Blois reste sur une série de cinq matches sans défaite et pointe à la 11e place de votre groupe de N2, comment juges-tu cette première moitié de saison ?

C'était une première moitié de saison très difficile, surtout les huit premiers matches. Nous avons commencé la saison avec une victoire, mais la suite s'est avérée plus difficile avec beaucoup de défaites et quelques matches nuls. Nous étions également en difficulté dans le jeu, c'était un début de saison très particulier. C'était d'autant plus difficile pour le coach qui vit sa première saison à Blois, il a dû faire des choix, le club lui a toujours maintenu sa confiance. Cependant, tout comme les joueurs, il s'est remis en question et est revenu sur un schéma plus classique. En début de saison, nous jouions en 3-5-2 ou 3-4-3 puis nous avons finalement terminé l'année 2022 en 4-4-2. Ainsi, nous avons sorti la tête de l'eau et nous avons fait un très bon match à Chambly malgré la défaite (2-0). Puis nous avons enchaîné sur cette série de cinq matches sans revers avec, certes, trois matches nuls. Oui, ce n'est pas ce qui rapporte le plus de points, mais au moins, nous ne perdons plus.

Vous aviez un peu de mal à enchainer puis il y a eu cette victoire 2-1 face au Racing Colombes 92, leader du groupe qui a lancé votre série. Ce match a-t-il remobilisé le groupe ?

Nous avons joué les leaders et cela a directement motivé tout le monde. Ce match était d'une importance capitale, si on le perdait, je pense qu'au sein du club, beaucoup de choses auraient été changées. Peut-être même que le coach aurait été en danger, mais nous l'avons toujours soutenu. Je n'ai pas envie de qualifier ce match de rencontre au couteau, je dirais plus que tout était réuni pour qu'on fasse un très grand match. On s'est tous mobilisé, nous nous sommes dit qu'on jouait le leader et qu'une victoire pourrait enfin lancer notre saison et cela a été le cas. Nous avons réalisé un match avec un état d'esprit irréprochable. Le Racing n’a perdu qu’un seul match et c’était contre nous, cela prouve que c’est une très grosse équipe. Cela fait plus de huit ans que je joue en N2 et j’ai rarement connu une poule aussi relevée que cette saison. Le Racing fait partie des meilleures équipes que j’ai pu affronter.

Tu es issu de la formation havraise qui est l’une des plus réputées de l’hexagone, nombre de grands joueurs y sont passés comme toi (Mahrez, Pogba, Ferland Mendy…). En as-tu côtoyé certains ?

J'ai côtoyé des joueurs comme Ferland Mendy et Brice Samba. Je suis de la génération 1996 donc j'ai aussi pu évoluer avec des joueurs comme Olivier Ntcham, Lys Mousset ou encore Nathanaël Julan qui est décédé depuis plus de deux ans maintenant. Il y avait aussi Pape Gueye de l'OM chez les plus jeunes. J'ai pu en effet côtoyer beaucoup de joueurs qui sont aujourd'hui professionnels, j'en ai d'ailleurs sans doute oublié.

Le HAC possède l'un des tout meilleurs centre de formation de France alors qu'il évolue en Ligue 2 depuis maintenant plusieurs années, comment l'expliques-tu ?

Je pense que c'est dû à la façon de faire du club qui est la même depuis des années. Le Havre possède l'un des centres de formation les plus mythiques de France. Je pense que depuis mon départ il y a eu du mouvement chez les coachs, mais lorsque j'évoluais avec les U17 Nationaux, mon éducateur Michael Lebaillif était déjà au club depuis vingt ans. C'est un club particulier à l'ambiance particulière, c'est sûrement là-bas que j'ai vécu les meilleurs moments de ma vie de footballeur, j'y ai mes plus beaux souvenirs. L'histoire aurait pu être encore plus belle si je ne m'étais pas fait deux fois les croisés.

Entre le Havre et Blois, tu es passé par le SO Romorantin, Bastia Borgo et Saint-Pryvé, dans lequel de ces clubs as-tu eu l’expérience la plus gratifiante ?

Je suis originaire de Romorantin et avant de signer au Havre, je jouais au SOR. Donc j'avais déjà vécu de belles choses là-bas avant même mes débuts en tant qu'adulte, notamment ma signature au Havre. Quand on est jeune, s'engager avec un club professionnel, c'est le summum. J'y suis donc retourné en senior après mes deux grosses blessures au Havre. Ils ont ouvert la porte à un ancien jeune de chez eux qui n'a disputé que deux ou trois matches en l'espace de trois ans et je trouve cela très beau. Lors de ce deuxième passage, j'ai vécu une aventure humaine exceptionnelle même s'il n'y a pas eu de résultat au bout. Ensuite, du côté de Bastia Borgo, j'ai sans doute vécu la plus belle chose depuis mes débuts en senior avec une montée en N1, le tout avec un superbe groupe composé de joueurs ayant presque tous joué au niveau professionnel.

Par la suite, je suis parti pour Saint-Pryvé, nous avons eu la chance d'affronter Monaco en seizième de finale de coupe de France, un très beau moment, mais un petit peu frustrant. Cette saison-là, j'avais pris part à l'ensemble des matches jusque-là, mais le coach ne m'a pas fait rentrer face à Monaco. J'ai cependant vécu sur la pelouse le tour précédent, nous avions éliminé Toulouse à la 96e minute, l'un de mes plus beaux moments d'autant que Toulouse était en Ligue 1 à l'époque. Du coup, j'ai au moins un souvenir par club qui m'est cher.

Depuis ton départ du Havre, c’est à Blois que tu as disputé le plus de minutes, penses-tu y avoir trouvé une certaine stabilité ?

Je pense effectivement avoir trouvé une certaine stabilité dans ma vie privée depuis quelques années, mais je suis surtout aujourd'hui un homme plus mature. Je trouve que ce sont deux choses qui se rejoignent. Je pense que ce qui fait la différence aujourd'hui, c'est cette maturité que j'ai acquise sur et en dehors du terrain, ainsi que l'équilibre que j'ai pu trouver à Blois.

Que peut-on souhaiter à toi et à Blois en deuxième partie de saison ?

Un souhait commun qui est le maintien en N2 et j'y crois fort. En tout cas, je me battrai à chaque match pour cela, j'espère que notre belle série ne s'arrêtera pas là car nous semblons avoir trouvé la recette et nous sommes dans le bon état d'esprit. À titre plus personnel, je suis quelqu'un d'ambitieux, je pense avoir aujourd'hui les qualités techniques et physiques pour jouer au niveau au-dessus, c'est ce qu'on peut me souhaiter, de jouer au-dessus dans quelques années. Le plus rapidement possible, car une carrière de footballeur passe vite !

Recueillis par Bilal Bey