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8 février | 12h44

Yohann Thuram : "Quand vous êtes un enfant du club, l'attache reste à vie"

Yohann Thuram ne le savait pas mais il n'a jamais perdu en pro avec ou contre Monaco. A quelques heures de retrouver son club formateur dont il reste viscéralement attaché, l'expérimenté gardien de but (33 ans) a accordé un entretien exclusif à Actufoot.

COUPE DE FRANCE AMIENS SC AS MONACO Yohann Thuram

Vous arrivez à Monaco en 2003 pour y débuter votre formation. Un sacré contraste la découverte du Rocher lorsqu'on arrive de Guadeloupe ?

Je savais que j'allais signer à l'ASM donc j'étais un petit peu préparé mentalement. Mais c'est vrai que quand vous partez de chez vous à 13, 14 ans, que vos parents restent en Guadeloupe et qu'ils ne sont plus là pour s'occuper de vous directement ou des devoirs par exemple, ce n'est pas facile au début. Je n'avais pas de famille à Monaco ou dans les parages. Je ne dirais pas qu'on est livrés à nous-mêmes dans cette situation parce que c'est faux et que des éducateurs, des professeurs sont là pour nous et substituent un peu nos parents. En fait, on ne se pose pas de question et on mesure juste la chance que l'on a de faire partie d'un grand centre de formation. Pour ma part, j'étais comme une éponge, c'est-à-dire que j'absorbais tout ce qui venait de nos éducateurs comme informations et consignes. Avec le travail et le sérieux, la suite s'est bien passée.

C'est donc toujours un moment particulier de revenir jouer ici ?

Oui, parce que j'ai été formé ici et que j'y ai connu de belles années. Quand vous êtes un enfant du club, l'attache reste à vie, je dirais. Je l'ai toujours dit, l'ASM est mon club de coeur. Après, on va mettre ça de côté pendant 95 minutes (sourires).

Vous ne vous êtes jamais incliné avec Monaco chez les pros (4 matches) ni lorsque vous avez affronté votre club formateur avec Troyes. Vous vous étiez même imposé deux fois à Louis II lors de la saison 2011/2012 dont le match du titre synonyme de remontée dans l'élite pour l'ESTAC. En fait, l'ASM est un club qui vous réussit plutôt bien quand on regarde les stats...

(Il hésite...) C'est un bon ratio, alors ! Je me rappelle qu'on avait gagné à Auxerre pour mon premier match puis qu'on avait fait nul à la maison contre Sochaux. Après, il ne faut pas trop parler de stats. Demain, on sait qu'on va jouer contre une grosse écurie de la Ligue 1. Mais on ne va pas non plus venir et donner le match. On va jouer avec nos armes et tout faire pour ne pas avoir de regrets.

"Je suis parti à Troyes sans aucun sentiment de revanche"

Yohann Thuram

Le rôle de doublure à Amiens vous confère l'opportunité de jouer cette Coupe de France. Dans quel état d'esprit êtes-vous ?

Ce parcours en Coupe de France donne l'opportunité de se montrer à des joueurs du groupe qui ne sont pas forcément titulaires en championnat. Il ne faut pas oublier aussi que cette compétition nous a permis de nous remettre la tête à l'endroit quand ça n'allait pas en Ligue 2. On a gagné en confiance. Même si les chances sont minimes, on va se donner les moyens de passer ce quart de finale.

Numéro 3 puis numéro 2 en Principauté, qu'a-t-il manqué à l'époque pour viser le poste de titulaire ?

C'est une bonne question et je ne me la suis jamais vraiment posée parce que je n'aime pas vivre avec des regrets. A l'époque, j'étais jeune et le coach voulait un gardien d'expérience. Je ne peux pas vous dire ce qu'il m'a manqué mais j'ai beaucoup appris et progressé. Quand on est descendu en Ligue 2, ça m'a un peu coupé dans mon élan. L'entraîneur qui arrivait voulait un gardien d'expérience pour remonter en Ligue 1 et moi, je n'avais pas de saison pleine dans les jambes. Je suis parti à Troyes sans aucun sentiment de revanche. En football, il y a parfois des concours de circonstances qui font que des chemins se séparent.

Actufoot • T Huram ASM

Yohann Thuram n'aura disputé que 4 matches en professionnel avec l'ASM avant de rejoindre Troyes. Un choix payant puisque le gardien réussira à remonter en Ligue 1 dès la saison suivante avec son club. (Crédit photo : Icon Sport).

Monaco vient de battre Lyon dans un choc de Ligue 1. Avez-vous regardé la rencontre ?

Je les regarde souvent ! Monaco est mon club de coeur donc oui, j'ai regardé leurs dernières performances. Celles de Ben Yedder aussi (rires).

Donc vous avez trouvé la solution pour le stopper ?

Je ne sais pas s'il en existe une mais on va faire en sorte d'être solide défensivement. On sait qu'il y a du talent en face mais on veut prendre du plaisir et sortir du match sans regret.

Il se pourrait que vous soyez très sollicité demain et donc un acteur important de la partie. Se faire un peu "mitrailler", c'est quelque chose qu'on peut préparer ?

Pas forcément. Vous savez, lorsqu'on prépare un match, on se pare à toute éventualité. L'approche n'est pas spécialement différente à une autre rencontre, je ne me dis pas que je vais être davantage sollicité.

Que vous apporte l'expérience que vous avez accumulée avant un tel rendez-vous ?

Ca permet de bien gérer ses émotions, de préparer le match autrement que si vous n'aviez pas cette expérience. Ce match reste excitant mais je sais comment aborder sereinement la rencontre.

Vous imaginez une éventuelle séance de tirs au but ?

On y pense sans se dire qu'on va forcément les jouer. Mais oui, ça fait partie de la préparation mentale surtout à notre poste. Je suis assez zen à ce niveau-là. Comme je l'ai dit, les favoris c'est eux, pas nous.

Philippe Hinschberger estime à 15% les chances de vous qualifier.

Ah, je ne sais pas. Le coach, c'est un mathématicien (rires). C'est à lui qu'il faut poser la question, pas à moi !

C'est lui qui l'a dit...

Sincèrement, on sait que ça va être très compliqué. Mais il n'a pas dit 1% non plus, donc ça va (rires).


Propos recueillis par Thomas Gucciardi

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