Jérôme tout d’abord, pouvez-vous nous parler de votre groupe U18R ?

C'est un groupe sur la génération 2004 avec les meilleurs 2005 qui sont ensemble depuis 4 ans. La plupart se connaissent depuis la catégorie U14. Pour ma part c'est la dernière année que je les ai en sachant que ce groupe de 2004 a sans cesse dû être renouvelé en raison des départs vers des structures professionnelles sur les 4 ans qui se sont déroulés. Il y a une nouvelle équipe qui s'est créée et un groupe complet de la génération 2004 qui s'est envolée vers une autre sphère. Il a donc fallu composer différemment puisque les individualités fortes sont difficiles à remplacer. Le but était de créer une équipe à composition collective, avec un état d'esprit conséquent et qui soit plus forte collectivement qu'instinctivement. Ça ne veut pas dire que les joueurs que j'ai actuellement n'ont pas de qualités individuelles, loin de là, mais c'est quelque chose qui est beaucoup plus marquant entre les départs et les restants.

Quel bilan tirez-vous après 14 journées de championnat ?

On était très bien partis sur la première moitié de saison, sur la phase aller. On était carrément en tête avec Hyères. Il y a tout qui nous souriait et nous avons fait un parcours sans faute. Là, le rythme a commencé à baisser mais jusqu'à la trêve de décembre, tout aller bien puisqu'on surfait sur une vague et une dynamique digne des dernières saisons. Actuellement, on accuse un peu le coup avec des arrêts, des orientations scolaires ou professionnelles pour certains donc on a eu des pertes sèches. Des joueurs de niveau, des cadres qui étaient là depuis 3-4 ans et qui ont préféré arrêter pour se consacrer à leur projet. Derrière, on n'a pas été épargnés par le Covid. En tout cas la vague nous a pris de décembre à janvier. Pour vous donner un ordre d'idées, ça fait 4 matches que je suis à 12 car on a les objectifs avec les U17R qui sont associés. Il y a les U17R, les U18R, D1 et D2 donc nous avons quand même 4 équipes dans la même catégorie à alimenter, sans compter les séniors. Disons que stratégiquement par rapport à la politique du club, j'ai réorienté les objectifs en priorisant certaines catégories en vue de la saison 2022-2023. Je me mets donc un petit peu "à poil" si je puis dire, pour pouvoir atteindre les objectifs des uns et autres tout en restant concerné sur les nôtres...

D'ailleurs, quels sont ces objectifs ?

Les joueurs s'étaient fixé de se rapprocher des U19 nationaux. Il est vrai que, de part la situation de décembre à janvier avec le Covid et les résultats où nous avons enchainé 4 matches avec 3 nuls et 1 défaite contre les équipes mal placées, il s'est créé une distance trop importante avec Hyères. Aujourd’hui pour aller les chercher ça me semble plus que compliqué donc de façon rationnelle, on a réajusté nos objectifs. Il est hors de question qu'on finisse en roue libre ou qu'on soit moins concernés. On va essayer d'être dans le trio de tête ou à minima dans les 5 premiers pour atteindre les U20R tout en restant compétitifs et en allant chercher, pour les U17R et la génération 2005, le championnat U18 R1.

Comment se sent le groupe avant le match contre l’ASPTT Marseille ?

Ils ne se sent pas plus en difficulté qu'avant les autres. On voulait enchaîner contre Luynes mais ils ont déclaré forfait le samedi à 19h45 pour un match le dimanche à 11h. On a été privés de match à ce moment-là mais les garçons travaillent dur, bien et ils sont rigoureux. Nous n'avons pas plus de pression sur ce match que sur les autres qui arriveront derrière. Le plus important c'est de prendre du plaisir, essayer de se retrouver un peu tous ensemble dans des efforts communs et dans certaines valeurs pour lesquelles nous nous sommes un peu perdus avec les ambitions et les projets individuels qui peuvent être scolaires, professionnels ou même sportifs. Certains sont amenés peut-être à aller chercher autre chose, sauf que des fois ça déteint sur le projet du club, sur le FC Mougins et les objectifs qu'on s'était fixés. C'est un peu délicat toute cette gestion. C'est aussi la première année où nous faisons une saison complète quasiment sur l'après-Covid. On sent des garçons qui, déjà au mois de février, son dans un état mental semblable à celui d'une fin de saison au mois de juin. Ça se ressent aussi sur le plan physique, mais je pense que le contexte sociétal, familial, personnel ou professionnel fait qu'il y a une accélération de ces facteurs-là.

Sur le plan sportif, ressentez-vous une progression chez vos joueurs ?

Oui. C'est un groupe qui travaille depuis 4 ans et avec lequel nous sommes sur l'optimisation de la performance individuelle au-delà des objectifs de résultat et de développement collectif. Les garçons sont la plupart issus d'un niveau de foot réduit et de district, niveau trois et pour certains niveau quatre. Ils ont tous vécu un échec, que ce soit des retours de centre formation ou des objectifs souhaités qu'ils n'ont pas atteints. C'est ce que j'appelle des "pseudo-dépressifs" parce que c'est assez compliqué pour eux. Après tant d'années, ils n’atteignent pas ce qu'ils veulent alors qu'ils ont travaillé pour. La formation, c'est un processus qui est long et complexe. Ça peut être sur le plan mental, parce qu'il faut construire des hommes et allez chercher des habilités à développer, sur le plan physique et athlétique mais aussi tactique. Il y a une évolution majeure car ce sont des joueurs confirmés au niveau régional alors qu'ils étaient tous issus d'un niveau D1 ou D2 dans leurs clubs respectifs auparavant, même chez nous. C'est la plus grande des fierté. On part de rien et là nous sommes cinquième, bien que la saison ne soit pas encore terminée, et pendant trois ans on a été dans le top 3 régional. Les résultats viennent avec le développement et pas l'inverse pour moi. Aujourd’hui, Il y a une satisfaction au niveau du travail qui est mis en place même si ça commence à être dur parce qu'il a fallu que je m'adapte aussi dans mon management depuis 4 ans par rapport à ma façon de fonctionner. C'est aussi enrichissant pour moi que pour eux.

En tant que responsable du pôle foot à 11, quel est votre regard sur les équipes jeunes et seniors ?

Par rapport aux Seniors, on va vite faire un parallèle. Ils ont tout simplement comme ambition, et ils ne s'en cachent pas, de monter rapidement en R2 pour être en adéquation avec ce que nous proposons en jeune. C'est tout à fait légitime. Aujourd’hui on se rend compte qu'à Mougins nous travaillons très bien, nous formons beaucoup, mais nous ne voyons pas le fruit de notre travail. C'est-à-dire que tant que nous serons en D1 avec les Seniors, nous n'aurons pas de passerelle attractive pour les prochaines générations. Le constat est que nous formons pour les clubs moyens. Les clubs aux alentours ont des U19 Nationaux, de la R2 et de la R1 en senior. Même les clubs qui sont hors département et qui ne sont pas très loin comme le SC Toulon ou toutes ces structures-là, ont un droit de regard sur nos joueurs. Il est vrai que nous formons pendant 4 ans et au final, en senior, très peu de joueurs restent. C'est compréhensible car ils vont consommer à un niveau de pratique supérieur dans leur catégorie d'âge. Aujourd'hui nous sommes en retard par rapport à cela.

Quels sont vos ambitions, vos projets pour les années à venir ?

Et bien ça serait de franchir un cap. Aujourd’hui, on se rend compte que le niveau régional est accessible à tous. Il suffit d'être un club plus ou moins structuré, labellisé, avec pour commencer des U14R. Il n'y a qu'à regarder le nombre de clubs et de poules. Nous, si on devrait se démarquer au-delà du travail effectué en interne et de l'image que l'on véhicule, ça serait en passant sur une sphère nationale que ce soit en 17 ou en 19 ans. Il nous manque quand même pas mal de moyens pour pouvoir exister comme tel. Nous avons des projets ambitieux. Il y a la mise en place d'un pôle performance où nous développons des sujets pour aller dans ce sens, en commençant par la première filière du pôle espoir. Ensuite, on voudrait travailler avec des internats privés pour pouvoir avoir une émane de joueurs à critères vraiment différents de ce qu'on peut avoir chez nous car on a un ADN très précis au FC Mougins. C'est très positif mais cela peut nous faire défaut sur le sprint final pour aller décrocher ce niveau national ou même régional en senior. Il faut essayer de développer les individus à leur maximum. Cela va passer par de l'investissement, la qualité des éducateurs, le recrutement même si nous ne sommes pas un club qui recrute en masse. Tous ceux qui veulent s’inscrire sont les bienvenus à partir du moment où ils respectent nos valeurs et les gens qui sont là pour le club.