Edouard Chabas, le Goal FC s'est-il remis de cette défaite (3-2) dans les dernières minutes àà Martigues ?

C'est sûr qu'il y a de la déception de prime abord, puis jusqu'au dimanche où tu refais le match plusieurs fois dans la tête. Après, on a vite basculé sur autre chose dès dimanche soir car lorsqu'on fait le bilan jusqu'à présent, 50 points à quatre matches de la fin, c'est plus une très bonne saison qu'une saison moyenne. On a perdu ce match à Martigues qui aurait pu basculer d'un côté ou de l'autre à cause des coups de pieds arrêtés, un domaine dans lequel l'adversaire excelle et qu'on avait identifié mais qu'on n'a pas su maîtriser. Il y a eu beaucoup de choses positives dans notre production, notamment en deuxième mi-temps.

On sait l'importance peu importe le niveau de pratique des dynamiques dans les sprints finaux. Celle du Goal FC (1 victoire lors des 6 derniers matches) tranche avec le parcours de Martigues qui revient tel un boulet de canon. Comment analysez-vous ce contraste ?

Je pense qu'ils ont été très bons. Je crois qu'ils ont gagné 11 de leurs 13 derniers matches (dix en réalité, pour deux nuls et une défaite). Forcément, le fait que nous ayons laissé des points par-ci-par-là leur a donné un peu plus de force. Le (3-3) que l'on fait contre Hyères alors que nous menions de trois buts à la pause fait mal aux têtes et au classement. Malgré tout, on a eu de très bons contenus contre Grasse et Louhans-Cuiseaux pour seulement un point au final. C'est à la fois nous qui sommes un peu plus en difficulté et Martigues qui est en très grande forme. Il ne faut pas aller chercher plus loin.

Beaucoup de personnes, d'observateurs, y compris nous médias, ont peut-être estimé que les 10 points d'avance en mars allaient suffire au club pour monter en National.

Les médias, les gens qui suivent le club et puis nous-mêmes, aussi. A force d'entendre tout le monde dire : "Vous y allez tout droit, vous avez des points d'avance, ça va le faire", l'être humain peut être amené à se relâcher, même si on a été ultra-vigilants avec les joueurs, que ce soit le président, le coach ou moi. Des situations comme celles-ci, il y en a beaucoup. Regardez Manchester City qui avait 11 points d'avance sur Liverpool et qui n'en a plus qu'un. Ca arrive même aux très grandes équipes, aux plus grands joueurs et entraîneurs. Là où j'ai un petit peu de regrets sans occulter le fait qu'on est moins bien en ce moment, c'est que j'ai l'impression que sur l'ensemble de la saison, là où les médias était sûrs qu'on allait monter, le corps arbitral, lui, ne nous a jamais arbitrés comme un premier. C'est ma sensation.

A quels matches faites-vous référence ?

Il y a des faits de matches très marquants qui nous ont pénalisés. Je pense au déplacement à Grasse à l'aller où le gardien ne prend qu'un carton jaune pour une main volontaire en dehors de la surface. Pour tout le monde sur place, il y avait beaucoup de surprise par rapport à la sanction et aujourd'hui, ce match pèse dans la saison. A Martigues, l'arbitre ne fait pas un mauvais match mais il y a une ou deux décisions qui prêtent à confusion et notamment cette faute du dernier défenseur sur Mambu alors qu'il partait seul au but à la 25e minute. Elle a été sanctionnée seulement d'un carton jaune.

Vous dites n'avoir jamais eu la sensation d'être arbitré comme un premier. Avez-vous une explication à cela ?

Peut-être qu'on manque un peu de public à domicile même si c'est beaucoup mieux, et je remercie d'ailleurs le club pour avoir réalisé le déplacement de 80 supporters à Martigues. Ca a poussé les joueurs et j'espère qu'on aura cet appui et ce soutien sur les quatre matches qu'il reste à jouer. Pour en revenir à votre question, je pense qu'historiquement, il y a des clubs qui parlent plus aux arbitres, avec des contextes de stade, une histoire dans le monde professionnel que n'a pas le Goal FC, anciennement Chasselay. Quand tu viens ici dans le contexte un peu rural du club, tu te dis que bonne ou mauvaise décision, tu ne vas pas avoir de problème ici. Mais quand tu vas dans des grandes villes qui possèdent une histoire avec leur club, tu peux te dire qu'une erreur n'aura pas le même impact. Ce n'est pas à cause de l'arbitrage si nous avons cédé du terrain mais cela fait partie d'une addition de petits détails.

Au regard des calendriers avec des derbies à jouer des deux côtés, la lutte avec Martigues s'annonce serrée jusqu'au bout.

Je crois en la force du groupe, du coach et du club pour rebondir avec, quelque part, une pression qui s'inverse. De chassé, on redevient chasseur. Ca faisait dix, douze matches qu'on était à cette première place et forcément, la pression était plus sur nous que sur nos poursuivants. On a des matches compliqués à venir contre des équipes qui doivent prendre des points (Rumilly-Vallières, Saint-Priest), ce qui pourrait donner des rencontres ouvertes. Concernant les derbies que doit jouer Martigues, il y a Marignane-Gignac que nous avons battu difficilement et qui est une très bonne équipe de N2 avec un coach dont j'apprécie le travail. Ce week-end, ils jouent à Aubagne où on n'a pas gagné en faisant un gros match. Cette équipe a des atouts individuels, une force de frappe et un coach qui connait aussi très bien ce championnat.

A ce moment de la saison, on est obligé d'avoir un oeil sur les résultats des autres ?

Forcément, on va être attentifs à ces rencontres et nous aurons une personne du club présente sur les quatre derniers matches de Martigues afin d'être tenus au courant en temps réel de l'évolution des scores. Notre concurrent devra recevoir Jura Sud, capable d'en mettre 4 à Grasse et à La Duchère à l'extérieur. Une équipe décomplexée entraînée par un jeune coach qui fait du super boulot avec des moyens qui ne sont pas ceux des cadors de la poule. Puis, il y aura aussi peut-être l'orgueil des joueurs de l'OM qui vont vouloir se montrer en vue de trouver des clubs l'été prochain. Franchement, il peut tout se passer. Je ne vais pas faire de la langue de bois en disant que ça me soulage de ne plus être premier. Mais, quelque part, je donne le flambeau de cette pression à Martigues pour les quatre dernières journées car c'est plus dur de jouer en étant premiers qu'en étant seconds.

Propos recueillis par Thomas Gucciardi