. En Angleterre, j’ai appris que c’était faux. Quand on rate notre premier, notre deuxième, notre troisième ballon, les supporters encouragent car si on le récupère en taclant, les supporters applaudissement et ça nous remet d’aplomb. J’ai vraiment aimé cette mentalité.
Notre objectif est d’aller à la CAN 2023. Le peuple attend ça, nous, on attend ça.
Youssouf M'Changama
Le surnom de Canto dans le Sud est dû à vos phrases poétiques ou à votre caractère sur le terrain ?
Non ce n’est pas dû à mes phrases poétiques (sic), je ne sais pas si c’est dû à mon caractère sur le terrain. Quand j’étais petit, dans mon quartier, les grands m’appelaient Canto pour la pub avec le col relevé. Franchement, je n’ai jamais su la vraie histoire de ce surnom. Certains ne connaissent même pas mon prénom et m’appellent comme ça à Marseille.
Le National est un championnat que vous connaissez. Est-il formateur pour connaître le monde professionnel ?
Formateur, je ne sais pas mais en tout cas, lorsque l’on passe par ce championnat, on sait que plus on monte, plus ça sera facile car c’est un championnat difficile, avec beaucoup d’impacts, avec peut-être moins d’intensité qu’en haut. Aujourd’hui, ça s’est beaucoup plus professionnalisé, l’exigence augmente au fur et à mesure des années. En tout cas à mon époque, c’était le charbon.
Un dernier mot sur les Comores. Cette sélection suscite beaucoup de fierté mais aussi beaucoup d’attente maintenant après la dernière CAN au Cameroun. Jusqu’où peut-elle aller ?
J’espère déjà aller en Côte d’Ivoire, mais il ne faut pas se projeter trop loin. La sélection a beaucoup évolué, il faut avancer étape par étape. Il ne faut pas se voir trop beau. Notre objectif est d’aller à la CAN 2023. Le peuple attend ça, nous, on attend ça. Si on arrive à se qualifier régulièrement pour la CAN, ça sera une bonne chose.
Propos recueillis par Farid Rouas
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