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Interviews

8 mars | 10h30

F. Miranda : “Avec le changement de coach, les cartes ont été rebattues”

Son parcours de joueur est pratiquement une carte de France à lui tout seul. Passé par Reims, Cannes et le Racing 92 entre autres, Fernando Miranda est aujourd’hui à St Leu, Régional 1. Le val d’oisien évoque la bonne période actuelle de son équipe et l’évolution du poste d’attaquant. Entretien ! Crédit Photo : Éric Cremois

FC Saint Leu 95 R1 Fernando Miranda

St Leu reste sur une série impressionnante de 6 rencontres sans défaite. Quel a été le déclic ?

Aujourd’hui, les joueurs sont plus relâchés, sont plus libérés, ont plus confiance en eux par rapport au début de saison. Certains joueurs prennent plus de responsabilités. Il y a eu beaucoup de nouveaux, maintenant, on se connaît mieux de mieux, on arrive à prendre pleine puissance de chacun.

Qu’a-t-il changé le coach Malick Houballah ?

Il a juste changé l’état d’esprit, les joueurs ont changé. Il a apporté un souffle nouveau, de la positivité dans le groupe. Avec le changement de coach, les cartes ont été rebattues. La qualité était présente mais aujourd’hui, tout le monde élève son niveau et en fait profiter son co-équipier. Il veut toujours la gagne, la gagne.

Aujourd’hui, le club ne peut plus se cacher, l’objectif est la montée ?

Un club comme St Leu ne peut pas avoir d’autre objectif que la montée ! Après il faut voir les choses dans son contexte. On a très mal démarré le championnat. Il y a eu un sursaut d’orgueil juste avant la trêve pour rectifier le tir sur quelques matches. A mi-saison, nous étions 6-7e au classement et à ce moment-là, il n’était pas question de montée. Il faut rester prudent surtout dans ce championnat. Des équipes démarrent très fort pour s’essouffler ensuite et d’autres démarrent très mal pour finir en trombe. Avant la saison, l’objectif du club était la montée. Aujourd’hui, nous sommes bien placés, en haut du tableau, il ne faut pas rater le train. On va arriver dans le money time, on va prendre les matches les uns après les autres. Et à la fin, on fera les comptes.

Le président (du Racing 92) me demande de faire des sacrifices sur le contrat mais ce n’était pas le deal initial. Il n’a pas tenu ses paroles, les écrits restent. Je ne pouvais pas lui en vouloir, certains présidents retournent leurs vestes, c’est le milieu qui est comme ça

Fernando Miranda

Peux-tu nous rappeler ton parcours ?

Ça va être long, en signant à St Leu, c’était mon 13è club (*). J’ai commencé le football à l’âge de 5 ans. J’ai habité en province à Nevers en Bourgogne où j’ai fait toutes mes classes là-bas jusqu’en -18. En 2006, je suis parti au centre de formation de Reims, je venais d’avoir 17 ans. La première année, j’étais au Creps car le club n’avait pas encore le statut de centre de formation. J’ai commencé en U18 DH et finis comme meilleur buteur du championnat avec 34 buts, je crois, mais je ne fais pas toute la saison. Car entre-temps, j’ai intégré la CFA. On finit champion et on monte en U18 Nationaux. La saison suivante, je reprends avec les pros (Reims était en Ligue 2) à 18 ans. Je prends part de toute la préparation estivale avec les pros et les 4 matches amicaux. Je subis une grave blessure qui m’empêche de signer mon contrat mais j’ai continué à jouer avec la réserve et de temps en temps avec les U18 Nationaux. Arrive la fin de saison, mon agent a eu des problèmes (Jean Marie Cantona) avec le directeur sportif qui était Olivier Letang. Olivier m’avait fait comprendre que si je restais avec cet agent-là, la porte était fermée, le club ne voulait plus travailler avec mon agent.

Devant le fait accompli, qu’as-tu décidé ?

Malheureusement je suis resté avec cet agent-là, je n’ai pas pu signer. Ensuite, je signe en 2008 à Sedan ou j’y reste deux saisons. Je devais arriver avec le statut stagiaire pro mais comme Reims a mis beaucoup de temps à libérer ma licence donc Sedan m’a fait signer à contrat de convention plus. Mieux rémunérer qu’un stagiaire mais moins qu’un contrat pro. La première année, ça se passe super bien, je joue avec la CFA2, deuxième partie de saison, je devais intégrer le groupe professionnel mais je me blesse à la cheville. Leur choix a été vite fait. C’est le remplaçant qui a été choisi à ma place et il a fini la saison avec eux. En fin de saison, le club me demande de rester mais uniquement pour jouer en réserve.

Tu tentes alors une aventure à l’étranger ?

Oui, un pseudo agent me contacte pour signer dans un club portugais. Je pars au Portugal, tous frais payés mais arrivé, ça ne passe pas du tout comme prévu. Il fallait faire une détection et des matches amicaux. Comme j’étais sur place, j’ai fait la première journée et c’est tout.

A peine arrivé, déjà reparti...

Dès le lendemain, j’ai pris mes cliques et mes claques. Je suis parti très tôt le matin (6-7h). Cet agent m’a recontacté pour me faire changer d’avis mais moi, j’avais pris ma décision.

Tu prends une sage décision et tu fais un retour au bercail pour te relancer ?

En 2010-2011, je signe à Imphy Decize ou je fais une saison complète avec 12-13 buts en terminant meilleur buteur du club. La saison suivante, je signe à Béziers avec le coach Xavier Collin. De nouveau meilleur buteur de l’équipe (11 buts et 4-5 passes décisives). Derrière, je signe à l’AS Cannes avec le coach Jean-Marc Pilorget. Très bonne saison en termes de statistiques même si j’ai joué sur les côtés. En fin de saison, on n’a pas trouvé d’accord, j’ai décidé de partir. Je me suis retrouvé tardivement à Pau avec le coach Laurent Strzelczak. En fin de saison, le club voulait me conserver mais je ne voulais pas rester, je voulais connaître autre chose, je n’avais pas accroché au niveau de la ville. Je suis parti à Bourges en CFA2 où ça se passe super bien. Pour 15 matches, j’inscris 11 buts pour 4 passes décisives. Je reçois plusieurs offres de plusieurs clubs. J’avais pour objectif de repartir en National et viser le monde pro ou sinon, je restais à Bourges car je leur avais donné ma parole.

Ronaldo le brésilien a révolutionné le poste d’attaquant. On ne reste plus à attendre le ballon. Aujourd’hui, les attaquants sont plus techniques qu’avant

Fernando Miranda

Performant devant le but, les convoitises et les clubs se bousculent forcément au portillon ?

Oui, Châteauroux me suivait et le coach Daury m’avait appelé directement. Orleans était aussi intéressé et le directeur sportif Julien Cordonnier m’avait appelé. Au final, rien n’a été signé. Dans le football, il ne faut pas se mettre des espoirs dans la tête. Finalement, je reste à Bourges pour seulement 4 mois et j’inscris 6 buts. Chambly se renseigne et je signe avec eux en National en décembre 2015. Le coach Bruno Luzi était intéressé par mon profil en décembre 2016. Je joue un an en National. Sur les 6 premiers mois, je joue 13 matches comme titulaire (5 passes décisives et 3 buts). La deuxième partie de saison, le club décide de recruter deux joueurs offensifs avec une certaine renommée et me prévient que mon temps de jeu va se réduire. Je prends mon mal en patience. Quelques clubs se positionnent comme Epinal, Boulogne sur Mer et Le Mans FC. Au début, je voulais aller à Epinal mais le club était classé dernier. A Boulogne, le coach me voulait mais pas le directeur sportif. Je me suis trouvé à signer au Mans en 2017.

Là-bas, tu es le choix du président mais pas celui du coach ?

Je fais tous les matches et le club monte. Ensuite en CFA, avec le club Richard Désiré, ça ne passe pas mais pas du tout. J’ai une discussion avec le président et je demande à casser mon contrat mais le président ne voulait pas. Je reste mais la situation avec le coach est restée tendue. A la fin du mercato, on veut bien me laisser partir mais c’est trop tard pour certains clubs, les budgets étant bouclés. Je joue plusieurs matches avec la réserve en R1, on finit champion et on monte en National 3. Ensuite je pars et je signe à Romorantin en CFA aujourd’hui coaché par Yann Lachuer. Je joue 6 matches et le président du Racing 92 m’appelle pour me proposer un bon contrat fédéral. Ça m’arrange, j’ai une sécurité et ça démontre la confiance du club vis-à-vis de moi. En janvier, je joue 12 matches pour 7 buts. En fin de saison, le président me demande de faire des sacrifices sur le contrat mais ce n’était pas le deal initial. Il n’a pas tenu ses paroles, les écrits restent. Je ne pouvais pas lui en vouloir, certains présidents retournent leurs vestes, c’est le milieu qui est comme ça. Ensuite je me suis retrouvé sans club, j’ai eu des projets comme partir en Asie, par l’intermédiaire d’un agent, j’attends, j’attends. J’ai attendu un mois et demi.

Et un heureux événement à l’horizon te chamboule ?

Au même moment, j’apprends que je vais devenir jeune papa de jumelles donc il était hors de question de partir si loin et si longtemps sans être sûr de rien. Finalement je signe à Aubervilliers mais là-bas, c’est très compliqué, je n’ai pas toute ma tête concentrée sur le football (naissance, covid, etc). Je joue tous les matches, je ne marque pas de buts. Ensuite, saison tronquée avec l’arrêt des championnats. A ce moment-là, je décide de re-tenter l’Asie et je m’entraîne sérieusement avec l’académie Kampos pour garder la forme. Un ami me propose de trouver un club sur Paris et me propose St Leu. Et comme ce club est ambitieux comme moi, je les ai rejoint. L’efficacité est toujours présente avec 5 buts, 6 passes décisives pour 12 rencontres.

Pour mieux te connaître, tu es quel type d’attaquant ?

Je suis plutôt un attaquant en rupture avec des appels en profondeur, je cours beaucoup. Je fais beaucoup de pressing. Etant jeune, j’avais comme modèles Ronaldo le brésilien et Anelka. Un ami m’a dit que je ressemblais à Carlos Tevez, un joueur qui ne lâche rien. J’ai une bonne finition devant le but, je suis un attaquant moderne.

Comment on devient un bon attaquant ?

On ne le devient pas... il faut avoir l’instinct du buteur pur. Ronaldo le brésilien a révolutionné le poste d’attaquant. On ne reste plus à attendre le ballon. Aujourd’hui, les attaquants sont plus techniques qu’avant. Un attaquant doit être complet et être capable de jouer à tous les postes offensifs pour répondre à plusieurs schémas de jeu.

Un dernier mot..

Je souhaite à St Leu une bonne fin de saison, terminer au mieux cette saison en ayant rempli les objectifs de début de saison.

* R1 (25 matches, 17 buts, 11 passes décisives), Niveau National (240 matches, 74 buts, 34 passes décisives)

Propos recueillis par Farid Rouas

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