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8 novembre | 11h20

Cédric Bakambu : "Je ne suis fermé à aucun championnat"

L’attaquant Cédric Bakambu, aujourd'hui parrain du CA Vitry (R1), veut aider le football amateur et sa ville de cœur. En attendant son retour en Europe sur lequel il s'est également confié, l'ex-Sochalien compte changer les choses sur ses terres. Entretien.

Cédric Bakambu CA Vitry

Actuellement en France pendant la trêve du championnat chinois, Cédric Bakambu nous a accordé un entretien au stade Roger Couderc à Vitry. L'ancien attaquant de Sochaux est récemment devenu le parrain du CA Vitry, qu'il souhaite aider à faire grandir structurellement parlant. A quelques semaines de la fin de son contrat au Beijing Guoan (le 31 décembre 2021 ndlr), celui dont le nom est évoqué au FC Barcelone a aussi parlé de son avenir.

Tu es devenu le parrain du CA Vitry dont l'équipe première évolue en R1 alors que tu es un enfant de l’ES Vitry. Pourquoi ?

Moi, je ne fais pas de différences, j’ai des amis dans ces deux clubs. J’ai joué à l’ES Vitry, il n’y a pas de rivalité, c’est la même ville. C’est la même passion, nous sommes tous derrière un ballon. Je vais être amené à faire des opérations dans tous les clubs de la ville pour montrer qu’il n’y a pas de différence. Je suis à fond dans le projet, je dois être présent. C’est un projet qui me tient à cœur et rien que ma présence le démontre. C’est le club de ma ville, c’est là où j’ai grandi, durant toute mon enfance. Je veux les aider à se développer.

Faire un seul et grand club ici, c’est possible ?

Tout est possible, c’est une idée envisageable. J'ai évoqué le concept en interne pour prendre la température. Mais ça ne se fera pas du jour au lendemain. Ça aurait de la gueule même si ce n’est pas un objectif.

A mon époque, il n’y avait que le football comme échappatoire

Cédric Bakambu

Originaire de la Semise (Smiz) quartier Colonel-Fabien, a quoi penses-tu lorsque tu fermes les yeux ?

A ma jeunesse, avec peu, nous étions heureux. On s’amusait entre amis, entre copains jusqu’à pas d’heure. On jouait tant qu’il y avait le soleil. Désormais, les mentalités ont un petit peu changé même s'il y a toujours des passionnés, des gens qui aiment beaucoup le football. Lorsque je rentre au quartier, je joue avec les petits. La passion est toujours présente mais nous sommes dans un monde plus ouvert. A mon époque, il n’y avait que le football comme échappatoire, aujourd’hui il y a d’autres échappatoires.

A partir du moment où je peux aider les jeunes à s’épanouir, il n’y pas de problème, je suis partant

Cédric Bakambu

Vitry, terre de sportifs de haut niveau, d’inspirations. Comment décrirais-tu cette ville ?

Elle a énormément de potentiel, c’est pour ça que je vais m’investir au CA Vitry. Ayant grandi ici, je sais très bien comment fonctionne la ville, je sais où se trouve les talents, les pépites. Dans la musique aussi, il y a pas mal de talents.

Tu parles de musique, le rap est celle qui parle aux jeunes. Tu pourrais t’investir dedans aussi ?

J’ai déjà un label qui s’appelle « Bakinside » avec mon frère aux manettes. Moi, je suis spécialisé sur le plan sportif, un domaine que je maîtrise. Après, à partir du moment où je peux aider les jeunes à s’épanouir, il n’y pas de problème, je suis partant !

Tu es connu, reconnu. Par ta renommée, comment vas-tu aider concrètement Vitry ?

Par mon nom, par l’image de ma marque, par mes réseaux, on va essayer de développer l’image du club sur les réseaux sociaux. On a commencé à le faire, on a eu de très bons retours sur Facebook et Instagram. Les gens sont satisfaits, on a des demandes. Le nombre de licenciés augmente, franchement, je suis très content et serein. A nous de faire le travail et de convaincre des partenaires pour nous soutenir dans le projet.

C’est une aide sans limite de temps ?

J’ai un projet net, clair et précis. Ça va faire ma 2ème année au club, on a affiché les ambitions à travers l’équipe 1 et la formation en générale. On s’est fixé des objectifs en interne et on verra. Moi je suis là pour pas mal d’années, enfin j’espère. On ne sait jamais de quoi demain se fera fait.

On peut en savoir plus sur les objectifs ?

Non, il reste en interne. On fera le point à mi-saison et on pourra, je pense, les déclarer. Il vaut mieux les garder pour soi en attendant afin de ne pas mettre trop de pression.

Je veux donner ce que le football amateur m’a donné à ma manière à travers le CA Vitry

Cédric Bakambu

Des idées, de l’argent. Cédric Bakambu président du CA Vitry, c’est possible dans quelques années ?

Pour le moment, je n'y pense pas, j’ai une carrière de footballeur à terminer. En ce moment, je suis en trêve mais le championnat va reprendre. En janvier, je devrais signer en Europe et ensuite, on me verra un peu moins. Président un jour, pourquoi pas. Mais pour l’instant, notre président Jean-Jacques Foppiani tient bien la baraque, je m’entends bien avec lui, pour le moment, ce n’est pas d’actualité.

Avec le Covid, les clubs amateurs sont en souffrance. Et toi, au contraire tu viens aider le football amateur. Que peux-tu dire pour donner envie à d’autres ?

Ce qui m’a donné d’aider le football amateur, c'est que je suis un passionné de football et l’amour que je porte à ma ville. Lorsque j’ai débuté là-bas, il y avait des bénévoles qui donnaient sans relâche pour nous éduquer, nous faire devenir des hommes. Je veux leur rendre la pareille et aider le football amateur à travers le CA Vitry !

Revenons sur ta carrière professionnelle et cette arrivée en Chine en 2018. Avec du recul, referais-tu le même choix sportif ?

Sans mentir, totalement. Je n’ai pas de regrets, j’ai toujours saisi les opportunités. Si tu regardes ma carrière, c’est un parcours atypique. Après Sochaux, je vais en Turquie, ensuite, j’explose et je vais à Villareal. Maintenant je suis en Chine et bientôt, je vais revenir en Europe.

J’aimerais bien rentrer en Europe, on ne va pas se mentir, c’est là où il y a les meilleures équipes au monde

Cédric Bakambu

Quelles sont les spécificités du championnat chinois ?

Il est assez physique. Après, ce n’est pas la Liga, ni la Premier League mais j’ai été agréablement surpris. Ce sont des bons joueurs de football, il y a de l’engagement, c’est assez rugueux. Pour performer là-bas, il faut être à 100%, ce n’est pas un championnat de vacances. A 40%, ça ne passe pas. Un beau championnat, une belle expérience. J’en ressors grandi.

Où imagines-tu ton prochain club ?

On verra, je fonctionne au feeling dans toutes les équipes que j’ai connues. Je me suis toujours bien entendu avec le coach, le staff et c'est important surtout à mon poste d’attaquant. C’est important de se sentir désiré. J’irai là où le vent m’emporte. Je ne suis fermé à aucun championnat. Ma carrière le démontre et j’ai su m’adapter à chaque fois.

L’Europe est ta priorité ?

J’aimerais bien rentrer sur le continent, on ne va pas se mentir, c’est là où il y a les meilleures équipes au monde. Après quatre ans d’exil, j’aimerais retrouver une vie de famille parce qu'en Chine, j’étais tout seul. C’est important pour moi d’être à proximité de Paris.

La Chine n'est plus l’eldorado des stars du foot...

Non c’est terminé, aujourd’hui il y a le salary Cap, il y a eu le Covid, pas de mal de clubs ont eu des soucis financiers.

Terminons avec le Congo. Quelle est ta place aujourd’hui au sein de cette sélection congolaise ?

Je suis l’un des capitaines, l’un des plus anciens. Le football congolais traverse une période compliquée actuellement. Nous sommes toujours en course dans les éliminatoires de la Coupe du Monde 2022 pour redonner du baume au cœur au peuple congolais.

Mulumbu ? C’est fort ce qu’il a fait, j’étais l’un des premiers à le féliciter

Cédric Bakambu

Ton implication est à la fois sportive et humanitaire avec le Congo.

Je suis quelqu’un de très reconnaissant et je veux donner une chance aux gens qui en ont moins. Si je peux aider à mon échelle et en toute modestie, si je peux leur offrir un meilleur avenir, ce sera avec plaisir.

Parle-nous de ta fondation. Pour toi, il était primordial de donner après avoir reçu ?

Exactement, je ne veux pas tout garder pour moi, j’aime bien partager, aider. J'ai été éduqué comme ça. Pour moi, c’est tout à fait normal.

Youssouf Mulumbu (34 ans) a signé au FC Saint Eloi Lupopo, club basé à Lubumbashi (RD Congo). Tu pourrais faire comme lui à la fin de ta carrière ?

Pourquoi pas, tout est envisageable. Je salue la démarche, c’est l’une des personnes qui m’a convaincu à venir en sélection nationale. C’est quelqu’un que j’admire énormément. C’est fort ce qu’il a fait, j’étais l’un des premiers à le féliciter. J’espère qu’il y en aura d’autres qui suivront ce chemin-là et c’est une porte que je laisse ouverte. J’ai déjà lancé des opérations avec des clubs locaux.


Propos recueillis par Farid Rouas

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