Quantcast
News

19 octobre | 17h24

FFFUSA : ces parents ont vécu l'expérience

Alors que chaque année une centaine de jeunes quittent la France pour vivre le rêve américain avec un double projet scolaire et sportif, Actufoot s'est intéressé à l'expérience vécue par les parents qui voient leurs enfants s'envoler à plusieurs milliers de kilomètres. (Crédit photos : DR)

FFFUSA DETECTIONS FFFUSA

L'expérience FFFUSA regorge de belles histoires. C'est ce qu'est en train de vivre Thomas Bugnet (photo à la une) et sa famille originaire de Dordogne. Parti le 2 août 2019, à quelques jours de ses 18 ans (le 7 août), aux Etats-Unis grâce aux détections proposées par Elite Athlètes à Paris, le petit gaucher (1m70, 63 kgs, 22 de VMA) vit un véritable rêve américain. Après deux saisons à Cabrillo College (Californie), il compte bien poursuivre des études longues pour devenir médecin. "Il a 20 partout, il a toujours bien fonctionné à l'école. Il trouve même que le niveau de mathématiques est "moins soutenu" qu'en France, qu'il a plus de temps libre", explique son père Rodolphe plein de fierté. Et il peut en être fier car, en plus d'être un excellent étudiant, son fils s'est distingué par ses performances sportives. Il est le premier athlète à évoluer dans trois disciplines universitaires : le soccer, le football américain et le tennis. Initialement parti pour jouer au football à haut niveau en parallèle de ses études scientifiques, le jeune homme, qui a toujours été passionné par le foot, a surpris toute son université au point d'en devenir une véritable mascotte. "Convoqué par le coach de l'équipe de football américain, il a mis des transformations du milieu de terrain (environ 60 yards), ils ont halluciné ! Trois jours après, il avait sa tenue. Il a d'ailleurs eu l’occasion de jouer la finale de championnat de Californie nord que son équipe a perdu mais ils ont eu leur passage en finale grâce à un kick de Thomas", relate encore son papa.

Si Thomas Bugnet avait entamé des études à l'université de Bordeaux (préparation Maths Sup), il a intégré l'équipe de football universitaire en octobre-novembre après un break pour se consacrer aux études. Le coach repère alors ses qualités et le met en contact avec FFFUSA. Il remplit le dossier et processus s'enclenche. En janvier, il est accompagné par son père à la détection de Paris. Dans ces détections, organisées plusieurs fois par mois cette saison, on retrouve également des joueurs issus de centres de formation qui n'ont pas réussi à passer la marche du monde professionnel. C'est par ce biais qu'Emile Rzepecki, milieu de terrain formé à Sochaux, a connu l'organisme certifié par la FFF dont des équipes passent chaque saison dans les structures professionnelles pour présenter cette solution permettant d'obtenir un diplôme en parallèle du sport à haut niveau.

Emile Rzepecki (à gauche), joueur de Coastal Carolina (Crédit photo : DR)

Les détections FFFUSA comme point de départ

Repéré lors de la finale organisée à l'issue de toutes les détections de la saison en mars à Clairefontaine, devant une cinquantaine de coachs d'universités américaines, Emile a été choisi par Coastal Carolina (NCAA D1). "Au départ, on était un petit peu dubitatif en tant que parents car c’est quand même une expérience outre-Atlantique. J’ai une fille aînée qui vit au Canada mais on était quand même partagé. Quand on ne vit pas de l’intérieur l’expérience, c’est difficile de se projeter", confie Alain Rzepecki. Malgré quelques appréhensions légitimes de laisser partir leur enfant, les parents se sont rendus aux Etats-Unis pour l'aider à s'installer. "On a passé une semaine là-bas donc on a pu prendre la température des lieux, faire quelques achats nécessaires comme un frigo, des choses comme ça. Dans la foulée, il partait déjà en déplacement sur la Côte Ouest, dans l’Oregon de mémoire."

Après avoir aidé leur fils à emménager, le temps est venu pour les parents de le laisser prendre son envol de l'autre Côté de l'Atlantique pour qu'il vive son rêve. "Ce n’est pas quelque chose d’anodin de laisser son fils là-bas, on n'était rassuré qu'au bout de quelques mois quand on a vu que ça se passait bien scolairement et sportivement." Actuellement dans sa troisième année, Emile Rzepecki est parti pour rester cinq ans dans l'Université de Caroline du Sud. "Son contrat est maintenu à la seule condition qu’il réussisse sur le plan scolaire. Il ne peut pas se contenter que du sportif, il faut valider chaque année d’études", décrit encore le père. Emile avait d'ailleurs déjà vécu loin de ses parents puisqu'il a été international U16 avec l'équipe de France avec des tournois en Turquie et en Angleterre. Avec Sochaux, il s'était également rendu en Guadeloupe mais toutes ses expériences n'étaient que sur une période d'une semaine. Le jeune homme a donc vécu un véritable changement. "Il est épanoui, il a trouvé son équilibre. Son choix s'est avéré vraiment judicieux. On est vraiment ravi pour lui car dans les centres de formations français, vous n’avez pas de vie universitaire. Nous, on n’habitait pas loin de Sochaux donc il rentrait chaque soir et n’avait donc pas la vie classique d’un étudiant. Il était chez ses parents tandis que là il est avec des jeunes de son âge, c’est mieux pour son équilibre personnel."

Le départ, moment difficile pour les parents

Après avoir été sélectionnés, les joueurs doivent entamer toute une série de démarches administratives. Ils doivent premièrement passer des tests d'anglais (Toefl, et SAT/ACT). S'en suit un rendez-vous avec l'ambassade américaine à Paris pour une obtenir un visa, les inscriptions à l'université et à la fédération universitaire américaine avant de rejoindre leur université américaine. Si en France, les études sont presque gratuites et accessibles pour tous, ce n'est pas du tout le cas de l'autre côté de l'Atlantique où les universités ont un coût assez élevé. Néanmoins, FFFUSA négocie des bourses pour chacun des joueurs pour que l'argent ne soit pas un frein au départ. Jérôme Meary, l'un des co-fondateurs de FFFUSA, nous confiait récemment qu'en fonction des universités les bourses peuvent se négocier entre 5 000 et 80 000 euros par an.

"Les équipes de FFFUSA étaient tout le temps là pour nous accompagner, si on avait un questionnement, un soucis, ils étaient très réactifs et même jusqu’à maintenant", tient à souligner Maria Fokam dont le fils a été formé en Ile-de-France sans passer par un club professionnel. Malgré quelques craintes de laisser partir son fils aux Etats-Unis, elle en est très fière. "Comme toute maman, j'ai pleuré, beaucoup pleuré avant son départ. J'avais un peu peur car il n'avait que 17 ans donc c’était un peu jeune pour le laisser partir mais on a tenté l’expérience. Quand on le laisse partir en prenant deux avions avec une correspondance, on se demande s'il saura s’en sortir. On se demandait également si on avait fait le bon choix de l'envoyer aux Etats-Unis, admet-elle, mais avec FFFUSA on avait les pieds sur terre."

Jacques Fokam, numéro 9 de Coker University

Jacques Fokam est aujourd'hui en troisième année de Bachelor à Coker University (Caroline du Sud) et revient, comme chaque étudiant, pour chaque vacance en France, à Noël et pour l'été. Considéré comme l'un des meilleurs attaquants de sa région, il est la fierté de sa famille et de ses anciens clubs (Colombes où il a commencé à trois ans, la Garenne Colombes, Sartrouville, Argenteuil...). "Il a beaucoup évolué sur le plan physique et en maturité", analyse encore Maria, heureuse de retrouver son fils lors des vacances.

« J'invite les parents à entamer les démarches dès la fin du baccalauréat »

Alain Raison, père de Mathieu

Le retour après l'expérience

Si les tous meilleurs ont une chance d'être drafté en MLS, certains choisissent de rentrer après leur expérience unique vécue aux Etats-Unis. Mathieu Raison est dans ce cas puisqu'il a obtenu un MBA (master of business administration) avant de revenir en France terminer ses études à l'EDHEC, une école de commerce qui lui avait accordé une dérogation de deux ans. "Il a toujours évolué aux Chamois Niortais jusqu’au baccalauréat en section Scientifique Sport Etudes. Il a eu une opportunité de contrat en tant que stagiaire pro mais ça ne s’est pas concrétisé car lui voulait concilier pratique du foot et les études", confie son père Alain.

Mathieu Raison, joueur de Rollins College (Orlando)

S'il a quitté le club professionnel, le jeune homme a continué à jouer au football pour le loisir au niveau régional. "En 2016, il a vu un reportage télévisé qui parlait de FFFUSA. Ca lui a donné l’envie de remettre le pied à l’étrier. Il a contacté des joueurs puis Jérome Meary (un des cofondateurs de FFFUSA, NDLR)", explique-t-il encore. Si ses parents n'ont pas eu spécialement de craintes, car ils ont vu "que le projet était sérieux à travers FFFUSA", ils voulaient absolument que leur fils terminent ses études. "On a trouvé avec mon épouse que l’action de FFFUSA était très bonne, ils ont clairement étudié le dossier académique. Et en plus le MBA à l'université d'Orlando est une très belle formation. On est très satisfait de ce parcours, il a progressé, il a acquis un diplôme de haut niveau, se réjouit Alain Raison. J’inviterais les parents à entamer les démarches dès la fin du baccalauréat. A l’époque, ça aurait été clairement un plus si mon fils avait connu FFFUSA avant ses 20 ans. Il aurait certainement fait plus que deux ans là-bas."

Geoffrey Leplang

Restez informé !

Inscrivez-vous à notre newsletter :