A 29 ans, Kapokyeng Sylva semble être dans la force de l’âge. En pleine confiance, il prouve cette saison sur les terrains de la Poule A du championnat de N2 pourquoi il est un nom qui revient souvent dans les conversations aux quatre coins de l’Ile-de-France depuis quelques années. Commencé avec Poissy (5 buts en 14 rencontres, NDLR), il rejoint au mercato d’hiver les rangs du voisin Versaillais (4 matches disputés pour 1 but inscrit) afin de finir la saison. Un transfert qui n’avait d’ailleurs pas manqué de faire réagir les différents protagonistes, pas forcément d’accord sur les manières utilisées par le club de Versailles pour le faire venir de Poissy.

Mais pour le joueur, peu importe ces évènements hors du rectangle vert, ce qui l’intéresse avant tout, c’est le ballon. Il aime ça, cela se voit, cela se ressent, et ça s’apprécie. Alors quelles sont les qualités premières d'un joueur qui a fait ses classes chez les jeunes en région parisienne, du côté des Mureaux, de l’ACBB ou encore de Poissy. Celui qui a été son entraîneur durant trois saisons entre 2016 et 2019 du côté de Sannois-Saint-Gratien (N2 puis N1, 59m, 6b, NDLR), Vincent Bordot nous les présente : « Kapo est un joueur de vitesse et percussion, il va extrêmement vite avec ou son ballon. De plus, il est capable d' éliminer facilement en un contre un. »

Des qualités pas sans rappeler celles de certains joueurs Sud-Américains, d’ailleurs l’intéressé lui même ne cache pas son admiration pour ce style de football : « Je suis un joueur imprévisible, rapide, que ce soit dans la course ou la technique, par le dribble, un peu à l’image de ceux que j’ai toujours admiré, comme Ronaldinho, qui m’a fait rêver en tant que supporter du PSG, ou maintenant Neymar. »

Le beau jeu c’est bien beau, mais l’efficacité c’est encore mieux. Et cela, l’ancien des Lusitanos de Saint-Maur, le sait pertinemment : « Je pense de surcroît qu’à n’importe quel âge, il faut progresser et personnellement j’aimerais le faire dans la finition. Avoir ce côté encore plus tueur, à la Thierry Henry, qui était vraiment un joueur que j’ai admiré pour cela. » Un progrès dans la finition qui trouve écho dans le discours de son ex-coach du côté de Poissy, Walid Aïchour : « Au vu de ses qualités, il se doit d’être beaucoup plus efficace. A chaque match, il doit marquer ou faire marquer. Il faut qu’il s’oblige à ça et c’est son principal axe de progression. »

Un axe de progression qui doit passer par une continuité dans les performances, comme le souligne Vincent Bordot : « Il lui manquait beaucoup de constance d’un match à l’autre, mais il était jeune et je pense qu’avec de la maturité et l'expérience, il peut le corriger », avant de relever également ce problème de finition : « Son gros soucis à l'époque était son efficacité dans le dernier geste, dans son choix de jeu. Il n’avait que peu de passes décisives ou de buts. » Un constat qu’approuve là encore Walid Aïchour : « Je pense qu’il a toutes les qualités requises d’un joueur offensif. Il lui manque un peu de régularité, encore cette saison on l’a vu très bon les deux premiers mois puis très moyens les mois suivants. »

Au sein d’une équipe de Versailles taillée pour monter, véritable ogre de son championnat, Kapokyeng Sylva va pouvoir démontrer qu’il a bien progressé dans cet aspect là, et qu’il a désormais franchi ce palier qui pourrait le faire aller encore plus haut. Alors bien entendu, cela va devoir passer par des stats encore plus importantes, même si cette notion de statistique n’est vraiment pas le principal pour le joueur : « Ce n’est pas quelque chose que je regarde forcément même si bien entendu, j’ai toujours envie d’être décisif, que cela soit par le but ou la passe décisive. Mais il faut savoir que tant que l’équipe gagne, moi ça me va, c’est vraiment cela le plus important. » Rien n’interdit en effet d’être constant dans le jeu et d’être décisif sur le terrain sans forcément être là dans le dernier geste.

Cette notion du collectif, on la ressent lorsque l’on entend parler le virevoltant ailier, mais aussi lorsque l’on le voit évoluer sur un terrain. Elle n’est pas feinte, mais vient bien directement du caractère du joueur et plus précisément de l’humain qui se cache derrière. « C’est le style de joueur que les entraîneurs et les partenaires aiment avoir, je ne connais pas une personne qui ne l’apprécie pas dans un groupe tellement il peut être drôle. On a même l’impression dès fois qu’il vient d’une autre planète », nous confie Vincent Bordot. L’ex coach du Red Star, rejoint sur ce sujet par un Walid Aïchour qui regrette beaucoup son ancien protégé : « C’est une bonne personne, un joueur très accessible, qui se fond dans un groupe très facilement, un vrai bon mec. »

Un bon mec qui pourrait bien être au centre de l’attention ce soir, un des personnages clé du scénario d’une demi-finale de Coupe de France qui ne demande qu’à être historique. Il n’y aura pas de Ronaldinho ou Neymar sur le coup de 21h à l’Allianz Riviera, mais un Kapokyeng Sylva, né à Meulan-en-Yvelines, un joueur qui fait du bien partout ou il passe et qui ne demande maintenant qu’à devenir le héros des supporters de Versailles. Enfin lui ou un autre … c’est vrai, l’important c’est le collectif pour Kapo. En tout cas, on peut vous dire une chose, c’est que vous n’allez pas mettre longtemps ce soir à découvrir qui il est sur le terrain.

Reynald Trunsard