De son premier contrat pro au LOSC, en passant par les équipes de France de
jeunes et une victoire à l'Euro 2000 des moins de 18 ans avec Djibril Cissé
et Philippe Mexès en point d'orgue, Mathieu Maton (O.Marcquois) se livre
sans détour sur son passé d'ancien joueur, et sur une carrière aux couleurs
"bleu, blanc, rouge".Dans un des vestiaires du stade Georges-Niquet de Marcq-en-Barœul (Nord),
Mathieu Maton tient fièrement ses maillots juste avant le début de
l’entretien. Dans une main, celui du LOSC, floqué de son nom accompagné du
numéro 26. Dans l’autre, celui du sacre à l’Euro 2000 avec l’Équipe de
France des moins de 18 ans.Plusieurs années après la fin de votre carrière, qu’est-ce que cela vous
procure de ressortir de tels maillots ?C’est quelque chose d’important, pour moi. Cela donne beaucoup de fierté,
déjà. Et cela permet évidemment de ne pas oublier le chemin qui a pu être
effectué, ainsi que la carrière que j’ai pu faire. Et puis, c’est surtout
très important pour mon père, qui a gardé beaucoup de maillots.Justement, vous parlez de votre carrière. Comment passe-t-on de
Marcq-en-Barœul à la signature d’un contrat pro au LOSC ?De Linselles, plus précisément, d’où je suis originaire ! À l’époque,
j’étais en débutant, et sur un tournoi en salle, Freddy Depriester qui
était éducateur et qui recrutait aussi pour le LOSC m’a proposé d’aller
faire un test parce que mon profil les intéressait. J’ai été faire les
essais, et finalement je suis resté 13 ans là-bas. Je suis donc arrivé, à
l’époque, en pupilles, puis j’ai enchaîné avec les moins de 15 ans et les
moins de 17 ans Nationaux, jusqu’en CFA avant de signer mon premier contrat
pro. Malheureusement, les blessures, les prêts à Châteauroux (L2) et Cannes
(National) et les choix par rapport à mon plan de carrière ont fait que je
n’ai pas énormément joué sous les couleurs du LOSC.À 15 ans, vous remportez le championnat de France avec le LOSC, et là, la
sélection nationale vous ouvre ses portes…C’est exact… Nous sommes champions de France en battant le Stade Rennais
après avoir passé les play-offs. Derrière, on enchaîne l’année suivante avec une demi-finale de Coupe
Gambardella, que l’on perd contre l’AJ Auxerre de Djibril Cissé et de
Philippe Mexès. À ce moment-là, mes sélections ont commencé à partir des
moins de 16 ans, et puis j’ai enchainé avec les moins de 18 ans avec
l’Euro, et enfin avec les moins de 20 ans avec la Coupe du Monde en
Argentine.Mathieu Maton et Benoît Cheyrou en Équipe de France.Djibril Cissé et Philippe Mexès, qui vous éliminent en Gambardella, mais
avec qui de belles choses vous attendent, ensuite, sous le maillot bleu…Tout à fait, j’ai eu la chance de faire partie de ce groupe. On s’était
qualifié pour l’Euro 2000 en Irlande du Nord, en gagnant deux buts à zéro.
C’était ma première titularisation et j’y ai marqué un but et donné une
passe décisive. Pour moi, ce match-là, c’est un très bon souvenir, parce
que j’étais associé à Djibril Cissé en attaque. Et la belle histoire, c’est
que je lui mets la passe décisive pour le 1-0, et derrière, c’est lui qui
me donne le ballon décisif sur lequel je suis allé marquer. Aujourd’hui, en
y repensant, je pense que c’est à ce moment-là que j’ai gagné ma place dans
la sélection. »« Une grande partie du groupe a été contaminée, et moi, je suis celui qui a
été touché le plus durement. J’ai été hospitalisé pendant 4 ou 5
jours »Mathieu MatonQuelques jours avant l’Euro 2000, le groupe est victime d’une intoxication
alimentaire qui vous envoie à l’hôpital et vous empêche de disputer la
totalité des matches d’un Euro que vous gagnez à la fin…On était à Tignes, en stage, juste avant l’Euro. Je ne sais pas ce qu’on
avait pu manger, peut-être un poisson, ou quelque chose d’autre. Mais une
grande partie du groupe a été contaminée, et moi, je suis celui qui a été
touché le plus durement. J’ai été hospitalisé pendant 4 ou 5 jours, et j’ai
rejoint le groupe pour les phases finales de la compétition, juste après le
dernier match de poules. Ça m’a freiné car je n’étais pas à 100%, même si
je me sentais bien. Je pensais même qu’il y allait avoir un changement dans
le groupe et que j’allais être remplacé. Mais le sélectionneur a attendu
que je revienne. Au final, je n’ai aucun regret, car si on m’avait dit « tu
ne joues pas et tu remportes le titre », ou « tu joues un petit peu, mais
tu perds en finale », mon choix aurait été vite fait !L’Équipe de France des moins de 18 ans après leur victoire à l’Euro 2000.Qu’est-ce qui fait la différence pour aller au bout d’une compétition comme
l’Euro ?Je pense qu’on avait une grosse génération. Avec des joueurs de qualités et
matures, puisqu’à cette époque-là, certains mecs jouaient déjà en pro.
Alors forcément, quand tu as des joueurs qui ont l’habitude de s’entraîner
avec des professionnels et qui ont déjà cette expérience, c’est un gain.
Derrière, bon nombre ont fait de belles carrières de par leurs qualités et
leur talent, comme Djibril Cissé, Sébastien Roudet, Benoît Cheyrou, Bernard
Mendy, Gaël Givet ou Philippe Mexès.« Sur cette Coupe du Monde, les générations étaient assez exceptionnelles.
Le Brésil avait Adriano et Kaká, l’Argentine avait Romagnoli, D’Alessandro,
Coloccini et Saviola, et le Ghana avait Michael Essien »Mathieu MatonUn an après votre sacre à l’Euro, vous êtes en Argentine pour la Coupe du
Monde des moins de 20 ans, face à des joueurs qui, par la suite, se feront
un nom au sein du football mondial…C’était en 2001, effectivement. J’ai eu la chance de faire partie de
l’aventure, où l’on s’est arrêté en quarts de finale contre le pays
organisateur, l’Argentine. Sur ce match, on s’incline trois buts à un avec
un triplé de Javier Saviola, qui a ensuite joué au FC Barcelone, au Real
Madrid, au Benfica ou encore à Monaco. Sur cette Coupe du Monde, les
générations étaient assez exceptionnelles. Le Brésil avait Adriano et Kaká,
l’Argentine avait Romagnoli, D’Alessandro, Coloccini et Saviola, et le
Ghana avait Michael Essien.Philippe Mexès et Mathieu Maton.Sur cette période allant de la fin des années 90 au début des années 2000,
le football français semblait être ce qui se faisait de mieux dans le monde…Il faut savoir qu’au-delà des « A », on raflait tout aussi en jeunes. Il y
avait vraiment beaucoup de qualités et le groupe France gagnait beaucoup de
choses à l’époque. Forcément, quand t’as 20 ans, que tu as fait une Coupe
du Monde, un Euro et que tu es en Équipe de France, tu as le désir d’aller
plus haut. Mais il faut beaucoup de travail, et ce n’est pas donné à tout
le monde.Le 31 mai prochain, l’Équipe de France Espoirs entamera les phases finales
de l’Euro, 21 ans après votre victoire. Selon vous, quelles sont les
chances des Bleuets dans la compétition ?Personnellement, j’aime beaucoup des joueurs comme Amine Gouiri et Aurélien
Tchouaméni que je trouve très intéressants. Mais bien évidemment, je suis
Français et j’ai porté le maillot de l’Équipe de France donc j’espère que
les Bleuets iront au bout. Cela ne sera pas simple car ils joueront une
belle équipe des Pays-Bas dès les quarts de finale, mais je leur souhaite
bien-sûr d’aller au bout.Propos recueillis par Lucas Obin