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10 juillet | 17h30

Vincent Marcel : "Je n'ai pas compris assez tôt ce qu'implique le métier de footballeur"

De retour en France, à Orléans (N1) après des passages par le Portugal et la Bulgarie, Vincent Marcel est, à 26 ans, un tout autre homme que celui qui a quitté l'OGC Nice avec des regrets. Lucide sur son parcours et conscient de ce qui lui a manqué pour rester au haut niveau, il se dit déterminé à briller en National avec l'USO. (Photo : OGCN).

NATIONAL OGC NICE

Ce retour en France était-il une volonté après plusieurs saisons passées à l'étranger ?

C'est un énorme plaisir et une chance de pouvoir revenir en France. Nous joueurs, on peut penser que c'est facile de rebondir à chaque fois mais en réalité pas du tout. Je vais jouer en National, un championnat de bon niveau. J'ai une petite fille de deux ans et demi qui va rentrer à l'école et je tenais à ce qu'elle le fasse en France. C'est le détonateur qui fait que je voulais revenir a minima dans un pays francophone.

Que t'a apporté cette dernière expériences en Bulgarie, et ces passages par le Lokomotiv Plovid et Hebar Pazardzhik ?

Je ne regrette pas d'y être allé ! J'ai fait deux saisons pleines (53 matches), c'est ce qu'il me manquait et dont j'avais besoin pour m'imposer dans le monde professionnel. Quand tu es jeune, tu fais des rentrées par-ci, par-là, c'est soit ça passe, soit ça casse. J'ai engrangé du temps de jeu, c'est une expérience positive sur le plan sportif même si on s'est battu pour le maintien à Hebar.

Et sur le plan humain ?

Je n'étais pas préparé à autant de changements en arrivant, déjà il y a la barrière de la langue. L'anglais, on l'apprend à l'école mais peut-être pas avec l'investissement suffisant donc il faut vite t'adapter quand tu arrives dans un club étranger. Il fallait aussi maîtriser les mots clés dans la langue locale, ça se fait petit à petit. Mais c'est compliqué quand certaines lettres diffèrent (sourires). Je suis revenu en France avec davantage de maturité, c'est clair.

As-tu rencontré des galères là-bas ?

Il y a des clubs qui ne paient pas tout le temps à l'heure, c'est connu. J'ai vécu dans mon premier club (Lokomotiv Plovid) un retard de trois mois de salaires. Qu'on soit footballeur ou employé dans n'importe quelle entreprise, on n'est pas prêt de nature à ne pas être payé alors qu'on réalise son travail, donc il faut savoir s'adapter à ce genre de situation. J'étais en Bulgarie avec ma femme et ma petite fille et cela requiert un certain confort de vie. Cela gâche un peu l'expérience sur le plan extra-sportif. Quand tu es sur le terrain, tu restes focalisé sur ton match, tes performances et tu n'es pas parasité par tout ça mais une fois à la maison, c'est différent.

Avant ça, tu as connu un passage par le Portugal durant la période Covid. Qu'est-ce qui te reste de cette expérience à Guimaraes ?

Ca a été tout le contraire de la Bulgarie à mes yeux. L'environnement et le coût de la vie, c'était un régal. Sur le plan sportif, ce fut plus compliqué et je suis aussi fautif si mon temps de jeu a baissé après des débuts intéressants. L'expérience m'a servi pour mieux appréhender la suite en Bulgarie.

J'étais quelqu'un de sérieux, je ne sortais jamais en boîte de nuit. Mais j'avais un état d'esprit un peu je m'en foutiste. Si je jouais tant mieux, sinon ce n'était pas grave

Lors de ta formation à l'OGC Nice, tu étais considéré comme l'un des bons espoirs du club. Quel regard portes-tu sur ton parcours là-bas quelques années plus tard ?

J'ai énormément de regrets parce que je n'ai pas compris assez tôt ce qu'implique le métier de footballeur. Quand j'ai commencé à faire des apparitions en Ligue 1 et en Europe, c'est allé très vite. Et quand tu es un jeune joueur, tu as tendance à te voir déjà arrivé, il y a l'argent... Je n'ai pas eu ce moment où je me pose en me disant : "Ce que tu as réalisé, c'est rien encore". Si j'avais eu ce recul, j'aurais fait moins d'erreurs parce que j'étais quelqu'un de sérieux, je ne sortais jamais en boîte de nuit. Mais j'avais un état d'esprit un peu je m'en foutiste. Si je jouais tant mieux, sinon ce n'était pas grave.

Ton seul but inscrit contre l'Ajax au 3e tour préliminaire de Ligue des champions en août 2017 reste-t-il le point culminant de ta carrière ?

C'est plus les gens dans la rue à Nice ou les membres de ma famille qui en parlent. J'en suis fier mais à moi, il me laisse un goût amer. Aujourd'hui, je me dis : "Mais pourquoi je n'ai fait que ça ?". J'aurais pu faire beaucoup plus à l'OGC Nice mais assurer a minima la qualification de mon club en Europa League avec ce but, ça reste bien évidemment un moment extraordinaire.

Il t'arrive encore de le regarder ?

Ca m'est déjà arrivé de le revoir. Sans le chercher, je suis tombé dessus il n'y a pas si longtemps. Pour mon mental, ça m'aide aussi car je me dis que c'était le début de ma carrière et qu'il ne faut pas que je lâche.

Le projet niçois vient encore d'évoluer, Jean-Pierre Rivère ayant évoqué un "retour aux fondamentaux". Quel est ton point de vue de l'extérieur sur le projet INEOS ?

J'ai l'impression que les jeunes sont moins mis en avant qu'à mon époque, où on l'était énormément justement. Au centre, on avait vraiment cette chance d'être valorisé et d'intégrer rapidement le groupe professionnel. Après, je comprends aussi que le club a de grandes ambitions et objectifs, un nouvel investisseur et que ça ne favorise plus forcément cela. Ce qui est sûr, c'est que ça va prendre du temps d'être un club qui joue tous les ans le top 5. Avec de jeunes joueurs qui avaient la dalle, je me souviens qu'on avait réussi à terminer 3es de Ligue 1 au terme d'une saison incroyable !

Orléans, c'est le bon club pour te montrer et retrouver le monde professionnel rapidement ?

Souvent, on a tendance à se faire oublier quand on part dans les championnats étrangers. J'ai cette chance de rejoindre Orléans qui me fait confiance, donc je veux donner le meilleur de moi-même pour jouer et essayer de remonter en Ligue 2. Ce serait bien pour le club et la ville. J'ai donc un double objectif ici, qui est de réussir une belle saison collective et sur le plan personnel pour atteindre des objectifs communs.


Propos recueillis par Thomas Gucciardi

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