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4 novembre | 11h45

Malcolm Barcola : « Passer du N2 à la sélection togolaise, ce n'est que du travail »

Des internationaux qui évoluent en National 2, ça ne court pas les rues. Mais l’Olympique Lyonnais en compte un dans son équipe réserve en la personne des gardien de but Malcolm Barcola. Son parcours avant l’OL, sa vie dans le club de sa ville, l’international togolais s'est livré pour la première fois sur Actufoot. Entretien. (Photo : IconSport)

NATIONAL 2 OL OL N2 Malcolm Barcola

Tu es né à Lyon, mais tu n’as intégré que tardivement le centre de formation. Peux-tu nous décrire ton parcours avant l’OL ?

J’ai commencé le foot dans club de mon quartier à l’âge de 6 ans. Au début, j’étais joueur de champ, mais en U11-U12, rester sur le terrain était quasiment devenu impossible pour moi à cause de mon asthme. Je me suis alors repositionné comme gardien de but. Au départ, j’avais fait ce choix pour être avec mes amis, mais au final, il se trouvait que j’étais plutôt bon (rires).

Par quels clubs es-tu ensuite passé ?

À ce moment-là, j’avais déjà fait une première fois les tests pour intégrer le centre de formation de l’OL, mais ils ne m’avaient pas retenu. Ils avaient préféré me diriger vers un club partenaire, le FC Lyon, où j’ai passé deux ans. Ensuite, je me suis rapproché de chez moi en jouant au FC Vaulx pendant une saison. En U15, j’étais un peu découragé par le foot et je voulais tout arrêter. Mes amis m’avaient alors convaincu de les rejoindre à l’ASVEL en division inférieure. Là-bas, j’avais vraiment repris goût au foot. On ne faisait que gagner et je prenais beaucoup de plaisir avec mes potes. J’étais en U17 première année et je jouais souvent avec les U19. Un jour, on avait joué contre les U19 de La Duchère et à la fin du match, le coach m’avait dit que si je le rejoignais à la Duch’, je n’aurais pas à payer la licence et je n’aurais pas besoin de faire d’essai. Je l’ai donc rejoint l’année suivante. Au bout d’un mois et demi, j’ai reçu une première convocation pour un test à Nantes. Ça s’était plutôt bien passé pour moi, mais je n’avais pas eu de réponse. C’est là que l’OL s’est intéressé à moi. Comme j’ai mon petit frère (Bradley) qui joue là-bas depuis qu’il a 8 ans, je connaissais déjà la plupart des entraîneurs en jeunes. C’est d’ailleurs Julien Sokol qui est aujourd’hui notre team manager en pro qui m’avait convoqué.

Tu te souviens d’un éducateur qui t’as marqué dans ces clubs-là, avant ton arrivée à l’OL ?

Ah oui ! À l’ASVEL on avait Cédric, l’entraîneur des gardiens. Sans lui je ne suis pas sûr de continuer le foot. Enfin sans lui et ma mère (rires). Quand je disais à ma mère que je voulais arrêter le foot, elle ne voulait pas ! Elle préférait que je continue le sport plutôt que de traîner dehors à ne rien faire. Elle m’a beaucoup poussé.

Ta mère était un soutien très important pour toi alors...

Quand je suis passé du FC Vaulx, en Ligue Honneur, à l’ASVEL qui était en promotion d’excellence, donc quelques divisions en dessous, ma mère me boudait (rires). Elle me disait que ce n’était pas là où je méritais d’être. Avec mon père, et Bradley, on s’entraînait très souvent, mais c’est vraiment ma mère qui voulait que je continue à fond le sport.

En 2016 tu rejoins donc l’OL, mais tu te révèles surtout plus tard lorsque tu as l’occasion de disputer la Youth League en 2018-2019.

Totalement. Ça m’a révélé « au public » si on peut dire. Mais cela m’a surtout permis d’être remarqué par les autres éducateurs de l’OL et par l’instance du club. Parce que lors de ma première saison à l’OL, je ne joue aucun match. C’est Antony Racioppi (aujourd’hui à Dijon) qui était numéro 1, et quand il n’était pas là, c’était Nicolas Garcia qui le remplaçait (aujourd’hui sans club). Moi je n’étais que le troisième gardien des U19.

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OL -Ajax, 1/8 de finale de l’UEFA Youth League (2018-2019). Sont présents : Malcolm Barcola, Hamza Rafia, Maxence Caqueret, et Rayan Cherki.

Tu fais toi aussi partie d’une belle génération (les 1999-2000) avec notamment Amine Gouiri, Melvin Bard, Hamza Rafia, ou encore Maxence Caqueret … Quel est le joueur qui t’as le plus marqué ?

(Il réfléchit.) À l’OL, il n’y a que des très bons joueurs, mais celui qu’on aimait bien avoir dans son équipe plutôt qu’en face, c’était Hamza (Rafia). Il était très fort dans les jeux à l’entraînement mais surtout pendant les matches. Il a d’ailleurs quitté le club après ses belles performances en Youth League. (Il rejoint la Juventus à l’été 2019. Il est aujourd’hui au Standard de Liège.)

Tu le suis encore ?

Oui c’est un bon ami. On n’a pas besoin de s’écrire tous les jours ou de poster 50 000 photos ensemble sur les réseaux pour savoir de qui on est proche ou non, mais avec Hamza on est toujours en contact.

Cherki ? Je ne sais pas dans quelle soupe il est tombé, mais c’est devenu un bœuf.

Avec vous, il y avait un certain Rayan Cherki (2003) qui était surclassé en U19. Il fait aujourd’hui partie du groupe professionnel. Est-ce que tu es surpris par sa progression ?

Rayan, je le connais depuis tout petit, je l’ai vu grandir. Il a toujours été en avance par sa technique et aux alentours de ses 14 ans, je ne sais pas dans quelle soupe il est tombé, mais c’est devenu un bœuf (rires). Donc, non, je ne suis vraiment pas surpris. J’espère qu’à l’avenir il fera encore mieux.

Depuis la signature de ton premier contrat pro avec l’OL en 2019, tu n’as dû te contenter que de quelques apparitions dans le groupe pro. Malgré cela, juges-tu ton aventure à l’Olympique lyonnais comme une réussite, ou as-tu le sentiment d’un travail inachevé ?

Quand on vient d’où je viens, comme plusieurs autres joueurs de l’Académie aussi, qu’on intègre l’OL, et qu’ensuite on a la chance de signer un contrat professionnel, même si on ne dispute pas 200 matches, c’est déjà une petite réussite en soi. Un jeune comme moi qui vient de la région et qui passe pro ici ne peut pas dire que son passage à l’OL est un échec. Que je reste ou que je parte, j’aurai toujours une bonne image de l’Académie OL.

Justement, ton contrat arrive à son terme cet été, dans quel était d’esprit es-tu aujourd’hui ?

Je suis un vrai Lyonnais, et toute ma vie est ici. On en reparlera avec le club le moment voulu, mais si l’OL veut que je continue à progresser avec eux, et qui sait, qu'un jour que je joue avec les A, ça sera toujours avec grand plaisir. Mais si je dois prendre mon envol et partir ailleurs, c’est la vie. C’est comme ça qu’on avance aussi.

À l’OL, tu as eu la chance de côtoyer des grands noms comme Grégory Coupet, Anthony Lopes, Rémy Vercoutre ou même Jöel Bats avant qu'il n'arrête. Qu’est-ce qu’ils ont pu t’apporter durant ta formation ?

Anthony (Lopes), il m’apporte son expérience. Ce n'est que du positif d’être avec une personne comme lui à l’entraînement. Aujourd’hui on est avec Rémy (Vercoutre) et ça se passe aussi très bien, c’est une bonne personne, tout comme Greg (Coupet). Ils sont très travailleurs. Joël Bats je l’ai vraiment côtoyé de loin, je n'ai dû faire qu’une ou deux séances avec lui. Mais ça fait deux saisons maintenant que je suis quotidiennement avec Antho et je peux dire que la personnalité de Joël a déteint sur lui, mais aussi sur Greg et Rémy. À travers ces trois noms finalement, c’est comme si je l’avais connu (rires).

Depuis 2019, tu es régulièrement appelé avec la sélection du Togo, quelle fierté cela doit être pour toi !

Ah oui ! Qui ne rêverait pas de porter le maillot du pays de la terre de ses ancêtres. Quand j’étais petit, on allait souvent au Togo, je voyais Adebayor et Kossi Agassa, c'était fou. Dans nos quartiers on se représentait tous par nos pays d’origine, et aujourd’hui, défendre ces couleurs c’est plus qu’une grande fierté. Mais passer du N2 français à la sélection togolaise, ce n'est que du travail.

Ton petit frère Bradley, qui joue au poste d'attaquant, vient de signer son premier contrat avec l’OL cet été. Quel est ton rôle dans sa carrière ?

Mon rôle, que ce soit dans sa carrière ou dans sa vie, c’est d’être son grand frère. Que je sois joueur, éboueur ou sans travail, je suis avant tout son frère. Mon but c’est de lui montrer un peu l’exemple et d’être présent quand il en a besoin. Le seul conseil que je peux lui donner, c’est de travailler, travailler et encore travailler. Pour réussir à l’OL, il n’y a pas de secret.

En tant que gardien, tu peux aussi lui donner les failles des portiers adverses…

(rires) Non non, je n’ai vraiment aucun doute sur sa manière de trouver les failles par lui-même. Quand il a le ballon devant le but, je ferme les yeux et je commence déjà à célébrer.

Propos recueillis par Ahmet Rayman

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