5 octobre | 18h28
Nicolas Medjian : "Tout le monde se met minable et personne ne triche"
Le capitaine et milieu de terrain emblématique du RC Pays de Grasse, Nicolas Medjian, s'est entretenu au micro d'Actufoot pour évoquer le bon début de saison de son club, les objectifs et sa longévité au sein du onze de la rose. (Crédit photo : RC Pays de Grasse)
Nicolas, trois victoires et deux nuls en cinq matches, onze points et une deuxième place au classement pour le moment, c'est le début de saison idéal ?
Oui, c'est un début de saison idéal, peut-être qu'on n'attendait pas ces résultats-là aussi vite, maintenant c'est bien on a réussi à faire des gros matches à l'extérieur et grappiller des points dans des rencontres importantes à domicile. C'est de bon augure mais il ne faut pas s'arrêter là-dessus, il faut continuer à faire ce qu'on fait de bien et corriger ce qui peut être amélioré. Ce n'est pas parce qu'on a fait une bonne entame qu'on doit se reposer sur nos acquis donc à nous de poursuivre dans cette lignée.
Si on compare avec la saison dernière, vous aviez bien démarré aussi mais vous vous étiez un peu essoufflés en deuxième partie de saison. Que faut-il corriger pour garder plus de régularité ?
On peut même regarder plus loin, il n'y a pas eu que l'année dernière, ça fait deux ou trois saisons qu'on termine en haut du classement et qu'on joue le titre sans y parvenir. Ce qu'il faut changer c'est peut-être à notre niveau à nous, les joueurs, dans le money-time, en étant plus sereins dans nos têtes. Maintenant on sait ce que c'est de jouer une montée, même si pour autant cette saison on se concentre sur le maintien car il y aura cinq descentes, on verra plus tard si on peut de nouveau jouer quelque chose cette année. Il faut qu'on fasse encore plus attention au travail invisible, le repos, les étirements et tout ce qui est en-dehors du terrain pour pouvoir aborder les matches cruciaux avec le plus de jambes possible. C'est une chose qui nous a manqué ces dernières saisons, il faudra faire preuve de plus de concentration et de sérénité.
Vous êtes impressionnants défensivement, aucun but encaissé en match officiel depuis le début de la saison, quelle est la recette de votre solidité ?
La recette c'est que tout le monde se met minable et personne ne triche. Depuis aussi longtemps que je suis à Grasse, quand vous venez nous voir jouer notre identité ressort directement, il faut toujours tout donner. Les joueurs savent que quand ils arrivent dans ce club, s'ils ne donnent pas leur tripes sur le terrain, ils vont sortir du onze. Donc tout le monde se met au service du collectif, ça part de devant avec des attaquants qui cravachent et qui empêche les premiers ballons. Ensuite au milieu de terrain on court beaucoup et en défense on a des garçons qui sont très forts dans les duels, on travaille beaucoup physiquement et notre aspect défensif, il n'y a pas de secret. Amaury (Roperti) aussi est très bon en ce moment, il a pris la place de numéro un cette année et il nous fait un super boulot. On est la meilleure défense pour l'instant et ça vient du travail de tout le groupe.
Il y a eu beaucoup de mouvements cet été, surtout au niveau des départs, mais vous avez su trouver rapidement cette stabilité. Comment s'est passée la transition estivale ?
C'est vrai qu'après le départ de plusieurs de nos joueurs cadres on était un peu dans le flou nous les anciens et ceux qui sont restés. Maintenant, on a vu directement que les nouveaux joueurs avaient certes des noms un peu moins ronflants concernant ce championnat, mais ils ont su se mettre immédiatement au service de l'équipe. Ils ont compris qu'en N2 il fallait travailler, redoubler d'efforts et ils l'ont fait à merveille. Les jeunes qui se sont ancrés avec nous, on les a emmenés dans l'intensité quotidienne à l'entraînement et c'est ce qui fait notre bon début de saison. Tout le monde se bat pour son coéquipier et grâce à cette mentalité on a réussi à faire ces résultats.
Vous avez été rejoints dans votre championnat de N2 par l'AS Cannes, par laquelle tu es passé étant jeune, tu as hâte d'affronter ton ancien club le 11 novembre ?
J'y suis resté deux ans en centre de formation, un an avec la réserve et six mois avec les pros en National où ils ne m'ont pas gardé. Pour être franc, l'AS Cannes je n'en ai rien à faire, ça va être un bon derby et un bon match mais on parle de la rivalité entre nous sauf qu'à l'heure actuelle on a rien à leur envier, c'est un club qui doit être beaucoup plus haut. C'est bénéfique pour la région que ce club soit dans notre groupe, même au vu de leur budget. Nous avons hâte de les jouer, mais par rapport à eux on est le petit, je me vois comme petit parce que si on regarde leur palmarès, leur histoire et leurs infrastructures, on est clairement outsider. On nous parle beaucoup de cette équipe mais ça ne me fait ni chaud ni froid, ce sera un match comme un autre et je l'aborderai comme d'habitude, il y aura du monde dans les tribunes ce sera très bien. La pression sera de leur côté, nous avons tout à gagner en jouant contre eux.
Comme tu l'as dit c'est bien pour la région et surtout pour le département, cela montre encore une fois toutes les qualités du football des Alpes-Maritimes ?
Bien sûr, il y a un vrai vivier avec d'excellents jeunes, des personnes qui viennent et qui travaillent très bien donc c'est bénéfique pour tout le monde. Le football azuréen est tiré vers le haut, c'est une très bonne chose.
Ce week-end vous recevez Bourgoin-Jailleu, avez-vous pu vous renseigner sur l'adversaire et préparer ce match en conséquence ?
A l'heure actuelle, on n'a pas encore étudié l'adversaire en détail mais on connaît leurs qualités et leurs bonnes individualités. On ne va pas se fier au classement, il est anecdotique pour l'instant donc on va se préparer en craignant un minimum l'adversaire, on est chez nous et on va mettre en place notre jeu. Demain je pense qu'on va faire de la vidéo sur eux mais vous savez tous les matches en N2 sont difficiles.
Ils ont compris qu'en N2 il fallait travailler, redoubler d'efforts
Nicolas Medjian, sur les jeunes qui sont arrivés au sein du groupe National 2 du RC Pays de Grasse.
Finissons sur ta carrière, onze saisons à Grasse, comment tu peux nous expliquer une aussi belle longévité et régularité avec ce club ?
C'est un club qui est familial, je m'y sens très bien et il représente mes valeurs, celles que l'on véhicule sur le terrain. Je me retrouve parfaitement dans l'ADN, on sait ce qu'on perd mais on ne sait jamais ce qu'on gagne et j'ai eu la chance que Monsieur le Maire, Jérôme Viaud, me fasse rentrer à la mairie en tant que gardien du stade. J'ai eu cette confiance, un poste a été créé pour moi et j'ai la chance de pouvoir cumuler mon travail et mes entraînements le matin avec le club. J'ai grandi avec ce club en participant à toutes les montées depuis onze ans, au nombre de trois, et je me retrouve totalement dans le football qui est pratiqué ici à Grasse. Depuis trois ans je suis capitaine et je suis très heureux de faire partie de cette évolution qu'a connue le club.
Au cours de ta carrière, en tant que joueur important d'une belle équipe de National 2, as-tu eu des sollicitations pour jouer plus haut ou ailleurs qu'ici ?
J'en ai eu vaguement. J'ai toujours privilégié le travail, lorsque je n'ai pas pu signer pro à Cannes à 20 ans je suis allé à Grasse en demandant un travail. Je suis passé de mairie en mairie et j'ai été papa d'un petit garçon à 25 ans en étant séparé, au moment où je réalisais mes meilleures saisons. C'est là que les sollicitations sont arrivées mais j'ai préféré ne pas y donner suite pour pouvoir rester près de mon fils et le voir grandir. J'aurais pu partir, j'avais quelques touches sympathiques mais j'ai privilégié le travail et la proximité.
Dernière question, tu te vois jouer encore combien de temps ? Pourrais-tu envisager d'évoluer sous d'autres couleurs que Grasse pour finir ta carrière ?
Alors là, tant que les jambes suivent je continuerai. C'est mon corps qui va me dire stop dans un premier temps, je n'ai pas envie d'arrêter maintenant avec la forme et les statistiques que j'ai sur le terrain pour le regretter par la suite. J'aimerai jouer le plus longtemps et le plus haut possible à Grasse. J'ai un petit projet qui est dans ma tête depuis longtemps, j'aimerai finir avec une pige à l'EUGA Ardziv (N3), un club de quartier qui est composé uniquement d'Arméniens. L'étant moi aussi d'origine, on a déjà certains contacts et j'aimerais bien faire une saison avant de raccrocher définitivement les crampons, ça me tient à coeur et on pourra alors dire que la boucle est bouclée.
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