"La coïncidence c'est que j'étais à la préformation lors de mon arrivée au LOSC et que montais de catégorie en même temps que lui. On ne s'est quasiment pas quittés depuis ses onze ans, Badredine a toujours été un garçon surclassé voire doublement surclassé. C’est un 2004 né en fin d'année et en début de saison, il jouait titulaire en N3. Cela montre toutes ses qualités." D'emblée, Orlando Silvestri semble conquis à l'évocation de Badredine Bouanani mais affecté, aussi, par le départ d'un immense talent, le plus fort depuis Eden Hazard, que lui et de nombreux suiveurs de la formation lilloise voyaient taillé pour le maillot des Dogues en Ligue 1.

Né et formé au LOSC

"C'est une grosse perte. En tant que formateur, on travaille pour amener des joueurs chez les pros. En général, c'est notre récompense, regrette Orlando Silvestri au sujet de celui qui est arrivé au LOSC en 2011 en provenance du club amateur de l'US Ronchin. Jocelyn Gourvennec l'aurait bien pris plusieurs fois mais il était coincé par rapport aux pourparlers qui concernaient Badredine et le club. L'accord n'a pas été trouvé, c'est sûr que ça nous touche. Normalement, l'affectif ne doit pas rentrer en jeu mais on ne peut pas effacer les liens créés toutes ces années. Je ne peux lui souhaiter une belle réussite. Il a toutes les qualités pour arriver au haut niveau et je suis impatient de voir jusqu'où il va aller."

Le centre de formation des Dogues n'a pas vu plus fort depuis Eden Hazard

Questionné sur le potentiel de Bouanani, perçu comme le joueur le plus talentueux sorti par le LOSC depuis Eden Hazard, l'éducateur nordiste acquiesce. "Pour moi, c'est le joueur avec le plus d'aptitudes et de qualités sorti par le LOSC depuis que je suis au club. En plus, c'est un gamin de la région. Il n'a fait que progresser dans son jeu. Le plus fort depuis Hazard ? On a toujours tendance à mettre plus en avant les attaquants mais je pense que c'est une réalité. Le LOSC n'a pas eu plus fort depuis Eden."

Un "créateur" et un joueur déséquilibrant

Aperçu en très grande forme lors des Jeux Méditerranéens remportés avec l'équipe de France U18, Bouanani a démontré l'étendue de ses qualités, décrites par Orlando Silvestri. "Il aime bien jouer sur un côté fausse patte. Il a aussi cet avantage de jouer derrière l'attaquant de pointe mais aussi entre les lignes en tant que meneur de jeu. Il est aussi capable d'attaquer la profondeur et de faire mal dans les un contre un grâce à ses capacités pour éliminer. Il a un jeu étoffé, une qualité de première touche au-dessus de la moyenne. C'est le type de joueur à qui il faut donner de la liberté car ce sont des créateurs, des joueurs déséquilibrants."

Très altruiste mais pas assez tueur

Doté de qualités techniques exceptionnelles, le nouveau joueur de l'OGC Nice aime également faire briller ses coéquipiers, comme son compère Amine Messoussa avec lequel il s'entendait à merveille au LOSC. Leur relation technique a de nouveau été mise en évidence lors des Jeux Méditerranéens (1 but, 2 pénaltys provoqués par Bouanani, 4 buts pour Messoussa). "Il est très altruiste et c'est ce qui m'a étonné quand je l'ai connu. Généralement, les jeunes essaient toujours de montrer ce qu'ils sont capables de faire en oublient un peu le collectif. Lui, il est très altruiste et parfois peut-être même un peu trop. Je lui ai dit de prendre davantage sa chance car il doit être plus finisseur. Il aime faire briller l'autre, bien servir le partenaire et c'est une qualité rare chez un jeune. Il faut qu'il soit un peu plus décisif et tueur mais c'est un gamin qui à trois semaines près, était encore U17. Il s'est également amélioré dans son travail défensif même si comme tous les joueurs offensifs, ce n'est pas ce qu'il préfère."

Une dernière saison difficile mais qu'il a surmontée grâce à sa passion du jeu

En fin de contrat aspirant au LOSC, Badredine Bouanani a bien fait l'objet de pourparlers dans le but de signer son premier contrat pro au LOSC mais les dirigeants ont vite compris que l'avenir de leur prodige s'écrirait ailleurs. Pas question alors pour eux de le faire monter avec les pros. Parfois redescendu et même sur le banc chez les U19 Nationaux alors qu'il était titulaire en N3 au début de saison, le néo-niçois a dû prendre son mal en patience. Et l'a bien fait grâce à une passion pour le football qu'Orlando Silvestri décelait aisément. "La grande qualité de Badredine, c'est qu'il veut jouer. Peu importe avec qui. A un moment donné, il ne jouait plus en N3 et est revenu avec moi en U19. Certains auraient fait la gueule mais lui, non. Il veut jouer. Quand il venait avec moi, c'était trop facile pour lui mais ça ne le dérangeait pas. Il ne calcule pas. Il a toujours eu un état d'esprit remarquable peu importe les adversaires en face. Et il voulait être bon. J'espère qu'il gardera ça le plus longtemps possible et trouvera de la stabilité par rapport à sa nouvelle situation afin qu'il exprime tout son potentiel." C'est tout ce que souhaite l'OGC Nice désormais.

Thomas Gucciardi