Quelle sensation as-tu éprouvé lors de ton retour dans le groupe pro à Nantes, après cette longue absence ?

Déjà, c'est vrai que c'était un peu long. Trois mois d'absence à cause d'une blessure*, c'était aussi quelque chose de nouveau pour moi. J'étais content de retrouver le groupe et l'ambiance d'un collectif, ce sont des choses qui m'avaient manqué. Ca a été dur d'être éloigné des terrains mais le staff médical du club m'a accompagné tout au long de ma convalescence et je les remercie pour ça. Ce n'était pas une petite blessure et ils ont fait en sorte que je revienne bien, en bonne santé.

Ressent-on un peu d'impatience sur la fin ?

Quand on est blessé, on veut revenir au plus vite sur le terrain. On ne pense pas forcément aux risques derrière et c'est pour ça que les entraîneurs ou le staff médical contrôlent nos envies et savent nous canaliser. Je suis revenu de façon crescendo et avec le recul, je pense que c'était une bonne chose.

D'un point de vue extérieur, le prêt à Lausanne, où tu t'es montré décisif au moins une fois tous les trois matches en Suisse (7 buts, 5 passes décisives en 35 apparitions) s'est avéré concluant. Un sentiment que tu partages ?

La saison était bonne mais je suis quelqu'un d'assez exigeant et je pense qu'on peut toujours faire mieux. Il y a plein de buts à marquer et de passes décisives à faire. Mais pour ma première saison professionnelle où j'ai pu enchaîner les matches, c'est correct. Maintenant, il y a d'autres objectifs à aller chercher. Par exemple, si j'étais resté à Lausanne, j'aurais essayé d'être décisif à tous les matches.

Le fait d'avoir été un contingent de sept joueurs prêtés par le Gym vous a-t-il tous aidés sur le plan personnel ?

Oui car on ne se sent pas dépaysé. Quand je suis arrivé, je connaissais déjà quelques joueurs comme Pedro (Brazao) ou Lucas Da Cunha que j'avais déjà croisé en sélection chez les jeunes. Ça m'a aidé dans mon intégration mais tout autant que mes coéquipiers en Suisse qui m'ont bien accueilli.

Un prêt marqué par ce but en coup du scorpion contre Zurich, geste rare que tout attaquant n'est pas capable de faire...

Il faut savoir qu'à la base de cette action, j'ai eu une crampe au mollet. J'ai marché de mon camp à la surface adverse parce que je n'étais pas en capacité de courir. Je devais même sortir du terrain. Ce but, c'est de l'instinct même si j'ai déjà réalisé ce geste à l'entraînement où pas grand monde ne le voit (sourires).

Il a été comparé à un but "zlatanesque". Est-ce un attaquant dont tu t'inspires ? Y en a-t-il d'autres ?

Par rapport à mon profil, ce n'est pas l'attaquant que je regarde particulièrement mais il reste un grand buteur. J'aime bien Mbappé, Haaland, des joueurs puissants, qui courent vite et prennent la profondeur.

Ceux de l'OGC Nice (Dolberg, Gouiri, Delort) ont aussi beaucoup de qualités.

Ils sont très bons ! Et cette concurrence va nous faire progresser tous ensemble. On ne possède pas tous les mêmes qualités mais je dois aussi me servir de leur expérience pour m'améliorer au quotidien.

Quels aspects de ton jeu penses-tu pouvoir apporter à l'équipe ?

J'ai un jeu en profondeur différent de ceux de Kasper, Andy et Amine, et je peux aussi apporter de la puissance, de la percussion à l'équipe.

Elle a quand même de quoi faire peur cette concurrence, non ?

Non, moi je trouve ça excitant. Si je la prends comme il faut et que je me bats au quotidien pour progresser et être meilleur que les joueurs qui sont devant moi, ça va tous nous tirer vers le haut. Je la vois de façon positive, je sais que je vais énormément apprendre à leur côté.

Alors que tu étais courtisé en Belgique et en France, le coach Galtier a dit qu'il comptait sur toi cet été en conférence de presse. L'a-t-il également fait en privé ?

C'est vrai que pas mal de clubs se sont intéressés à moi cet été et j'ai parlé avec les dirigeants et le coach. On avait discuté avant que je prolonge à l'OGC Nice et leurs discours m'ont convaincu de rester. Concernant le coach, j'ai bien aimé l'homme avec qui j'échangeais et je pense que je suis un de ses soldats cette année.

Cette prolongation signée jusqu'en 2026, c'est un signe fort ?

Je crois en l'OGC Nice et le club croit en moi. Automatiquement, on s'engage sur la durée ensemble et je veux rendre la confiance qui m'est donnée.

Revenons quelques années en arrière. Pourquoi avoir pris ta première licence à l'ASPTT Marseille ?

C'était à côté de la maison, quand on est petit on ne maîtrise pas trop où l'on va. Les parents nous emmènent là où ça les arrange. C'est un club qui a une bonne réputation à Marseille. J'ai pas mal de souvenirs de cette époque. J'ai commencé sur le petit terrain avant de basculer sur le grand. Je me souviens d'un tournoi à Metz, la Graoully Cup, et je crois que c'est là-bas que l'OGC Nice m'a repéré. On avait gagné en finale si je ne me trompe pas (sourires).

Quels entraîneurs t'ont marqué positivement depuis tes débuts en 2008 ?

Je pense à Sofiane, Arnaud et Eric de l'ASPTT Marseille. A Nice, je dirais notamment Emerse Faé et Manu Pires. Par exemple, le coach Pires m'a beaucoup apporté sur l'aspect mental. Il a une grinta naturelle qu'il sait transmettre à ses joueurs.

Et de façon plus globale, que t'a apporté la formation niçoise ?

Quand j'étais plus jeune, j'étais sollicité par plusieurs clubs et j'ai donc fait plusieurs détections. Venir à Nice a été l'un de mes premiers bons choix dans le foot parce qu'il y a un très bon centre de formation et c'est un endroit où les jeunes ont leur chance. J'ai beaucoup progressé ici que ce soit physiquement, mentalement et tactiquement depuis mon arrivée en 2014 et même si j'ai passé le cap du centre de formation, je vois encore ce qui se fait pour eux. C'est encore mieux que lorsque j'y étais, ils ont un cadre idéal pour progresser et tenter de devenir footballeur professionnel.

Souvent, les joueurs racontent avoir expérimenté plusieurs postes durant leur jeunesse. Celui d'attaquant a-t-il été immédiatement le tien ?

Non, à la base je suis milieu de terrain. Un jour, j'ai demandé à un de mes coaches à l'ASPTT Marseille si je pouvais aller devant. Moi, les attaquants, ça me faisait rêver. Il m'a dit oui tout de suite et c'est comme ça que ça a commencé. A Nice, j'ai été formé comme ailier mais comme mon gabarit a évolué, je suis passé en pointe. Aujourd'hui, ça me permet de jouer en 9, sur les ailes ou même en faux numéro 9.

La polyvalence chez un footballeur, un aspect fondamental ?

Oui, d'ailleurs à Lausanne j'ai joué une bonne partie de la saison sur l'aile gauche avant d'évoluer en pointe. Si je n'étais pas polyvalent, peut-être que je me serais retrouvé sur le banc.

T'es-tu fixé un objectif en termes de nombre de matches joués cette saison ?

L'objectif est d'avoir le plus de minutes de jeu, de marquer et de faire le plus de passes décisives possibles. Je veux être au maximum et c'est pour ça que je ne mets pas de limites.

*Il s'est blessé à l'ischio lors de son dernier match avec Lausanne où il était prêté lors de la saison 2020/2021

Crédit photo : OGCN Médias

Propos recueillis par Thomas Gucciardi