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9 août | 17h00

N2. Kévin Pradier (Chamalières) : "Ce n'est pas mon âge qui fait ma compétence"

Plus jeune entraîneur de National 2 parmi les 64 clubs engagés pour la saison 2022-2023, Kévin Pradier, 29 ans, s'est confié en exclusivité à Actufoot.com. (Crédit photo : FC Chamalières).

FC CHAMALIÈRES FC CHAMALIÈRES N2 Kévin Pradier

Depuis quand entraîner est-il une évidence ?

Très jeune j’ai donné des coups de main dans les différentes catégories des clubs où j’ai évolués. Il faut savoir que j’ai été orienté sport très vite et que j’ai toujours été intéressé par le jeu, par les entraîneurs, la façon dont ils travaillaient. J’ai toujours été curieux avec les entraîneurs qui poussent à la réflexion, j’ai toujours eu aussi ce regard porté sur la façon d'amener les joueurs à réfléchir et sur leur activité en elle-même. Au final, c’est venu assez tôt pour répondre à votre question.

A quand remonte votre premier contact avec le football ?

J’ai commencé le foot tout petit dans le club de mon village, dans le Puy de Dôme, à Martes de Veyre. J’y ai joué jusqu’en moins de 13 ans avant de partir au club de l’AS Mont Véran pendant 2 ans. Ensuite, j’ai eu la chance d’intégrer le pôle espoir de Vichy en centre de préformation. En parallèle, j'ai joué au Clermont Foot au niveau national chez les jeunes. Ma carrière de joueur s’est ensuite terminée dans mon tout premier club avec les séniors à partir de mes 16 ans. À Martes de Veyre, j’évoluais au niveau régional. J’ai vite diminué mon rôle de joueur étant donné que je suis monté rapidement dans les diplômes de coach. J’ai donc vraiment arrêté de jouer quand j’ai passé le BEF, il y a de ça 5 ans.

Quel est votre parcours d'entraîneur ?

J’ai commencé à entraîner à 18 ans avec la section U17 du club des Martes. Toujours dans le même club, j’ai réalisé trois années avec les U19. J’ai ensuite eu l’opportunité l’année d’après de prendre les U18 R1 du club de Cournon. Mon arrivée dans le monde sénior au poste d'entraîneur s’est faite dans mon club de toujours, à savoir Martes de Veyre. J’étais à la tête de cette équipe pendant cinq ans au niveau R3. En parallèle, j’étais responsable technique de la structure et en responsabilité technique de la section sportive football au collège.

Avez-vous des inspirations chez les grands coaches ? Lequel se rapproche-t-il le plus de vos idées de jeu et de la façon de concevoir le football en général ?

Je pense qu’on est plus impacté par des entraîneurs qu’on a connus sur notre propre parcours. Ces personnes qui nous ont marqués et qui nous ont donnés envie de passer de ce côté-là. Il y a notamment deux entraîneurs qui ont marqué mon parcours de joueur. Il s’agit de Alain Ollier qui était directeur du pôle espoir de Vichy à l’époque et Rémi Lecour qui en était le directeur adjoint et que j’ai eu en entraîneur chez les séniors pendant plusieurs années. Pour répondre à votre question, si je devais faire le parallèle avec le haut niveau, j’aime beaucoup aujourd’hui la gestion humaine d’un Jurgen Klopp. En effet, sa connexion avec les joueurs lui permet d’en tirer la quintessence. Un entraîneur, c’est avant tout quelqu’un qui gère les hommes et ce sont les relations humaines qui prédominent dans ce métier.

Je pense que l’âge, c’est simplement le chiffre qui est marqué sur ma carte d’identité de coach. Ma légitimité, c’est celle d’avoir été chercher mon diplôme sûrement plus jeune que la moyenne

L’aspect humain est-il la dominante la plus importante selon vous ?

On travaille énormément tactiquement, techniquement et athlétiquement évidemment. Tous les facteurs de la performance sont importants quand on est entraîneur. Je suis un coach qui est proche de ses joueurs et créé une relation de confiance avec eux. Cela passe forcément par un plaisir partagé quand on se retrouve. Si l’aspect humain n’est pas développé, il est beaucoup plus difficile d’aller chercher des résultats. C’est ma conviction en tout cas.

Quelles sont les autres qualités requises pour un coach ?

Un entraîneur, c’est quelqu’un qui va maîtriser l’ensemble des facteurs auxquels il est confronté dans fonction. Pour cela, il devra s’aider de sa formation, de son parcours, des conseils de ses anciens entraîneurs ou encore de sa vision des choses. Un bon entraîneur c’est quelqu’un qui sait bien s'entourer. En effet, le staff est extrêmement important étant donné qu’au niveau N2 on gère un staff à part entière. C’est donc le cumule de compétences de chacun qui fait cette force. On à des spécialistes à chaque poste. Moi, je vais plutôt être passionné par l’aspect tactique et mental. Je suis conscient que la dominance athlétique est un domaine où je n’ai pas des connaissances fortes. Et j’ai nécessairement avec moi un membre du staff qui est compétent dans cette dominante.

À l’image d’un Julian Nagelsmann avec le Bayern Munich, quels sont selon vous les avantages et inconvénients à être un jeune coach ?

Ce boom des jeunes coachs est très visible en Allemagne ou dans d’autres pays européens. Mais il est beaucoup moins présent en France. Je pense que l’âge, c’est simplement le chiffre qui est marqué sur ma carte d’identité de coach. Ma légitimité, c’est celle d’avoir été chercher mon diplôme sûrement plus jeune que la moyenne. Ce n’est pas mon âge qui fait ma compétence mais plutôt la compétence intrinsèque, avec ce qu'on apprend, ce qu’on va aller chercher ailleurs et la personnalité des uns et des autres. Chaque coach a ses points forts et doit savoir jouer avec. C’est ce qui m’a notamment permis d’avoir l’opportunité de montrer mes qualités cette saison dans un championnat de N2. L’âge n’est au final ni un avantage ni un frein. Ce n’est pas un facteur de la performance que ce soit pour un entraîneur ou même pour un joueur.

Qu'est-ce qui selon vous a attiré les dirigeants du FC Chamalières à vous recruter ?

Les dirigeants recherchaient un entraîneur à la fois doté du diplôme mais également un profil local. C’est un club qui est à mi-chemin entre le haut niveau et le club familial, associatif. Et c’est ce qui fait sa force. Le club recherchait un profil en cohérence avec le club avec l’état d’esprit qui ressort de ce club. C’est une fierté pour moi d’avoir un club de mon département d’origine qui évolue dans ce championnat de National 2.

Après une belle saison avec le club des Martes de Veyre et une montée en R2 à la clé, vous aviez envie d'aller voir ailleurs aussi ?

J’ai eu mon DES à 24 ans mais j’ai d’abord voulu faire mes preuves, me faire la main en senior au club des Martes (R3) avant de voir ailleurs. Malheureusement, les deux dernières années ont été interrompues par le Covid et je voulais partir sur un constat de réussite en ayant rendu au club qui m'a beaucoup donné. Un club qui m'a entre autres permis de passer mes diplômes. J’ai donc réussi à amener cette équipe à l’échelon supérieur, en Régional 2. Je pense que je serais parti un ou deux ans avant s' il n’y avait pas eu la crise sanitaire. J’avais annoncé à mes dirigeants il y a plusieurs mois que je serai à l’écoute en cas de projets d’un niveau supérieur. J’étais en contact avec plusieurs clubs mais j’ai retenu très rapidement le projet du FC Chamalières.

L’anomalie à l’époque était pourquoi un coach aussi diplômé entraînait une Régional 3. Alors qu’aujourd’hui on me demande comment un entraîneur de 29 ans entraîne une N2. J’ai toujours eu cette part d’anomalie

Qu’est que ça fait de passer d’une équipe Régional 3 à une équipe de National 2 ?

Honnêtement, la différence n’est pas si importante que ça dans le cœur du métier. Cela reste des gestions humaines. Néanmoins, mettre en place des entraînements en National 2 est plus facile qu’au niveau Régional 3. Cela s’explique avec les installations, du nombre de joueurs présents à l'entraînement ou encore du staff qui m’entoure. Les joueurs sont forcément de meilleure qualité dans toutes les dominantes, avec un état d’esprit beaucoup plus professionnel. Même si j'avais la chance dans mon club précédent d’avoir un groupe extrêmement attentif et impliqué. On va également beaucoup plus loin dans les connaissances technicos-tactiques, dans le travail vidéo mis en place, dans l’individualisation des séances.

Vous vous sentez donc à votre place ?

Totalement. C’est vraiment là où je me sens véritablement épanoui. On va plus loin dans les compétences, et dans ce que l’on va apporter aux joueurs. On passe aussi d’un niveau avec deux entraînements par semaine à cinq séances par semaine. Ajoutez à cela deux séances de musculation et des séances spécifiques. Le travail est forcément amené de façon différente sur une semaine. Et c’est encore plus lié au nombre de séances par semaine qu'au niveau de pratique en lui-même. J’estime quand même ne pas être un entraîneur différent aujourd’hui car j’ai une équipe d’un niveau largement supérieur. J’avais le même degré de diplôme. L’anomalie à l’époque était pourquoi un coach aussi diplômé entraînait une Régional 3. Alors qu’aujourd’hui on me demande comment un entraîneur de 29 ans entraîne une N2. J’ai toujours eu cette part d’anomalie.

Qu’est que cela va vous apporter d'entraîner une équipe d’un tel niveau ?

J’ai beaucoup de chances d’abord d’avoir fait de ma passion mon métier. C’est beaucoup de plaisir au quotidien de côtoyer des joueurs d’un très bon niveau mais surtout un groupe extrêmement investi et impliqué. Je ne peux pas vous parler du niveau National 2 dans son ensemble étant donné qu’on est en pleine phase de préparation. Ce groupe que je côtoie depuis maintenant plusieurs semaines va beaucoup m’apporter au fil de la saison. C’est un effectif avec plein de qualités à la fois footballistiques mais aussi humaines. C’est un vrai plaisir pour moi de les retrouver au quotidien. Dans une carrière d'entraîneur, avoir les clés d’une équipe de N2 à seulement 29 ans, c’est forcément une vraie opportunité que j’entends saisir. Cela va permettre de développer l’ensemble de mes compétences.

Le recrutement a été fait en se basant sur l’aspect football évidemment, mais également énormément sur l’aspect humain

Comment s’est déroulée votre intégration personnelle ?

J’ai été intronisé depuis juin, puis, la reprise s’est faite le 13 juillet. Un mois et demi de préparation donc. J’ai rencontré le plus rapidement possible mon groupe avec des entretiens individuels pour l’ensemble des joueurs de l’effectif. Cela m'a permis d’avoir un premier contact, qui a été excellent il faut dire. J’ai pu savoir à quels hommes j’avais à faire. Cela à forcément facilité par la suite le travail mis en place. Le recrutement a été fait en se basant sur l’aspect football évidemment, mais également énormément sur l’aspect humain. L’ambiance est également excellente avec l’ensemble des joueurs et du staff.

Le groupe vit bien et cela est forcément positif. Comment appréhendez- vous votre premier match de championnat le 20 août prochain contre la réserve du SCO d’Angers ?

On sort tout justement du stage de cohésion, 3 jours en Haute-Loire avec un mélange de travail sur et en dehors du terrain. Nous avons disputé un match contre Lyon la Duchère, le troisième de la préparation. Stage au cours duquel on a pu renforcer tous ces liens humains notamment avec les huit recrues, parfaitement intégrées dans l’ADN de l’effectif.

Quel sentiment ressentez-vous à l’approche de la saison qui arrive ? Pas trop d’appréhension ?

Pas d’appréhension honnêtement. Je suis vraiment focalisé sur le travail, l’ancrage des joueurs sur le projet de jeu. C’est mon idée première et le travail qu’on mène depuis plusieurs semaines afin de voir l’évolution sur toutes les dominantes. Je ne suis pas forcément dans une forme d’excitation particulière à l’approche de la reprise du championnat. Je suis plutôt dans un esprit de travail où on prend ce qui arrive étape par étape. On est à l’heure sur nos temps de passage ce qui permet de travailler en harmonie entre les joueurs et le staff. Tout cela est très positif.

Quel est le mot d’ordre de cette saison ? Qu’est-ce que vous souhaitez par-dessus tout transmettre à vos joueurs ?

Je leur ai livré plusieurs mots avant de débuter les premiers entraînements. Je pense que pendant une saison, on peut louper des choses. Dans une saison on peut rater des matchs, commettre des erreurs de la part des joueurs, du staff. Néanmoins, j’insiste sur une seule chose, sur laquelle on ne peut pas déroger : l’état d’esprit. Quand on est dans un club comme le FC Chamalières, on défend à la fois nos couleurs et aussi l’ensemble des personnes qui se battent au quotidien pour maintenir ce club à ce niveau de pratique. Cela signifie que dans l’implication, dans ce qu’on va donner sur le terrain, on ne peut pas s’échapper. L’attitude doit être similaire avec des sportifs de haut niveau de la première à la dernière seconde de chaque match et de chaque entraînement. Et même en dehors des terrains. L’attitude et l’état d’esprit seront des facteurs majeurs de performance et de bons résultats.

Actufoot • FC Chamalières N2

L'équipe première du FC Chamalières (Crédit photo : FCC).

Le message est clair, pour se maintenir il faudra réaliser la meilleure performance de l’histoire du club à ce niveau

Quels sont les objectifs du club pour cette quatrième saison en N2 ?

Il faut savoir que le FC Chamalières est un jeune club de N2. C'est sa quatrième à ce niveau mais deuxième la deuxième complète. Il faut aussi savoir que cette année, il existe une réforme. Ce n’est donc pas du tout la même configuration de championnat. En effet, seuls les 10 premiers seront assurés de rester en N2 la saison prochaine. Le message est clair, pour se maintenir il faudra réaliser la meilleure performance de l’histoire du club à ce niveau. C’est un défi très important. Pour autant, c’est celui auquel on va tâcher de répondre sur cette saison-là, avec justement cet état d’esprit qui caractérise l’ensemble du groupe.

À titre personnel, les objectifs de cette saison ?

Mon objectif personnel, c’est que le collectif tourne bien. Que le club aille chercher son but. Que l’ensemble des joueurs adhère au projet à la fois sur le plan sportif et humain. Je pense aussi que pour un entraîneur, l’objectif principal c’est de tirer la quintessence de son groupe et d’aller chercher des objectifs collectifs. Le collectif est au-dessus de tout.

Et ceux concernant votre carrière qui ne fait que débuter ?

Pour l’instant, je ne pense pas à la suite. J’ai déjà une super opportunité d’avoir les rênes de ce beau projet. J’ai toujours été un fonceur, qui quand il est dans un projet est complètement ancré dans celui-ci. Pour l’instant mon objectif est totalement lié au FC Chammalières. Je me sens même très bien avec des dirigeants qui m’ont accueilli à bras ouverts et me font totalement confiance.

Propos recueillis par Paul Durel

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