Souleymane, quel a été est ton parcours dans le football ?

J’ai commencé le football à 10 ans et j'ai quitté la Côte d'Ivoire à 15, en 2016, pour pouvoir évoluer dans une bonne équipe européenne, comme bon nombre de passionnés africains de ce sport en rêvent. C’est un ami avec qui j’ai joué au foot qui m’a proposé de partir avec lui. Pour lui, je ne devais pas rester dans cette équipe. Je suis passé par la Libye, j'ai effectué la traversée de la mer, on a accosté en Italie et j'ai fait quelques mois là-bas ensuite. Je suis finalement venu en France en décembre 2017. Cela fait 4 ans, maintenant.

Tu as fait la traversée en mer ?

Oui, c’était un bateau gonflable ... J’ai eu très peur, c’était ma première fois. Le bateau était surchargé et en mauvais état. Je n’avais pas d’autres choix car sinon, j'aurais dû attendre entre 1 et 2 mois avant de partir, le temps d’en confectionner un autre. À cause de l’odeur de l’essence, des gens sont tombés malades, ils vomissaient et avaient froid.

Tes parents étaient au courant ?

Non, ils ne l'étaient pas. Quand je suis arrivé à la frontière de la Côte d'Ivoire, ma mère m’a appelé pour savoir où je me trouvais. J’ai donné le téléphone à mon ami pour le laisser expliquer la situation. Le lendemain, comme je n’étais pas rentré, mon père m’a appelé aussi. Je lui ai dit la vérité... Ma mère ne voulait pas que je parte car pour elle j’étais trop jeune. Mon père ne voulait pas non plus; mais je crois qu'il a compris mon choix, je lui ai expliqué que c’était ma seule opportunité de partir en Europe.

Qu'as-tu fait durant ton passage en Italie ?

Je suis resté dans un camp pour mineurs, j’y suis resté presque 7 mois. J’ai appris à parler italien. C’était compliqué, je n’avais personne à côté de moi. Ma famille me manquait beaucoup. Ensuite, j’ai fait la connaissance de joueurs d’autres nationalités.

Tu n'as pas tenté ta chance là-bas ?

J’ai quitté le camp pour jouer à Catane pendant 4 mois mais le camp a refusé que je continue. Pour eux, on n’était pas en Italie pour jouer au football, mais pour un seul objectif : aller à l’école. C’est pour ça que je suis parti. Alors, avec des amis, on s’est enfui du camp et on a pris le train à Vintimille, à la frontière franco-italienne. Parfois ça peut être compliqué et durer longtemps à cause des contrôles... Mon voyage a duré deux jours, en dormant d’abord à la gare de Torino.

Il fallait que tu quittes l'Afrique ?

En Afrique, tu peux avoir du talent, mais si ta famille n’a pas de connaissances dans le domaine du football tu ne peux rien faire. J’avais beaucoup d’amis comme moi... Mais ils n’ont pas eu la même chance et sont décédés durant la traversée en mer...

Comment es-tu arrivé à Persan ?

Quand je suis arrivé en France, je suis arrivé à La Croix Rouge de Cergy, dans un hôtel près de la gare. Là-bas, j’ai rencontré des amis et ils m’ont parlé de Persan.

Tu te vois où dans deux ou trois ans ?

J'espère jouer plus haut. D'ailleurs, l’année dernière je devais partir à Chambly (en R3), mais mon coach m’a fait comprendre qu’il valait mieux rester en D1.

Ton plus beau souvenir de football, c'est quoi ?

Mon plus beau souvenir dans le foot c'est quand la Côte d'Ivoire a remporté la CAN 2015. Toute la patrie étant fière. Je m'imaginais à leur place un jour... Je pense également au championnat U19 remporté avec l’USP03 et à notre montée en D1 avec les seniors.

Propos recueillis par Farid Rouas