Michel Estevan, entraîneur iconique de la région et plus particulièrement des Bouches-du-Rhône, ne devrait donc plus exercer la fonction d'entraîneur. Lui qui avait fait monter Arles-Avignon jusqu'en Ligue 1 était actuellement en poste à l'AC Arles depuis la saison dernière, une aventure qui prendra donc fin après cette dernière journée de championnat. Une saison qui avait bien débuté mais qui finit difficilement pour le technicien. "L'équipe tournait vraiment bien en début de saison et puis il est arrivé le moment où j'ai perdu des joueurs. Latyr N'diaye, notre meilleur buteur, que j'avais fait venir du Sénégal est parti suite à une proposition plus intéressante. Fallou N'diaye, défenseur, est parti lui et on a été beaucoup moins bien." Malgré quelques renforts à la trêve, ces départs n'ont pas été compensés. "Les joueurs que j'ai pu prendre lors du mercato hivernal, se sont avérés ne pas être de bons choix. Il a fallu essayer de retaper l'équipe, les faire adhérer au groupe, ces joueurs ont des qualités mais la mauvaise intégration et les blessures ont fait que c'était une erreur. Mame Gueye, mon autre attaquant, a eu des soucis personnels, des blessures, une longue suspension et au final ne nous a pas apporté tout ce qu'il aurait dû."

Un enchainement de circonstances

Si Michel Estevan a dit stop, c'est à cause des conditions dans lesquelles il effectuait son travail d'entraîneur. Arrivant sur ses 62 ans, plusieurs circonstances lui donnent envie de s'éloigner des bancs de touches. "J'étais venu pour donner un coup de main, faire bénéficier de mon expérience aux joueurs. J'ai voulu repartir cette saison, avec une équipe compétitive, beaucoup d'ambitions et tout s'est un peu écroulé. En premier lieu, le rapport avec les arbitres, qui venaient constamment se mettre en opposition avec moi, peut-être de par mon nom, jusqu'à m'empêcher de diriger mon équipe. Il faut les protéger, ils sont courageux je suis d'accord, mais l'arbitrage est catastrophique à ce niveau, le travail de la semaine, du mois, voire de l'année est parfois gâché par des décisions tout à fait incohérentes. J'ai eu cette impression que mon image causait du tord à l'équipe." Les conditions de jeu ont également pesé dans la balance pour l'entraîneur arlésien. "Les terrains c'est un souci, le notre par exemple il est un peu embêtant à cause de la piste, il faut aller chercher le ballon tout le temps. Mais sur d'autres stades, je suis surpris, ils ne sont pas aux normes mais ils sont homologués, c'est trop champêtre pour moi. Je ne me prends pas pour un autre, mais je ne supporte plus cela à mon âge, et ça rentre aussi en jeu. Les joueurs n'assimilent plus les consignes, c'est frustrant pour nous. L'état d'esprit ce n'est plus comme avant, maintenant ce n'est que des individualités, je ne m'y retrouve plus."

Michel Estevan raccroche... sauf projet exceptionnel

En effet, l'ancien entraîneur professionnel ne se voit plus officier sur un banc et préfère mettre un terme à tout cela. "J'ai dit j'arrête, je finis la saison mais trouvez quelqu'un d'autre, je serais tranquille à la maison et je pourrais jouer à la pétanque. J'ai donné pendant deux saisons, j'ai essayé d'encadrer, de former, de faire profiter de mon expérience pour que mes joueurs puissent aller voir dans de plus hauts niveaux, mais rien de tout ça, alors j'ai dit stop. Il y a assez longtemps que je suis dans le football, je trouve ça dommage, un club comme Arles mérite de jouer plus haut, mais c'est compliqué." Michel Estevan n'a plus l'envie ni la motivation pour exercer à ce poste et il faudrait vraiment quelque chose d'énorme pour le faire changer d'avis. "Entraîner le soir, en plein mistral, sans éclairage et avec un terrain plein de motte, ce n'est plus pour moi. Si Paris m'appelle, peut-être, mais Galtier est parti pour rester...(rires). Trop compliqué pour moi, avec mon âge je n'ai plus envie d'avoir les soucis du football, encore je serai en Ligue 2 ou en National je veux bien, mais là ce n'est plus possible. La retraite approche, je vais me concentrer sur mon projet d'organisme de formation pour faire passer les diplômes dans le sport et dans l'apprentissage en particulier."