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Portraits

22 septembre | 12h02

Check Oumar Diakité prend son envol

C’est certainement le joueur avec le potentiel le plus important actuellement au Paris FC. Un jeune que les observateurs d’Île-de-France suivent avec attention depuis des années. Une pépite qui, comme bien d’autres avant lui, n’a failli pas percer à cause de sa petite taille. Rencontre avec le grand Check Oumar Diakité.

LIGUE 2 PARIS FC

Au milieu du rectangle vert, il détone. Placé en meneur, il chasse le ballon avec le buste légèrement incliné vers l’avant et les bras ballants, comme s’il essayait de se faire plus grand. Et pour cause, son gabarit l’a souvent desservi par le passé. Quand sa chasse est récompensée, par un ballon gratté dans le camp adverse par exemple, il décoche alors une ouverture précise de plusieurs mètres et illustre ainsi sa vision de jeu succulente. En un instant, vous venez de le comprendre, ce « petit technique » vient de vous démontrer toute sa classe balle au pied, son intelligence de jeu. « Check Oumar, depuis ses 10 ans, chaque match qu’il fait, chaque tournoi qu’il fait, tout le monde dit que c’est le meilleur joueur. Tout le monde, mais vraiment. Les coaches adverses, les recruteurs, les parents, … Mais à chaque fois qu’il a fait un essai, les clubs le refusent à cause de l’aspect athlétique », résume Thomas Berlette, qui le suit attentivement depuis ses débuts.

Explosion à Montrouge

Quand l’actuel entraîneur adjoint de la réserve du Stade de Reims découvre Diakité, le bonhomme à neuf ans. Berlette est, lui, coach des U15 dans le même club, à Choisy-le-Roi. Il ne loupe pas une miette de l’évolution du milieu de poche. Check Oumar va jusqu’aux 13 Régionaux avec Choisy, puis doit filer à Créteil pour évoluer au plus haut niveau régional en 14. Et, finalement, quand il grimpe en U16, Berlette saute sur l’occasion : « Quand j’ai eu l’opportunité de le récupérer à Montrouge, je l’ai récupéré. Parce que c’est un petit que je connais, parce que je crois en son potentiel et parce que je pense qu’en le faisant travailler deux ans avec un groupe de Nationaux, ça peut lui faire passer un pallier. » Bingo.

En retard physiquement et né en fin d’année, le natif de Montreuil débarque donc dans un groupe de 2001, lui le décembre 2002. Thomas Berlette décide alors de le faire travailler « avec des plus costauds », pour l’obliger « à ne pas jouer que sur sa technique » et à, aussi, « développer son intelligence et sa vitesse d’exécution ». Lors de la première année, Diakité fait d’abord quelques entrées, avant de jouer davantage en fin d’année. Et de devenir un titulaire indiscutable la deuxième année. Là-bas, à Montrouge, il atteint entre autres les demi-finales des play-offs du championnat U17 National. Il évolue alors comme relayeur dans le 4-3-3 de Berlette, à côté d’un milieu plus défensif que lui, l’idée étant qu’il joue le moins possible dos au jeu. « Je le faisais partir un cran plus bas pour qu’il soit face au jeu. Il peut jouer aux deux (postes, NDLR) et même devant la défense, l’inconvénient c’est que devant la défense il aurait moins d’impact sur le jeu de tête. Il aurait plus un rôle centré sur les ressorties de balle, un peu à la Verratti ou Pirlo », détaille encore l’ancien de Montrouge.

Le PFC flaire le bon coup

Mais à cette époque, aucune structure professionnelle ne tente sa chance avec lui. « Son gabarit est une limite pour le haut niveau », glisse en off certains. Aussi, les places sont chères à cet âge, notamment pour les milieux. Un club l’approche finalement, lui fait une sorte de promesse, avant de se rétracter violement quatre mois plus tard. Un coup de massue. « Dans quel état on met le gamin à ce moment-là ? », interroge justement Thomas Berlette. Et de poursuivre : « Il a fallu faire un gros travail là-dessus, pour qu’il intègre que, de toute façon, le travail paye. Je lui ai dit : tu auras une chance. Et il faudra la saisir. Et, c’est ce qu’il s’est passé ensuite... »

La chance se nomme Paris FC. Alors que la cellule de recrutement francilienne a coché son nom, Mathieu Lacan, alors coach des U19 du club, va l’observer sur un match U17 contre Rennes à Montrouge. Il est marqué, tout de suite, par son activité, sa disponibilité et sa tendance à jouer vers l’avant, à se projeter. « Ce qui freinait les clubs, c’était le côté athlétique, se remémore Lacan. Donc, en 17 ans, peu de clubs étaient sur lui. Et nous on s’est positionné assez rapidement. En plus, la facilité, c’est que c’est un garçon qui habite à dix minutes du centre d’entraînement, il est à Choisy, donc à partir de là, ça a été plus facile. La proximité avec la famille, ça a beaucoup joué dans son équilibre et dans son choix. Ils ont accepté (son clan, NDLR), ils ont signé chez nous et il a intégré le groupe U19 avec moi. »

La folle ascension

De ses échecs, Diakité va faire une force. Il écoute, analyse et absorbe. S’il doit d’abord intégrer la charge de travail nouvelle liée au passage à une structure professionnelle, il s’étoffe peu à peu et prend confiance en lui… sur le plan physique. Ce qui rejaillit sur sa technique. Il commence à entrer en 19 ans Nationaux, à faire des matches, puis digère tout ça vitesse grand V et reprend directement en N3 la saison qui suit. Sous convention amateur (de 2 ans) il signe alors un contrat stagiaire professionnelle. Et quand Diakité franchit un pallier, il ne redescend pas. Son histoire lui a appris à saisir sa chance et à confirmer.

« Quand il redescendait en U19, il était vraiment au-dessus. Puis il a fait deux matches en N3 et pareil il a volé, il est au-dessus… », raconte Lacan. C’est dans ce contexte que René Girard, entraîneur de l’équipe première à cette période-là, a besoin d’un joueur et se renseigne auprès de sa réserve. Lacan a une suggestion : « Nous on lui dit : ce gamin-là, c’est un joueur à fort potentiel, il a quelque chose. Il va donc avec les professionnels, mais à aucun moment on se dit qu’il ne va pas revenir (rires) ! …Parce qu’il n’est jamais revenu ! » Dès le premier entraînement, Check Oumar éclabousse de son talent l’opposition interne. La grande aventure commence. Il entre une première fois à la mi-temps face à Auxerre (0-3), le 21 novembre 2020, puis il est titularisé le 19 décembre face à Clermont, avant de signer professionnel le 24 décembre.

Actufoot • Diakite Dossou Icon Sport

Check Oumar Diakité tacle devant Joel Dossou en avril 2021. (Icon Sport).

Equilibre familial et psychologique

Une forme de revanche sur la vie, qui s’explique par un équilibre familial et psychologique, aussi : « On a été exigeant avec lui, on a beaucoup travaillé sur son développement athlétique, on l’a bien accompagné, mais tout ça c’est surtout grâce à lui parce que c’est quelqu’un qui travaille, qui est à l’écoute et qui, dans les moments clés, sait saisir sa chance. Il y a aussi l’équilibre familial. C’est fondamental. Il est avec sa maman qui est vraiment derrière lui et puis il est à un quart d’heure de chez lui. En termes d’équilibre familial c’est magnifique. Le soir il voyait ses frères et sœurs, il voyait sa mère, il venait à l’école chez nous… C’est aussi le schéma d’un gamin qui n’est pas entré trop tôt dans une structure. Chaque parcours est différent. Mais quand on fait la préformation, puis on entre en formation, parfois c’est long. Lui, quand il est arrivé en U18, il était frais. »

Aujourd’hui Check Oumar Diakité est titulaire dans le système de Thierry Laurey et constitue l’un des plus grands potentiels du club. Il est d’ailleurs récemment devenu international avec les U20. Avec sa gueule d’ange, son mental d’acier et ses pieds soyeux, Diakité détone. Et le Paris FC peut se féliciter d'avoir été le premier club professionnel à le voir.

Augustin Delaporte

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