C’est le genre de joueur que tout entraîneur aimerait avoir dans son effectif. Milieu de terrain de formation, Hermann Esmel surnommé depuis tout petit non par hasard « la pioche » pour sa ressemblance dans son jeu avec Paul Pogba, étonne par sa polyvalence. « J’aime casser les lignes par ma puissance ou par mes passes. C’est mon point fort ! C’est pour ça que le coach m’a mis dans sa défense à trois au début de saison parce que dès la première relance j’essayais toujours de casser le pressing adverse » nous explique-t-il.

Quitter le monde pro pour continuer avec les amateurs

Son point fort, Esmel a su le développer au fil de sa formation à Fleury-les Aubrais puis à l’US Orléans. Capitaine, et souvent surclassé dans la catégorie supérieure, il s’entraînait même avec le groupe A pour jouer avec la réserve du club en N3, mais sans jamais signer le moindre contrat professionnel. Une situation qu’il n’a pas acceptée : « Orléans à cette époque ne faisait pas confiance aux jeunes. Il n’y avait aucun joueur de la formation qui avait signé un contrat pro. Moi ils m’ont proposé de rester et de m’entraîner avec les pros mais sans contrat ni garantie de temps jeu. Mais refaire encore une deuxième année en N3 avec eux ça ne m’a pas convenu donc je suis parti à Saint-Pryvé en N2 pour gravir l’échelon supérieur. »

Un choix qui peut paraitre surprenant, mais sûr de ses qualités, Hermann Esmel a toujours eu la conviction de réussir : « Je connais mes capacités. Je savais que j'allais jouer à Saint-Pryvé en N2 et que j’avais le niveau pour. Je savais aussi que c’est un championnat suivi par des clubs plus haut donc si je jouais bien, ça devait payer. »

Yann Lachuer ne s’est pas trompé

Après un passage à Saint-Pryvé, « la pioche » est repérée par Yann Lachuer, entraîneur du SO Romorantin. Tombé sous le charme d’Esmel, l’ancien footballeur professionnel passé notamment par Auxerre et Troyes, voulait absolument le voir dans équipe : « Quand j’étais à Saint-Pryvé en National 2, on avait joué contre Romorantin justement et j’étais aligné en défense parce qu’on avait eu un blessé dans notre charnière centrale. C’est à partir de là que le coach d’en face (Yann Lachuer) m'avait proposé de venir chez lui dès janvier.

Droit dans ses bottes, Hermann a alors attendu la fin de la saison pour le rejoindre à Romorantin. « Il m’avait dit que je venais pour jouer derrière mais que je pouvais aussi être aligné au milieu. Mais dans la défense à trois du coach je ne suis pas vraiment défenseur, par mon jeu je m’intègre beaucoup au milieu de terrain grâce à mes qualités de relance. Puis quand il (le coach) a estimé que défensivement on était devenu plus solide, je suis définitivement passé au milieu. »

Malgré un début de saison compliqué (le club est actuellement 13^e avec 9 points), Esmel analyse les performances de son équipe avec beaucoup de maturité « Je pense que la roue va tourner. On ne marque pas, et on donne les buts à chaque fois … A chaque match on domine l’adversaire mais on prend des coup-francs, des penalties (quatre buts encaissés sur pénalty cette saison). Mais on a toujours dominé les matchs du début jusqu’à la fin. Malheureusement dans nos petits temps faibles on prend des buts. »

Des résultats qui ne donnent pas pleine satisfaction au classement, mais sur le terrain, le jeune joueur s’y plait : « On n’est pas bien classé mais on a une très belle équipe qui joue bien au ballon. Moi je suis un joueur qui aime ça, et je prends beaucoup de plaisir dans ce groupe. » En prime, lui qui n’a pas l’habitude trouver le chemin des filets, a déjà marqué deux fois cette saison en huit matches de championnat. Pas mal pour un garçon qui joue loin des buts adverses.

La Coupe de France pour se révéler un peu plus

Du plaisir, il faudra aussi en prendre ce samedi contre La Berrichonne de Châteauroux en Coupe de France. Un adversaire de renom, mais surtout de niveau supérieur. Pour Esmel, il n’y pas grand-chose qui change dans la préparation de ce match : « Je suis serein. Pas trop de pression particulière. C’est sûr que c’est un match à jouer quand on est joueur parce que c'est un adversaire supérieur. L’année dernière on a joué contre Orléans qui était aussi National, et on avait gagné (1-1 / victoire 4-2 aux TAB) ».

Malgré son jeune âge, 22 ans, il a déjà une certaine expérience de la Coupe : « Avec Saint-Pryvé on avait éliminé Toulouse avant de sortir contre Monaco. C’était une belle rencontre aussi. Les matches comme ceux-là, je me dis juste que c’est du football, mais j’essaie toujours de bien faire. Je suis peut-être plus concentré mais je ne mets pas de pression en plus. Si je veux trop en faire, c'est là que je vais sûrement me perdre. Il faut bien jouer sans vouloir déjouer. Comme j'ai pu le faire l'année dernière contre mon ancien club d’Orléans en Coupe aussi où j’ai livré une belle perf’. »

Des performances plus qu’honorable pour un joueur qui n’a jamais baissé les bras, et qui continue son travail acharné en attendant son heure : « Je veux aller plus haut parce que je sais que j'ai les capacités pour. Je n’ai pas de doutes sur ça. Si je n’ai pas confiance en moi qui va l’avoir ? Je vais attendre le bon projet et le bon moment. Je sais que chacun un jour aura son moment. J’aurai peut-être dû l’aller en haut plus rapidement, mais si ça doit prendre plus de temps, ça prendra plus de temps ce n’est pas grave. »

Ahmet RAYMAN