Quantcast
Interviews

19 octobre | 12h20

E. Tregoat (ESSG) : « Apporter mon passé pour regarder vers l’avenir »

Arrivé la semaine dernière dans son nouveau club, le coach de l’Entente SSG s’est confié à Actufoot. Entretien avec un homme expérimenté qui a pour ambition de redresser le club val-d’oisien et lui redonner la place qui est la sienne au cœur du foot francilien. (Crédit Photos : ESSG)

NATIONAL 2 N2 B MERCATO N2 ENTENTE SSG N2 Emmanuel Tregoat

Succéder à Didier Caignard n’est pas une mince affaire du côté de l’Entente Sannois-Saint-Gratien, tant on connaît l’importance de celui-ci dans le club du Val d’Oise. Pour cela, il fallait trouver quelqu’un de reconnu et d’expérimenté. C’est chose faite avec Emmanuel Tregoat (59 ans), ancien sélectionneur du Tchad à deux reprises, d’avril 2014 à septembre 2015 puis d’août 2019 à octobre 2020. Il n’est pas novice en Ile-de-France, puisqu’il a été l'entraîneur de l’équipe réserve du Paris FC en CFA 2 durant la saison 2013-14, de Saint-Ouen l'Aumône (CFA 2) en 2016-17 puis celui du Racing CFF en N3 de janvier à juin 2019.

L’auteur du livre, « Victoires et Turbulences », qui a pour mission de repositionner l’Entente Sannois-Saint-Gratien a une place plus en rapport avec ce que ce club représente en Ile-de-France, se livre sans filtre.

Emmanuel Tregoat, entre votre signature, le premier entraînement puis le match en Coupe de France à Créteil, tout est allé très vite. Quelles sont vos impressions sur cette première semaine à l’ESSG ?

On ne peut même pas parler de première semaine car même si j’ai donné mon accord lundi dernier pour une signature le mercredi, je n’ai pas eu le temps de vraiment commencer à travailler. Le mercredi soir, j’ai juste vu une séance et j’ai commencé le vendredi pour préparer le match du lendemain. C’est vraiment trop court et on ne peut pas dire que j’ai eu le temps de voir tout le monde.

Il n’est donc pas encore l’heure de faire une première revue d’effectif ?

Sur ce que j’ai vu, par rapport au match, c’est un effectif qui est limité en quantité en ce moment car il y a sept blessés actuellement. Évidemment, quand on enlève autant de joueurs de l'effectif de départ, ceux qui viennent après ont moins le niveau. C’est pour cela que le résultat à Créteil est à prendre avec des pincettes, il aurait fallu un miracle pour qu’on gagne et on ne peut pas reprocher grand choses aux joueurs, qui ont joué avec leur qualité et surtout leur défaut. Pas mal de joueurs n’ont pas le niveau de la N2, mais ils n’ont rien demandé, il y a encore beaucoup de travail et on espère récupérer les blessés le plus vite possible. Il y a des joueurs avec des qualités qui sont là et ont le niveau, on va essayer de s’appuyer là-dessus bien entendu.

Actufoot • Tregoat 2 ESSG

Emmanulel Tregoat, nouveau coach de l'ESSG (N2), en compagnie de son adjoint David Pinto et de son président Bernard Williot.

Que pensez-vous pouvoir apporter à ce groupe qui est actuellement en grande difficulté ? (dernier en championnat avec seulement 1 victoire et 1 nul en 9 rencontres, NDLR)

On le sait tous, malheureusement quand il n’y pas de bons résultats, c’est le coach qui part et les joueurs ont alors besoin d’un renouveau avec une nouvelle méthode de travail. Je pense que je vais apporter mon expérience, mes connaissances … Mais attention, je ne suis pas un magicien, et je ne fais rien de révolutionnaire. Mais j’espère pouvoir apporter mon passé pour regarder vers l’avenir.

Pourquoi avoir accepté ce challenge à l’ESSG ?

Sannois est un club qui a une super réputation, à la fois familial mais ambitieux. Cela a été pendant un moment le troisième club d’Ile-de-France, en National, au même niveau que le PFC et le Red Star à l’époque. Même si c’est moins le cas maintenant, c’est un club qui est reconnu au niveau national. Je voulais rester dans la région parisienne ou la proche banlieue. J’ai discuté avec le manager général qui m’a appelé et cela s’est bien passé. Personnellement, je n’ai jamais appelé le club tant que l’ancien entraîneur était en place, car c’est ma philosophie, mais j’ai essayé de nouer un contact avec le club une fois la démission de Didier Caignard actée.

Arrivez-vous seul ?

J’arrive juste accompagné d’un analyste vidéo, un ami à moi avec qui je travaille tout le temps. Il y a ce qu’il faut sur place, un bon entraîneur des gardiens, un bon préparateur physique, de très bons dirigeants. Je connaissais mon adjoint car je l’ai eu comme joueur à Saint-Ouen l'Aumône (David Pinto, NDLR), c’est quelqu’un de très bien. Il n’y a pas besoin d’amener une plus value au niveau du staff.

Je pense que l’on va pouvoir faire un recrutement, pas coûteux, rapidement

Emmanuel Tregoat, entraîneur de l'Entente SSG

Envisagez-vous en revanche des ajustements dans l’effectif ?

Oui c’est certain. Des joueurs vont nous rejoindre et peut-être que d'autres vont nous quitter car ils ne vont pas s'identifier dans mon projet. C’est souvent comme ça lorsqu’il y a un changement d’entraîneur en cours de saison, il y a des joueurs qui ne se reconnaissent pas dans le projet mais il se peut que moi aussi il y en a certains que je ne vais pas associer au projet.

Avez-vous déjà une idée de la date à laquelle pourraient avoir lieu ces premiers changements ?

Il faut aller très vite donc dans les 15 jours qui viennent, tout devra être réglé. Sans se presser et sans se tromper bien entendu, mais on n’a pas le temps. Tous les matches sont des matches à couperet, on ne peut pas se permettre de perdre du temps par rapport à ça. J’ai un réseau assez intéressant, je connais beaucoup de joueurs et je pense que l’on va pouvoir faire un recrutement, pas coûteux, rapidement.

Plusieurs entraîneurs parlent de plus en plus de la difficulté de travailler avec un jeune groupe de la génération d’aujourd’hui. Pour vous, à 59 ans, cela est-il un problème ?

En aucun cas, peut être car j’ai mes fils qui jouent au foot et que je les ai tout le temps suivis. Mais je ne ressens pas de décalage. En sélection nationale (avec le Tchad, NDLR), j’ai eu des joueurs qui avaient entre 18 et 20 ans, durant mon passage avec la réserve du PFC aussi. J’ai zéro problème avec ça. Il faut que le joueur donne le meilleur de lui-même, qu’il ait 16 ou 35 ans.

Après il faut savoir fixer des limites. Je suis dans l’affect, je défends toujours mes joueurs mais en revanche je ne suis pas leur copain mais bel et bien leur entraîneur. Je ne suis pas le grand frère, je ne viens pas du quartier, d’ailleurs on me l’a déjà reproché une fois dans un club … Je suis l’entraîneur qui est là pour les faire progresser et donner le meilleur d’eux même. Je suis proche des joueurs mais en aucun cas un pote.

Actufoot • Tregoat ESSG

Emmanuel Tregoat face à son nouveau groupe lors de sa présentation à l'effectif

Que retenez-vous de votre dernière expérience au Tchad (d'Août 2019 à octobre 2020) ?

C’est une aventure humaine extraordinaire, c'est d'ailleurs pour cela que je fais ce métier. Sur le plan sportif, on a eu des très bons résultats pendant un an avec notamment la qualification au dépend du Libéria au premier tour des éliminatoires de la CAN 2021. Mais ce que je retiens en premier lieu, c’est le plaisir de sortir des joueurs, comme Haroun Tchaouna (2000) qui vient de signer à Dijon. Il a fait un match avec la réserve et maintenant s’entraîne avec les pros. Loum Tchaouna (2003) est à Rennes et fait des apparitions… On retrouve aussi pas mal de joueurs dans les championnats de N2 et N3 en France, d’autres en Belgique ou à Andorre. Ce sont tous des joueurs que j’ai relancé et je suis content par rapport à ça.

Est-ce une expérience que vous pourriez envisager de nouveau ?

Non pas tout de suite car j’ai décidé de me fixer un peu sur Paris. La vie familiale aidant, je n’ai pas trop envie de bouger de nouveau pour l’instant. Je suis là pour quelques années mais après pourquoi pas, on ne sait jamais.

Beaucoup d’éducateurs triment comme des malades, mais à côté de ça, certains veulent mettre en place des prête-noms, ce n’est pas normal.

Emmanuel Tregoat, membre du comité directeur de l'UNECATEF

Vous êtes aussi un membre du comité directeur de l’UNECATEF, ce qui vous tient à cœur …

Je pars du principe que lorsque je vois un dysfonctionnement dans quelque chose qui me passionne, je m’inscris dans un projet et j’essaye de me faire élire pour amener mes idées. J'avais fait la même chose en Normandie car j’étais passionné de futsal et j’avais réussi à être président de la commission régionale à la ligue. A l’UNECATEF, il y avait des choses un peu bizarres qui n'allaient pas dans le sens de ma pensée et c’est pour cela que je me suis présenté dans un premier temps, puis été élu.

On travaille sur plein de dossiers différents. L’un des principaux est de rapprocher l’UNECATEF des clubs et des éducateurs. La semaine dernière par exemple j’étais en visite avec Hervé Gauthier (Vice Président, NDLR), au Havre afin de nous présenter. Chacun s’occupe de sa région. Je vais le 28 à Quevilly, puis le Red Star, le PFC, le PSG … on est en train de visiter tout le monde. On veut également travailler sur l’expatriation car on est plusieurs à avoir eu des aventures à ce niveau là. Ce sont des projets de vie, au-delà du projet sportif et il y a pleins d’erreurs à ne pas faire par rapport à la culture du pays dans lequel on va. Les pays d’Afrique sont différents des pays d’Asie et vice-versa. Enfin, le respect du statut des éducateurs est notre dernier cheval de bataille. Beaucoup d’éducateurs triment comme des malades, mais à côté de ça, certains veulent mettre en place des prête-noms. Ce n’est pas normal.

Avez-vous déjà le match de Beauvais du week-end prochain en tête ?

Tout ce que je peux dire c’est que quels que soient les joueurs qui se déplaceront, on ira avec humilité puisqu’on est dernier et avec un besoin de points important. On essayera de mettre en place une stratégie pour essayer de ramener des points.

Je vous laisse le mot de la fin Emmanuel Tregoat …

Je suis hyper content du nouveau projet et de cette nouvelle mission qui m’a été confiée. Je remercie les dirigeants de m’avoir fait confiance et je ferais justement tout pour répondre à celle-ci. Une saison c’est très long, ce sera dur car on est quand même dernier avec seulement quatre points, mais malgré tout on fera le maximum avec mon staff pour laisser Sannois à ce niveau la.

Propos recueillis par Reynald Trunsard

Restez informé !

Inscrivez-vous à notre newsletter :