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Interviews

5 décembre | 10h30

Coup de Tonnerre à Villejuif

Voilà une histoire pas banale. Le club de Villejuif est le leader du championnat de Regional 1 (groupe B) mais non sans mal. Le nouveau coach Mohamed Tazamoucht se retrouve pris à partie alors que le classement lui donne raison. Entretien !

Mohamed Tazamoucht US Villejuif football

Le match nul (1-1) contre Vincennes est-il logique ?

Oui, nous avons dominé la première période, mais la deuxième ne s’est pas passée comme convenu. Vincennes n’a rien lâché et est revenu logiquement dans la partie.

Leader après huit journées, tu t’attendais à ce début de championnat ?

Honnêtement non, l’équipe d’hier était composée de 10 joueurs de la saison passée, trois joueurs sont de retour au club et un changement de staff. Il fallait bien faire monter la mayonnaise et je dois dire que les joueurs ont bien répondu à mon exigence et à ma rigueur. Il faut bien se rappeler que le club vient de monter de R2 et que ce n’était pas gagné de faire ce début de championnat.

Être premier depuis la première journée a créé une dynamique, et le rester pendant de huit journées a démontré que le travail effectué tous ensemble à donner une bonne image du club depuis fin juillet. Le chemin est encore très très long mais on a réussi à avoir 3 points d’avance sur le second, on a le plus grand nombre de points sur les deux groupes de R1.

Donc tout va bien pour le meilleur des mondes ?

Malheureusement non, cela fait la troisième fois que certains pseudo supporters me prennent en grippe et m’agressent verbalement dans la tribune. La première fois, c’étaient des insultes très dures et crues à mon égard. Le pire dans tout cela c’est que dans le groupe il y a des éducateurs du club et des joueurs. Au début c’était des insultes dégradantes, par contre ce week-end, les insultes portaient atteinte à ma personne et à ma fonction : la chanson qui était chantée en boucle pendant toute la première mi-temps m’était adressée « tazamoucht, tazamoucht, tazamoucht dégage et ferme ta gueule on est chez nous …), j’aurais eu l’honneur d’avoir une chanson avant mon départ.

La véritable raison, au-delà de nos résultats sportifs c’est qu’en tant qu’entraineur nous faisons des choix pour l’intérêt du club et que certains joueurs ne peuvent pas aujourd’hui être pris pour assurer la tête du championnat de R1. L’exigence à ce niveau ne nous place plus dans le copinage. Certains joueurs que je n’ai pas pris ne sont sentis exclus. Les supporters ne veulent pas le bien du club mais jouer entre eux. Je propose qu’ils mettent un entraineur de jeunes qui m’a insulté dans la tribune pour comprendre que d’entrainer des jeunes n’est pas aussi simple que d’entrainer des seniors et qu’on ne peut pas faire jouer uniquement ses amis pour obtenir des résultats.

Je me rends compte que les joueurs qui ne jouent pas ne facilitent pas la cohésion

Mohamed Tazamoucht

As-tu déjà connu cette rébellion au sein même de ton vestiaire ?

Je me rends compte que les joueurs qui ne jouent pas ne facilitent pas la cohésion, tout ce qui se passe dans le vestiaire ne reste pas dans le vestiaire. A la mi-temps du match, j’ai refusé de reprendre alors que nous menions 1-0 avec une très belle première partie de match. L’équipe s’est désorganisée et à perdu complètement le fil du match.

J’ai la chance et le bonheur de travailler avec mon fils, qui fait des études de kiné, il masse et straps les joueurs. Comment peut vivre un jeune homme qui entend son père se faire insulter pour du football et qui me répète, vous êtes premiers je ne comprends pas ?

Au vu de ces derniers évènements, as-tu pris une décision ?

Mon engagement auprès des joueurs, du club n’a jamais faibli. Les valeurs que je porte dans le monde sportif m’ont toujours accompagnées. Le respect de l’autre est l’une d’elles. Elle est non négociable. Le football est regardé par des millions de jeunes qui s’identifient aux joueurs. Si nous voulons (en tant qu’entraineur) leur partager nos valeurs, nous devons être exemplaires. Depuis que je suis au club, on me parle de famille mais la famille n’insulte pas ses ainés, j’ai 56 ans et je pense mériter le respect surtout que pour la plupart je pourrais être leur père.

Je me suis toujours investi à 200% dans les clubs où je suis passé, si je prends mes 40 derniers matchs de championnat j’en ai perdu 5, ce qui représentent 87,5 % de points positifs !

Propos recueillis par Farid Rouas

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