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19 avril | 11h40

Carine Rosa : "Je n'ai jamais eu un si bel effectif"

Cette saison, l'AS Cagne-le-Cros féminine est à un match de la fin, leader du championnat de District féminine. Carine Rosa, éducatrice arrivée il y a deux saisons au club, s'est entretenu longuement auprès d'Actufoot 06 à propos de sa saison, de ses joueuses et du club. (Crédit photo : DR)

ASCC D1 FÉMININE CÔTE D'AZUR

Avec l'ASCC, vous réalisez une très bonne saison et êtes leaders du championnat. Était-ce l'une de vos attentes ou objectifs du début de saison ?

Je suis arrivé en juillet 2022 à Cagnes et nous avions une page blanche presque. Il y avait une équipe à 7 seniors et environ 50 licenciés. Nous avons fédéré tout un groupe et en septembre, en regardant les joueuses que nous avions, forcément nous nous disions qu'il y avait quelque chose à faire cette saison. Je ne connaissais pas l'effectif de Mougins, je savais qu'ils avaient recruté. En moins de deux ans, il y a eu une émulation à Cagnes, cela passe par l'emplacement géographique, nous sommes bien placés. Avec des joueuses qui m'ont suivi, un staff qui m'a suivi, nous avons pu attirer des joueuses qui avaient peut-être arrêté. Cette saison je me suis retrouvé avec une très belle équipe. Nous avions très bien abordé notre premier match qui était face à Monaco. Le championnat n'est pas fini, nous avons un dernier match contre la même équipe, qui aura à cœur de gagner. Je suis surtout fier d'un travail d'équipe qui s'est fait en peu de temps, qui est centré sur l'humain et le bien-être de la joueuse. Nous passons en moins de deux ans de 50 licenciés à 120 licenciés de U6 à seniors. J'avais un effectif de 40 joueuses cette année, avec malheureusement toujours des blessés et des départs. J'ai eu toute la saison un effectif consolidé car une joueuse arrivait. Certaines me rappelaient en me disant qu'elles voulaient rechausser les crampons. Le football n'est pas une science exacte, nous nous sommes fait peur sur deux matches, nous ne nous y attendions pas. Le championnat de district est compliqué et très surprenant. Notre calendrier était relativement défavorable, nous enchaînions soit les bas de tableau, soit les hauts de tableau et après nous avons eu un forfait général. Nous avons une superbe équipe. Comme disait Arsène Wenger, "le plus important ce n'est pas d'avoir les 14 meilleurs joueurs, mais d'avoir le meilleur 14". Il faut être vigilant pour trouver une complémentarité entre les joueuses et le staff.

Cette saison, avez-vous souvent fait tourner votre effectif ?

Sincèrement, je n'ai jamais eu un si bel effectif. J'ai eu des effectifs qualitatifs en district, en ligue, j'étais plutôt milieu de tableau. C'est la première saison où j'arrive à convoquer 24 joueuses le dimanche. Il y a toujours des histoires de blessés, de départs, de travail, etc. Parfois, j'arrive à l'entraînement et nous sommes 22/23, cela ne m'est jamais arrivé, ou rarement. Le club me permet de m'entraîner sur un terrain entier. À 23, nous pouvons faire des oppositions entre nous, c'est génial et ce n'est pas le cas de tous les clubs de district et même parfois de R1. Dans le football féminin, il faut toujours anticiper, toujours être vigilant sur la qualité, sur la quantité, que ce soit pour les joueuses mais aussi pour les staffs. Il faut pousser les éducateurs à se former. Je n'ai rien contre les autodidactes, ils nous apprennent beaucoup, mais à un moment, en étant autodidacte, si vous vous formez, vous deviendrez forcément meilleur. L'effectif nous a permis de faire tourner, mais parfois c'est traitre aussi. J'ai aussi un noyau dur, qui est la colonne vertébrale. J'ai eu beaucoup d'attaquantes blessées et qui sont parties. Je me suis retrouvée avec une attaquante, et encore, qui est une joueuse polyvalente donc qui n'est pas une pure attaquante.

Avez-vous remarqué plus de blessures que les saisons précédentes ?

Non, il y a toujours des blessés. En général, quand une joueuse entame une saison à notre niveau départemental, elle n'est pas suffisamment prête pour enchaîner des matches physiquement. Je pense qu'il y a encore un travail à faire au niveau de l'éducation, de la nutrition et des soins. Ce qui m'effraie, ce sont les joueuses qui se blessent et qui ne vont pas se faire soigner. Je les force à se soigner rapidement. Il ne faut pas oublier que nous sommes dans le monde amateur. Il y a des joueuses que j'ai récupérées qui pourraient jouer à un niveau supérieur, mais peut-être qu'elles sont à Cagnes-sur-Mer parce qu'elles privilégient leur vie familiale, professionnelle et étudiante aussi. Il y a un travail à faire, pas seulement dans le football féminin.

"Au club, il y a du respect à l'égard du football féminin"

Carine Rosa à propos de l'intégration et de l'inclusion du football féminin au sein du club de l'ASCC.

Vous êtes proche de vos joueuses, le côté humain est plus qu'important ?

Depuis deux saisons, si j'avais été joueuse, j'aurais adoré avoir ce staff. Avec une Carine Rosa qui va être sur l'aspect humain, j'ai un préparateur physique qui est vraiment adapté au football féminin, Axel Le Roch, qui était avec moi en R1 dans mon ancien club et en même temps j'ai le côté technico-tactique avec Emilie Martinez. Fabrice Klein qui gère de main de maître toute cette section féminine. Il y a de la complémentarité avec Axel et Emilie, avec qui on inverse parfois, elle devient coach et moi adjointe. J'ai toujours cherché des compétences autour de moi pour pouvoir servir la joueuse. J'adore l'intelligence collective. Nous avons l'aide précieuse du club et des garçons, qui acceptent d'intégrer le football féminin. Il y a une joueuse U17 féminine qui s'est toujours entraînée avec les garçons, qui s'entraîne encore avec les U16R et qui joue avec moi parfois le dimanche. Elle quittera le club la saison prochaine puisqu'elle a été prise au centre de formation à Fleury. Il y a 6 joueuses de sport-étude qui seront en U12 la saison prochaine et qui joueront avec les garçons. Nous sommes en train de nous organiser pour pouvoir peut-être assurer une montée en ligue en seniors et permettre aux joueuses de pouvoir jouer un peu plus haut que le niveau départemental. Au niveau des infrastructures, nous sommes sur le terrain numéro trois et c'est un terrain refait à neuf, avec des vestiaires neufs. Nous avons l'accès à une salle vidéo, si j'avais plus de temps je ne ferais que de la vidéo. Nous avons des réunions techniques avec Stéphane Izzo et une immense salle où nous pouvons faire des soirées de cohésion. Au club, il y a du respect à l'égard du football féminin. L'équipe première est en National 3, ils sont en maintien et je suis de tout cœur avec eux. Dans ces cas-là, je n'ai aucun souci à libérer mon créneau, sans pénaliser les filles. Il y a un échange qui est fait dans les deux sens.

Avec l'augmentation du nombre de licenciés au club, ainsi que votre saison, avez-vous de belles perspectives pour l'avenir ?

Il nous reste un match avant la fin de la saison, l'objectif est d'essayer d'être championne, car nous pouvons l'être. Après l'objectif sera de faire les barrages, nous pouvons tomber sur une équipe de bas de tableau de R1 tout comme une équipe du haut de tableau de district. C'est un tournant. Si nous devions monter en ligue, pour moi nous sommes armées mais il ne faudra pas nous reposer sur nos lauriers. Au sein des U18 ligue, il y a beaucoup de débutantes. Derrière, il faut trouver des éducateurs pour développer la pré-formation et la formation. Je l'ai toujours dit, monter en ligue c'est bien mais monter trop vite, attention. Ce qui me fait peur c'est que nous nous retrouvions dans la possibilité de monter en ligue, être armées, mais dans l'incertitude des filles qui resteront. En ligue il y a des déplacements, nous partons la journée entière du dimanche etc., il faudra très vite miser sur les U15 et les U18 féminines. Les garçons une fois qu'ils finissent premiers, ils montent directement en ligue et nous, depuis des années lorsque vous êtes premières de district, vous devez faire des barrages. Ce n'est pas très sympa. J'y suis habituée en tant que joueuse et en tant qu'éducatrice. Je le dis car parfois des éducateurs du club me questionnent sur la saison, me disent que je suis bien partie pour monter en ligue et quand je leur dis qu'il y a les barrages, ils ne savent pas. Il y a cette différence. Notre saison est belle, mais elle ne le sera pas autant si nous perdons le titre ou si nous ne faisons pas les barrages. Il y a des émotions à vivre avec ce groupe et elles méritent d'être championnes. Nous ne sommes pas maîtres de notre destin.

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